La poussée fit reculer Tonks de quelques mètres. Elle releva son visage masqué en direction de la bête face à elle. Greyback leva sa baguette dans sa direction et lança un nouveau sort en sautant, comme s’il enfonçait une lame, ou un croc acéré, dans son corps. Elle roula rapidement sur le côté, puis amena à elle une chaise de table pour esquiver un autre sort perdu qui allait l’atteindre.

La Grande Salle était un chaos sans nom. Les quelques Mangemorts et loups-garous présents parvenaient tout de même à tenir tête à la Brigade et aux Professeurs qui refusaient de rejoindre Voldemort. Seul Hide se battait contre ses anciens collègues, affrontant le Professeur Miskova en duel. Rémus, rejoint par Sirius, tenait tête à deux jeunes loups enragés. Bientôt, ils furent pris à revers par les Serpentards qui venaient grossir les rangs de Voldemort. Ils durent se mettre dos à dos et tenter de repousser les assauts de toutes parts. Le ciel de la Grande Salle était terriblement orageux, les sortilèges lancés dans toutes les directions excitant la magie qui le maintenant, rendant l’enchantement instable. Sirius dévia un sortilège Impardonnable lancé maladroitement par un vert et argent peu convaincu et lui répondit pas un Expelliarmus brutal. Il écarquilla les yeux quand, au moment de toucher l’enfant, un énorme coup de tonnerre retentit. Une fine pluie commença à tomber du plafond, faisant tomber une à une les torches magiques.

« Rémus ! Le ciel nous tombe sur la tête !! hurla-t-il.

— Tant pis ! cria en retour son ami. Ça puera le chien mouillé ! ATTENTION ! »

Il para pour Sirius un autre assaut, mais, baissant sa garde, un loup lui sauta au visage et s’apprêta à le mordre de ses dents bien humaines. Rémus gronda et un sort bleu l’atteignit, le faisant se relever et crier. Le loup se mit à se gratter dans tous les sens, comme s’il était infesté de vermine. Rémus tourna la tête en direction du lanceur de sort et croisa le regard déterminé de Ginny. En robes rouges, jaunes, bleues et vertes, les élèves étaient venus défendre leur école.

***

Voldemort leva lentement les yeux en direction de Lucius qui regardait le cadavre d’Horace, impassible.

« Je suis très surpris que tu sois resté, Lucius… Serais-tu là pour me supplier d’épargner ton fils ? »

Le blond déglutit lentement, se rendant compte qu’il n’avait pu cacher ses émotions au Seigneur des Ténèbres. Abernathy ricana :

« Quel faible ! Si fier d’ordinaire et le voilà à ramper, comme tous les autres… Et pour quoi ? Pour un chiard qui n’a même pas eu l’intelligence et le courage de rejoindre nos rangs !

— Allons, allons, calma Voldemort en souriant méchamment. Ne te moque pas, Joseph. Il semblerait seulement que notre ami ici présent soit victime du même mal qui les touche tous… l’amour. L’amour… la prétendue puissance absolue de Dumbledore. Et regarde, Lucius. Regarde combien sont morts au nom de l’amour. Ta chère épouse, morte pour sauver votre fils. Et toi… ? Bientôt mort pour sauver également cet imbécile inutile. A-t-il lui-même quelqu’un à protéger ? Je serai ravi de le voir, lui aussi, se sacrifier.

— Vous… Vous ne m’enlèverez plus personne, bredouilla Lucius en tentant de relever le menton.

— Non ? Non, sans doute pas. Sans doute vais-je juste te tuer et tuer ensuite ton fils. Puis j’effacerai le nom des Malefoy des mémoires et toute ta lignée s’éteindra.

— Ouais ! Ta lignée de petits bourgeois Sang-Purs n’existera plus ! renchérit Abernathy avec un plaisir indicible.

— Tout comme celle des Serpentard n’existera bientôt plus, répliqua Voldemort avec une diction anormalement rapide. »

Abernathy et Malefoy le fixèrent d’un air incrédule, avant que le Mage Noir lui-même ne croasse de surprise et s’exclame :

« Je t’interdis de faire ça !!! »

Il se retourna et sembla scruter partout autour de lui, les deux Mangemorts incapables de comprendre ce qu’il se passait. Lucius coula un regard paniqué en direction de la porte encore entrouverte et hésita un bref moment. Voldemort haussa les épaules et ricana :

« Faire quoi ? rit-il. J’y prends beaucoup de plaisir ! » « Silence ! Sors de ma tête ! » Se reprit-il, alternant entre les postures au plus grand effarement de son public. « C’est toi qui es entré le premier. C’est toi qui as voulu ça, Tom. C’est de ta faute… » Voldemort tourna une nouvelle fois sur lui-même, comme jouant un dialogue à lui seul.  « JE TE DÉTRUIRAI ! JE VAIS T’ABSORBER. PRENDRE TON CORPS ET RENAÎTRE COMME JE L’AI TOUJOURS FAIT !

— M-Maître… ? demanda Abernathy, craintif.

— Viens me chercher » Répondit encore une fois Voldemort avec ce sourire qui ne lui ressemblait pas.

Et sans un seul mot, alors même que les deux autres sorciers l’observaient, interdits, Voldemort s’élança directement dans les couloirs, laissant pourtant sain et sauf le disciple qu’il était venu châtier. Lucius jeta un bref coup d’œil en biais à Abernathy qui semblait encore sous le choc de l’attitude de leur Maître. Le blond tira lentement sa baguette et se tourna vers lui, articulant distinctement :

« Alors… ? Ma lignée de petits bourgeois va s’éteindre ? »

***

Le serpent siffla rageusement dans sa direction et Severus inspira profondément. Il avait toujours viscéralement haï cette créature qu’il trouvait anormalement intelligente et puissante. Savoir à présent ce qu’elle était fit monter d’un cran encore son angoisse. Il recula prudemment, descendant les marches avec lenteur, une main derrière lui pour pousser Jane à en faire de même. Un bref moment, il eut envie de la maudire d’être présente, le simple fait d’être obligé de penser à sa sécurité la rendait dangereuse pour lui. La langue de Nagini goûta l’air dans une autre direction que la sienne, et Severus comprit à l’expression du reptile qu’il avait perçu l’odeur de Jane.

Face à eux, Thorfinn et Travers descendaient les marches avec la même lenteur, bien décidés à honorer l’ordre du Maître. Thorfinn plissa des yeux et sourit méchamment :

« Le tranchant de tes paroles est terriblement émoussé par ta peur, Snape. Tu recules devant cette bête, ou bien est-ce devant nous ? »

La trogne de Travers se tordit de plaisir et il leva sa baguette, ajoutant de son timbre rocailleux :

« Nous allons enfin savoir si l’espion du Maître méritait tant son indulgence.

— Bellatrix a eu la même prétention. » Répondit Severus prudemment, continuant de les faire descendre, le serpent avec. Il les amena jusque dans un couloir adjacent. Un couloir faiblement éclairé et bordé d’armures dont les casques étaient tournés vers la scène.

« Et nous avons tranché la question. » Ajouta-t-il d’un air entendu.

Thorfinn cracha, ses yeux bleus de dieu nordique lançant de terribles éclairs :

« Votre créature s’en est mêlée ! Celle chez qui tu t’es réfugié comme le lâche que tu es dit-on !

— Le repaire du serpent, le trou vers lequel il rampe au moindre danger. » Ajouta Travers.

À ces mots, Nagini siffla une nouvelle fois de rage en direction de Jane, toujours dissimulée sous la cape. La jeune femme retint son souffle, reculant une nouvelle fois, jusqu’à avoir le dos collé à un mur, la main serrée sur le sac sans fond.

« Mais pour faire sortir le serpent de son trou, il suffit de le détruire, reprit Thorfinn lentement. Hominum Revelio. »

 

***

« Non… tu n’as pas pu… » Hermione bredouilla, incapable de se résoudre à comprendre ce mystère-là.

Draco secoua la tête et cracha, venimeux :

« Alors c’est ça le meilleur ami de Harry Potter ?! Un traître ?! »

Ron esquissa un sourire pervers et leva sa baguette dans leur direction.

« Cette fois-ci, Malefoy, dit-il. Je ne cracherai aucune limace. »

Ron lança un sort rouge vif dans sa direction et Draco roula à terre pour l’éviter. Le grand arbre craqua sombrement, une plaie béante le scindant en deux alors que son écorce pourrissait à vue d’œil. Hermione hurla de colère et de terreur :

« RON ! REPRENDS-TOI ! REGARDE CE QUE TU ES EN TRAIN DE FAIRE !!

— WEASLEY EST NOTRE ROI ! chantèrent les autres Serpentards en se lançant dans la bataille.

— DISPERSEZ-VOUS ! ON NE VA JAMAIS POUVOIR LES AFFRONTER ICI » Ordonna Neville.

Les jardins étaient un lieu trop exigu. Neville, Luna, Draco, Hermione et Zabini tenaient en respect Ron et une poignée de Serpentards qui n’avaient pas encore franchi le péristyle. Il n’y avait que deux sorties possibles et leurs ennemis les tenaient. La seule solution était d’utiliser le décor à leur avantage. Luna bondit, immédiatement poursuivie par trois aux élèves verts et argent. Neville eut à peine le temps d’esquiver un sort grâce à une colonne que Nott continuait dans sa direction. Zabini jeta un regard à Draco, aux prises avec Ron et hésita un bref moment.

« TU L’AS ENTENDU ? hurla le blond. BARRE-TOI, JE ME CHARGE DE L’AUTRE PAUVRE !

— Draco, est-ce que tu…

— CE N’EST PAS LE MOMENT, BLAISE !

— C’est mignon, susurra Ron. Tu agis exactement comme lui : à penser que tes amis sont des faibles que tu dois protéger, que tu es le seul à pouvoir te battre… Enfin, si tu sais seulement ce qu’est un ami.

— Ron. » Essaya une nouvelle fois Hermione en se contentant de parer les attaques qu’elle recevait sans trop de difficulté. « Ça ne te ressemble pas, qu’est-ce qui t’est arrivé ?

— Voldemort lui est arrivé ! cria Neville en lançant un sort de ligotage à Nott. VOILÀ ! ajouta-t-il d’un air entendu à Draco. Voilà ce qu’ils font aux gens… Ils…

— Concentre-toi, Londubat. Laisse-moi régler ça !

— Non, Malefoy, tu ne vas pas…

— Hermione, coupa Ron. Laisse-le penser que ce lâche a une seule chance face à moi. Alors ? Toi qui fuyais ton premier duel. Toi qui as peur d’une petite ombre dans la forêt. Toi qui couines face à un Hypogriffe ? Alors, Malefoy ? Montre-moi un peu comment tu te bats, quand tu n’as plus ton papa ou tes gorilles pour te sauver…

— Je suis là, Weasley. Et il n’y aura pas Potter pour te protéger non plus…

— Malefoy, tais-toi, cria Hermione en fronçant les sourcils face à Ron. Quelque chose ne va pas, il… »

Elle ne put terminer sa phrase, une jeune Serpentard lui lança un maléfice qu’elle dût esquiver en quittant les jardins. Draco para une nouvelle attaque de son côté et observa Ron méchamment :

« J’avais pourtant dit à Potter de mieux choisir ses amis… »

Ron beugla en retour, piqué au vif et ses yeux s’exorbitèrent brutalement alors qu’il bondit en direction de Malefoy, sa main argentée en avant comme pour se saisir de lui. Draco hoqueta de surprise et fit un pas en arrière, mais, déjà, la poigne de son vieil ennemi se referma sur son cou et ils basculèrent dans l’herbe. Draco se jeta sur le côté, essayant de rouler pour tenter de reprendre le dessus, mais la prise du roux était trop puissante. Il piqua la main de la pointe de sa baguette et ne vit que des lignes magiques courir le long du métal luisant. Suffocant, il trépignait des pieds et des jambes, cherchant à se libérer. Ron se pencha sur lui et l’obligea à le regarder droit dans les yeux. Draco les écarquilla soudain en voyant la prunelle voilée par la magie.

« Grrr-Grrr-Grrranger… ! » Tenta-t-il.

Les yeux de Ron lancèrent de terribles éclairs à cette simple évocation et il éructa, alors :

« Je t’interdis ! Je t’interdis de me la prendre ! Elle est mienne, il me l’a promise ! »

***

Abernathy avait immédiatement sauté de l’autre côté du bureau de Slughorn, utilisant le cadavre du pauvre homme comme d’un bouclier lorsque Lucius avait lancé l’Impardonnable. Il répliqua immédiatement par le sortilège de Doloris qu’il s’était employé à maîtriser ces derniers jours. Lucius plongea en direction d’une bibliothèque pour esquiver et le sort toucha les innombrables bibelots qu’avait entassés Dumbledore. Certains se mirent à siffler et à faire de la fumée et d’autres explosèrent bruyamment, plongeant la pièce dans une sorte de pénombre magique. Il se releva, profitant de se chaos pour lancer un sortilège en direction d’Abernathy. Mais le rire satisfait du Mangemort lui parvint à l’oreille. Contre lui, il sentit la pointe de la baguette de Joseph s’enfoncer dans ses côtes et une cuisante douleur le força à tomber à genoux. Joseph agrippa ses cheveux blonds dans sa main et releva son visage vers lui, baissant sa baguette dans sa direction.

« Je vais commencer par te dépouiller de ta vanité. » Murmura-t-il avec un sourire sadique.

Lucius sentit la magie d’Abernathy lui brûler lentement les yeux. Le Mangemort avançait inexorablement sa baguette en direction de sa rétine et le blond voyait la pointe scintiller. Il se débattit brutalement, la douleur du sortilège qui lui lacérait le dos lui faisant comprendre qu’il était enchaîné par des liens magiques très puissants.

« Te voilà à genoux devant un gueux, l’aristo. Te voilà aveuglé de mon pouvoir ! »

La pointe de la baguette effleura la rétine et une douleur sans nom lui vrilla le crâne. Lucius eut l’impression que sa tête s’enflammait et que ses deux yeux fondaient sous le sortilège. De grosses larmes se mirent à couler, tentant de noyer ce terrible incendie. Son œil valide peinait à lui montrer la face extatique d’Abernathy, occupé à satisfaire ses désirs longuement refoulés. Il allait mourir lui aussi. Il allait mourir, et tout ça n’aurait alors servi à rien. Lucius sentit la baguette s’enfoncer lentement, son œil se liquéfier comme une bougie, une douleur absolument atroce lui donna le tournis, et il se perdit un bref instant dans la béate contemplation d’une image qui s’imposa à lui. Celle de sa femme, resplendissante, vêtue de sa plus belle tenue et le félicitant. Était-ce quand il était devenu Ministre ? Était-ce à leur mariage ? Cette image n’aurait-elle pas dû être celle de sa victoire éclatante en tant que Ministre de la Magie ? Elle remua des lèvres. Que disait-elle ?

« Tu ne sais rien du pouvoir. » S’entendit-il répondre de façon inaudible.

Abernathy sourit de plus belle.

« Que dis-tu ? Tes cris couvrent tes suppliques. »

Lucius sentit son ventre se contracter, sa gorge le brûler et l’image de Narcissa s’effaça soudain, l’obligeant à revenir dans la réalité. Celle où ses cordes vocales vibraient furieusement pour expier la douleur. Avait-il seulement pu répondre quelque chose ? La sensation froide et douce d’une main se referma sur la sienne, et Lucius serra fort sa baguette qui ne trembla soudain plus.

« Tu. Ne. Sais. Rien. Du. Pouvoir. » Répéta-t-il d’une voix brisée.

Il retourna sa baguette sur son ennemi, elle brilla un bref moment d’une lueur écarlate intense, puis s’enfonça brutalement dans le corps de Joseph qui écarquilla les yeux. Il brisa le sortilège, libérant enfin Lucius qui se redressa difficilement. Joseph observa, choqué, l’instrument fiché dans sa poitrine. Le blond étendit le bras et écarta lentement les doigts dans sa direction, la baguette progressa d’autant plus, transperçant la chair, les muscles et les os comme une lame chauffée à blanc.

« Tu n’as fait qu’effleurer ce sortilège. » Siffla-t-il difficilement.

Comme pour lui donner raison, Abernathy se mit à hurler alors qu’il prenait conscience de ce qui était en train de se passer. Une incroyable brûlure magique s’empara de lui, prenant sa source dans la baguette qui déversait son poison avec vigueur. Sa propre magie se mit à frémir, comme bouillonnant sous le feu mortel. Lucius s’approcha lentement, fixant avec mépris le Mangemort de son œil valide.

« Tu es de basse extraction, rappela Lucius d’un ton glacial. Et ton pouvoir s’en ressent. »

Joseph éructa, voulu lever sa baguette, mais le sortilège l’en empêcha, le moindre appel à sa propre magie sembla aggraver le phénomène. Ses veines s’enflammèrent, ses muscles se tendirent horriblement et sa tête, par Morgane ! Il avait l’impression d’entendre les sortilèges se bousculer aux portes de son crâne, la magie supplier d’être libérée.

« Je… je ne me courberai jamais plus devant quelqu’un… de ton espèce. » Cracha-t-il, se mordant pratiquement la langue de douleur.

Lucius retourna sa main, paume vers le haut, tirant un terrible haut-le-cœur à Abernathy dont les yeux étaient à présent révulsés. Il inspira lentement, la fatigue du sort le prenant :

« Si, tu le feras. Une dernière fois. »

Il referma brutalement la main et le corps d’Abernathy s’arcbouta, la colonne vertébrale craquant terriblement alors qu’il la pliait sur elle-même. Le Mangemort poussa un terrible hurlement d’agonie, la baguette le transperça de part en part, et son corps retomba, atrocement recourbé.

***

Voldemort glissait le long des marches, humant l’air et cherchant de son esprit la présence de Potter. Aveugle à ce qu’il l’entourait, le mage se laissait guider par la magie, cherchant sa proie au plus profond de son âme. Il l’attendait, quelque part. Il était dans l’école, il en était certain. Où était-il ? Un bref instant, il le sentit à l’étage qui renfermait la salle sur demande et il paniqua. Le rire d’un enfant lui parvint et il entendit résonner dans son esprit un « Oui. » Il éructa de rage. Combien lui en restait-il ?!

***

Le sort atteignit le jeune loup en pleine poitrine et toute la fougue d’une nouvelle morsure ne put l’aider à s’en remettre. Rémus hocha la tête gravement, tandis que de grandes zébrures argentées s’enfonçaient à présent dans la chair du malheureux, le loup hurla de panique et se mit à convulser, le poison de l’argent se répandant dans son corps. Sirius écarquilla les yeux :

« Comment tu connais ça ?!

— Je sais comment tuer quelqu’un de ma race, mon ami, répondit gravement Lupin. »

Black voulu répondre quelque chose, mais il fut stoppé net par l’assaut d’un autre Mangemort. Il se détourna de Lupin qui chercha instinctivement du regard sa femme. Tonks venait d’abattre un autre assaillant, et Greyback la chargeait à présent frontalement. Sa puissante carrure s’arqua pour bondir en avant. Lupin gronda et en fit de même. Mais lorsque son bourreau atteignit son épouse, il fut arrêté par le corps projeté d’un brigadier qui venait d’essuyer un cuisant revers. Le corps mort retomba lourdement sur lui et le fit basculer en arrière. Légèrement sonné, Rémus cligna de nombreuses fois les yeux, le bras du brigadier lui barrant à moitié la vue. Par-dessus l’étoffe, il vit des traits verts et argentés fondre sur le lycanthrope. Sa femme connaissait elle aussi ce sortilège et n’hésitait pas à s’en servir. Rémus repoussa le bras qui se rigidifiait et il vit Greyback bondir de côté sur une chaise pour s’agripper à une tenture comme un animal, avant de reprendre appui sur le mur et de fondre sur Tonks qui écarquilla les yeux de surprise. Elle n’avait jamais combattu de loups-garous, n’avait jamais vraiment compris à quel danger elle s’exposait avec Lupin. Rémus cria son nom, tandis qu’elle leva le bras pour se protéger. Elle cria de douleur à son tour, et sa manche déchirée révéla une lacération profonde. Greyback jappa plus qu’il ne rit, se redressant lentement.

« Le vieux guerrier ne t’avait pas tout enseigné… Je l’ai réduit en pièces, j’en ferai de même avec toi, délicieuse sorcière !

— Ne me sous-estime pas ! » Cria-t-elle en retour en se relevant.

Tonks tourna sur elle-même, sa baguette dressée vers le ciel magique, décrivant une série d’arabesques complexes. Momentanément intrigué, Greyback leva les yeux en l’air, grimaçant en cherchant à humer. Ses poils se dressaient sur sa nuque et ses avant-bras, sa magie sorcière comme son instinct animal frémirent, d’épais nuages apparurent et se rassemblèrent dans tonnerre violent. De gigantesques éclairs zébrèrent le plafond de Poudlard, les voûtes tremblèrent derrière l’enchantement et de la poussière tomba lentement, alors qu’un vent furieux se levait. Les nuages s’enroulèrent sur eux-mêmes, prirent une sorte d’inspiration, avant de retomber en trombe, suivant le geste de la baguette de Tonks. Greyback écarquilla les yeux, incapable de comprendre ce qui allait se passer. Rémus ouvrit la bouche, impressionné, et la tornade avala le loup dans un vacarme et un éclair terribles. La vue aiguisée par la malédiction, Lupin distingua dans les volutes de nuages et les scintillements de l’orage le corps de celui qui lui avait volé sa vie, secoué d’électrochocs. Concentrée, Tonks tenait le sortilège d’une main, refermant les doigts comme pour enserrer sa proie entre sa paume et sa baguette. De la sueur perlait sur son front et elle sentait l’électricité faire chauffer à blanc son sang à mesure que sa magie s’enflammait. Elle poussa violemment, projetant la tornade au fond de la Grande Salle, et le corps de Greyback alla s’écraser contre le grand siège directorial, à un bon mètre d’elle. Le tonnerre gronda une nouvelle fois et les nuages se dissipèrent lentement, tandis qu’elle levait peu à peu le sort, s’autorisant à respirer. Tonks avança prudemment, les yeux rivés sur l’énorme dos du Mangemort qui gisait sur le flanc. Rémus sourit légèrement et tourna les yeux en direction de Sirius qui prenait lui aussi l’avantage sur son assaillant. Les Mangemorts étaient en sous-nombre, Voldemort avait péché par orgueil. Lucius Malefoy et Albus Dumbledore avaient créé la plus formidable armée que le monde sorcier avait connu depuis longtemps. Rémus cligna des yeux quand il sentit son cœur se contracter brutalement. Il se retourna d’un geste brusque, mû par un instinct impérieux et sauvage.

« TONKS ! » Hurla-t-il.

Elle se retourna, interloquée par son ton. Et Rémus blêmit, hurlant à nouveau son nom quand le dos du Mangemort s’anima, que la masse se souleva, et qu’elle perçut, bien trop tard, le danger. Elle pivota, levant sa baguette avec une lenteur qui paraissait insoutenable. La peau noircie par le feu de l’orage, le visage entièrement brûlé, Greyback l’observait de ses yeux rendus jaunes par la rage animale, il montra les crocs, grognant. Rémus hurla une nouvelle fois, courant à toutes jambes, trébuchant contre un cadavre, bondissant sur une table, se mettant à courir à quatre pattes. Le Mangemort darda son regard vers lui un bref instant, exactement comme il l’avait fait la nuit où il l’avait réveillé dans son lit. La nuit, juste avant de le mordre. Rémus accéléra, cette salle lui parut plus grande qu’elle ne l’avait jamais été et lorsqu’il bondit en avant, il entendit le hurlement atroce de Tonks. Il la vit se tordre de douleur alors que l’homme enfonçait profondément ses canines dans son cou, déchiquetant sa chair, arrachant d’une morsure humaine et pourtant précise, sa carotide. Un puissant flot de sang jaillit brusquement, baignant le visage satisfait du loup. Et pour la première fois de son existence, Rémus ne repoussa pas la créature qui déchira son âme pour sortir, réclamant vengeance.

***

Travers fixa Jane. La jeune femme, glissée sous la cape d’invisibilité comprit alors qu’elle avait été découverte. Elle jeta un bref coup d’œil à Severus dont le regard était devenu aussi noir que lors de cette fameuse nuit dans la forêt. Elle se maudit.

Thorfinn leva la baguette en voyant l’expression de l’ancien espion et Travers jeta immédiatement un sortilège. Un trait vert fusa dans la direction de Jane et elle vit Severus s’ébrouer au ralenti. Jane donna un grand coup dans l’armure à côté d’elle pour la projeter en avant et attrapa la main de Severus pour le tirer à elle. Il bascula en arrière, le serpent siffla de colère et Thorfinn jeta à son tour un nouveau sort. L’armure couina et retomba au sol, Snape se releva comme dans un film en image par image, donna un coup de baguette et tendit la main loin derrière pour obliger Jane à reculer. Cette dernière fouilla dans le sac, cherchant quelque chose pour les aider. Nagini se dressa sur sa queue et ouvrit grand la gueule avant de menacer, ou de donner des ordres que les Mangemorts semblèrent instinctivement comprendre. Thorfinn se jeta sur Snape et s’engagea alors un terrible combat entre eux deux. Jane fourra pêle-mêle la cape dans le sac, consciente que Travers la verrait quoi qu’il advienne, elle se redressa sur ses jambes et se mit à courir. Le Mangemort éclata de rire et s’élança à sa poursuite. Le cœur de la jeune femme s’emballa, à se voir errer dans un couloir, la mort aux trousses. Cette fois, et elle le comprit, Severus n’arriverait jamais à temps.

Travers était un bon combattant qui tenait tête à l’homme en noir tant bien que mal. Quand un sort de découpe atteignit Severus à l’épaule et l’obligeât à reprendre son souffle, il triompha :

« Alors c’est ça l’atout secret de notre Maître ? Ou bien t’es-tu considérablement affaibli au contact de cette engeance ? Peut-être que c’est Travers qui va avoir plus de difficultés, en fin de compte… ? Peut-être que sa vivacité d’animal traqué la sauvera ? Qui sait ? »

Il se mit à rire et s’avança lentement.

« Ah ah, toi tu sais… N’est-ce pas Severus ? Vous avez assez chassé ensemble lui et toi. Tu sais ce qu’il lui réserve. Tu sais combien de temps son esprit tiendra. Combien de temps avant que son corps ne repose au sol, mort-vivant et vidé de toute volonté. Tu sais ce qu’il fait à ces créatures… »

La main tenant son épaule ensanglantée, Snape gronda et releva la tête. Il planta un regard terrible dans celui de Thorfinn et le Mangemort ouvrit la bouche, anticipant instinctivement la suite.

« Oui. Je le sais. » Répondit Severus en se relevant.

Thorfinn lança le bras, un trait vert fusa dans la direction de Snape qui l’esquiva d’un simple geste.

« Tu l’as dit : nous avons chassé ensemble. »

Il lança un autre, et un autre. Snape s’approchait inexorablement de lui.

« Nous avons torturé ensemble. »

Thorfinn para mal et sa main vola en éclats, tailladée de toutes parts par un Sectumsempra lancé sur son membre directeur.

« Mais ce soir, je te tuerai seul.

— Il va la briser. Il va réduire son corps au monceau de chairs indignes qu’il est, il va la… »

Sa phrase fut avalée par un terrible gargouillis, alors que Snape lui trancha la gorge d’un geste de baguette sec. Le Mangemort tomba au sol et son bourreau se retourna, fondant dans la direction où se trouvait son amie. Il traversa les couloirs, le sang pulsant à ses oreilles, l’adrénaline brûlant ses veines. Cette fois, aucune lune ne pouvait excuser ce qu’il ressentait, le besoin impérieux de détruire ses ennemis. Il beugla de rage lorsqu’il trouva Travers, allongé au sol, les jambes de Jane autour de ses hanches. Il leva sa baguette pour l’annihiler à son tour, mais le Mangemort hurla soudain.

« AAAAH ! Espèce de salope ! »

Il roula, révélant une Jane aux yeux écarquillés, tenant fermement de sa main droite un petit tube de métal. Elle lâcha le spray et se retourna sur elle-même pour plonger la main dans le sac sans fond. Avant même qu’elle ne puisse tirer l’épée du sac, Travers fut transpercé par des lames invisibles et s’effondra au sol dans un flot de sang bouillonnant. Snape se tenait derrière lui, respirant difficilement, incapable pour l’heure de se maîtriser. Jane et Snape s’observèrent un instant dans un silence terrible. Elle avança la main en direction de l’homme en proie à une rage animale qu’elle savait encore prête à exploser. Elle attrapa le bas de sa robe et le tira à lui. Elle plongea son regard dans le sien, l’obligeant à prendre son esprit sur-le-champ à se raccrocher à une pensée humaine. Severus cilla face à son propre reflet. Le sifflement du serpent derrière eux les fit tressaillir, et le regard du Sorcier transmit alors de la peur, une peur que Jane pensait être seule à ressentir.

Nagini bondit, gueule grande ouverte, ses crocs aiguisés et luisants de poison en avant. Severus courba le dos pour protéger la jeune femme, mais la main de Jane le repoussa. Il trébucha brutalement, retombant à la renverse. Jane se redressa d’un bond, tirant d’un coup l’épée du sac. Severus cria. Comme un imbécile enamouré, il cria. Il vit un éclat rougeoyant dans ses mains, et Jane pivota sur elle-même au moment où les crocs se refermaient sur son visage. Severus écarquilla les yeux d’horreur, et le bruit mat de la chair s’effondrant sur le sol se répercuta dans le quasi-silence du couloir. Le corps du serpent continua sa course, décrivant un arc de cercle parfait avant de retomber comme une corde aux pieds de la jeune femme. La tête roula jusqu’à retomber contre le flanc du Sorcier.

***

Il fut stoppé net dans sa course. Sa magie disparaissant soudain comme si elle voulait retourner à l’intérieur de lui, le soutenir. Ses jambes cédèrent. Il gémit, hurla, siffla. Le château tourna autour de lui. Il tenta de se raccrocher à quelque chose. Ses longs doigts griffaient l’air, griffaient des morceaux d’âmes invisibles. Les ténèbres l’engloutissaient lentement. Pris de panique, il projeta son esprit au loin. Très loin. Loin de ce corps mourant qui le trahissait. Loin de cette faiblesse qu’il refusait. Il projeta son âme là où elle serait accueillie.

***

Hermione leva le bras, de grosses larmes dévalant ses joues.

« Arrête ! Arrête, tu ne peux pas continuer ! Tu ne peux pas l’avoir rejoint ! Pas après tout ce que tu as traversé et perdu ! RON ! Pense à Percy qui est mort pour te sauver !!

— Plus. Personne. Ne. Mourra. A. Cause. De. Sa. Guerre. martela-t-il en continuant d’étouffer Malefoy de sa main magique.

— Putain… Granger… !

— Si tu le tues, nous mourrons, je mourrai ! » Ajouta-t-elle d’un ton désespéré.

Son ami tourna la tête dans sa direction, et elle eut le temps de voir son expression. Cela lui déchira le cœur, jamais elle n’avait vu une telle haine et un tel dégoût sur son visage. Draco lui donna un grand coup de genou et roula sur lui-même, échappant à l’étreinte du roux.

« Tu ne peux pas raisonner quelqu’un sous Imperium, Granger ! cria-t-il.

— Je ne le laisserai pas là.

— Viens avec moi, proposa Ron en tendant sa main argentée dans sa direction. »

Hermione ouvrit la bouche et le bout de sa baguette frémit. Autour d’eux, les Serpentards s’étaient dispersés et se battaient Neville et Luna qui les forçaient à quitter les lieux.

« Viens avec moi, répéta Ron. Je te protègerai. Tu vivras et seras reconnue comme des nôtres. Sois mienne et jamais plus tu ne seras traitée de Sang-de-Bourbe. »

L’allusion sembla faire mouche. Hermione jeta un regard douloureux à Draco qui grimaça.

« Qu’est-ce que tu fous ? Granger ?! »

Hermione s’avança en direction de Ron, prit lentement la main et se blottit contre lui.

« Je suis désolée, murmura-t-elle.

— Granger, tu es… »

Mais les Serpentards lancèrent des sorts qui l’empêchèrent de continuer. Il entendit alors la voix d’Hermione murmurer un sort, et il ne comprit que lorsqu’il vit le corps de Ron tomber au sol, les membres raides. Elle pointa ensuite sa baguette en direction du plafond et les colonnes s’effondrèrent derrière eux.

« Je ne peux pas le laisser là ! » Se justifia-t-elle d’une voix qui ne souffrait aucune discussion.

« Ton affection pour lui va nous tuer !

— Tu n’as jamais donc aimé que tu n’aies rien ni personne à protéger ?! » Cracha-t-elle d’une voix stridente.

Draco regarda autour de lui, le mur contre lequel ils étaient, la fenêtre qui donnait sur le jardin et les gravats qui crissaient sous les sorts que lançaient les Serpentard. Il secoua la tête et ouvrit la fenêtre d’un bref coup de baguette.

« Par là ! ordonna-t-il.

— Quoi ?! Mais tu es cinglé !

— ACCIO HYPERION !

— C’est du suicide ! Aucun balai ne peut porter trois corps !

— Alors, débrouille-toi pour que la chute du sien ne soit pas mortelle… »

En moins d’une minute, l’Hypérion sauta dans la main du blond qui jeta un regard courroucé au Gryffondor.

« Mais nous risquons…

— Ou tu me fais confiance, ou tu tentes seule ta chance avec lui. » Lui cria-t-il en lui tendant la main.

Hermione attrapa la main et bondit, levant péniblement sa baguette pour extirper le corps de Ron derrière eux. Tandis qu’il flottait à quelques centimètres du balai, les gravats cédèrent sous les assauts et le balai de Malefoy piqua dangereusement du nez. Hermione s’agrippa fermement au Serpentard en lui hurlant dessus :

« REDRESSE ! TU N’ES PAS HARRY ! REDRESSE BON SANG !

— JE FAIS CE QUE JE PEUX, ESPÈCE DE CHIEUSE ! C’EST TON PETIT AMI QUI EST TROP LOURD !! »

Draco allait ajouter qu’il l’a toujours été quand il gémit en voyant le sol se rapprocher dangereusement, il tira de toutes ses forces sur le manche, sentant le bois craquer, protester sous le geste. Ils étaient trop nombreux, même pour ce superbe objet. Draco sentit nettement la magie du balai pulser sous ses doigts, s’échappant d’un probable fissure.

« Allez, tiens bon, tiens bon ! Redresse, allez !! »

Il se pencha en arrière, tirant plus fort. Hermione manqua de basculer, entourant brusquement sa taille de sa main, tirant de l’autre par la baguette le corps de Ron qui leur tombait inexorablement dessus. Elle se concentra, craignant de ne pas parvenir à arrêter la chute à temps. Le balai céda, une gerbe d’étincelles échappa du bois et brûla légèrement les mains de Draco qui gronda.

« REDRESSE, ALLEZ ! »

Alors qu’il fermait presque les yeux d’anticipation en voyant le sol s’apprêter à les engloutir, il sentit le balai se relever dans un ultime effort, le manche céda entièrement, l’herbe frôla ses pieds, et ils retombèrent brutalement, roulant comme des poupées de chiffon dans un bruit indistinct de craquements et de déchirures diverses. Hermione hurla le prénom de Ron, Draco ferma les yeux, incapable de supporter les couleurs qui valsaient et se mélangeaient autour de lui malgré la nuit. Après quelques secondes, Hermione ouvrit péniblement les yeux, du sang s’écoulant sur son front et son nez, la bouche pleine de terre et commençant à enfler. Dans l’obscurité de la cour de l’école, sous la voûte céleste bordée de nuages, elle perçut une forme se relever lentement et l’éclair léger du métal brossé.

***

Lucius descendit quatre à quatre les marches. Il en rata quelques-unes, manqua de s’effondrer et tomba nez à nez avec une femme brune qui manqua de le percuter dans sa course, une grande épée dans la main. Jane lui jeta un regard mauvais et leva sa lame par réflexe, avant que la voix de son vieil ami ne la stoppe nette :

« SMITH ! Bon sang, Malefoy, que fais-tu ici ?! »

Lucius se releva, incrédule, son œil valide épuisé de ses précédentes épreuves, l’autre se voilant peu à peu derrière une sorte de vitre opaque. Il bredouilla, baguette toujours aussi fermement serrée.

« D-Draco… ?

— Il a ses ordres. Tu es blessé ?

— Aucune importance. Abernathy est mort, où est Draco ? répéta Lucius.

— Neville était après lui, rassura Jane. S’il y a un endroit où se retrouver, ça sera à la Grande Salle. La bataille y fait encore rage. Vous êtes en état ?! ajouta-t-elle en observant son œil d’un regard dubitatif.

— Il l’est, coupa Snape. S’il veut survivre, il va l’être. Descends avec moi. Black et toute ta Brigade y est.

— Potter… ?

— Il fait sa part. Smith, allez à l’infirmerie.

— Quoi ?!

— Je ne veux pas de vous au milieu de loups-garous et de Mangemorts.

— Mais je viens tout juste de… »

Severus lui adressa un regard menaçant. Jane secoua la tête et capitula. Elle allait se retirer, lorsqu’elle hésita un bref moment, faisant un pas dans sa direction. Severus en fit un autre et Lucius les observa douloureusement. Mais ils se fixèrent sans mot dire, incapables de trouver une conclusion appropriée. Elle hocha la tête et tourna les talons, remettant la cape sur elle et disparaissant sous leurs yeux. Severus resta une fraction de seconde à contempler l’endroit où elle se trouvait, en silence. Il se tourna brusquement vers Malefoy et lui demanda :

« Tu peux te battre avec un seul œil ?

— Tu peux te battre avec l’esprit ailleurs ? » Répondit-il du tac au tac.

***

Lorsque l’esprit de Voldemort atteignit celui de Harry, il eut l’impression d’entrer brutalement dans une pièce plongée dans les ténèbres. Il venait de défoncer une porte qui avait volé en éclats et se tenait à présent dans l’embrasure. L’odeur du lys et d’un feu de cheminée lui monta aux narines et il entendit distinctement la voix d’un homme paniquer et une silhouette lui barrer la route.

« Lily, prends Harry et vas-y ! C’est lui ! Vas-y ! Cours ! Je vais le retenir »

Voldemort esquissa un sourire d’anticipation et ricana face à cet étrange souvenir.

« Et ton père ne vous a fait gagner qu’une poignée de secondes… Sa femme est morte cette nuit-là, et son fils… son fils mourra aujourd’hui.

— Non. Car quelques secondes suffiront. »

La silhouette se dévoila, révélant le visage déterminé de James Potter, baguette levée et prête à faire face au plus grand Mage Noir de tous les temps. Voldemort fronça les sourcils, Potter avait-il était si courageux 15 ans auparavant ? Il redressa le bout de sa baguette :

« Avada Kedavra !

— Expelliarmus ! »

Les sorts s’écrasèrent l’un contre l’autre dans une gerbe de couleurs qui éclairèrent l’entrée de la maison de Potter. Voldemort sentit son cœur cogner soudain dans sa poitrine. Il n’était pas dans un souvenir. Ce n’était peut-être pas James Potter.

« Tu ne pourras pas te protéger indéfiniment !

— Quelques secondes suffiront… » Répéta lentement James avec un timbre juvénile.

Voldemort lança un nouveau sort, puis un autre et encore un autre, obligeant l’image écornée de James à reculer en direction des escaliers. L’homme tomba lentement à genoux, épuisé de lutter, il jeta un bref regard en direction de l’étage où se trouvait sa femme et son enfant, quand le sortilège de mort l’atteignit finalement. Il s’effondra comme il l’avait fait 15 ans plus tôt.

Le mage leva sa main gauche et avec un sourire goguenard referma la porte de la maison.

« En effet, quelques secondes m’auront suffi. »

Neville, Luna et Zabini arrivèrent pratiquement en même temps dans le Grand Hall, ils s’apprêtèrent à bifurquer en direction de la Grande Salle quand la silhouette familière de Harry les interpella. Il se tenait là, baguette à la main, au milieu des quatre sabliers. Neville sourit et fit un pas en avant, mais Luna leva le bras qui tenait sa baguette pour l’en empêcher d’un geste impérieux, avant de la pointer en direction de Harry.

« Luna, qu’est-ce que…

— Alors vous avez finalement réussi… » Murmura-t-elle.

Harry leva lentement son visage vers elle et ses yeux vert émeraude étincelèrent de satisfaction derrière ses lunettes. Rouge vif, sa cicatrice semblait prête à s’ouvrir.

« Il est à moi, siffla Harry. Je l’ai fait. Il m’appartient comme tous les autres. »

Neville ouvrit la bouche en comprenant soudain. Zabini le tira par la manche, refusant de prendre part à ce combat. Jane rata la dernière marche et trébucha, retombant sur ses genoux en voyant la scène. Elle jura, se relevant difficilement, la cape ayant glissé sur ses épaules. Harry ne lui accorda aucun regard. Quelques secondes plus tard, Lucius et Severus arrivèrent également, s’arrêtant net face au garçon. Harry releva le menton et leur sourit méchamment :

« Mes fidèles… mes meilleurs éléments… Les plus grands traîtres… Vous mourrez ce soir. Comme les autres. Votre héros n’est plus.

— POTTER ?! hurla Snape en s’avançant.

— Laissez, Professeur, murmura Luna. Il est encore vivant, il ne s’est rien passé. Voldemort a enfilé le mauvais costume. Nous l’en dépouillerons. »

Elle jeta un regard courroucé à son ami, et Harry lui rendit une œillade particulièrement mauvaise :

« Une vraie plaie… toujours à le ramener dans la réalité. Une folle pour aider un fou, n’est-ce pas… ?

— Vous ne comprenez toujours pas, n’est-ce pas… ? répondit Luna calmement.

— Je sais tout ! Je sais ce qu’il est ! Le fait qu’il m’appartienne en est la preuve ! Je vais renaître, RENAÎTRE et le monde acclamera Harry Potter le sauveur ! Et le monde redoutera ensuite Harry Potter le destructeur ! »

***

Jamais Rémus n’avait ressenti une telle chose. Les nuits de pleine lune étaient des moments de pure folie où il perdait l’esprit, où son humanité était remisée dans les tréfonds de son âme, dominée par un instinct animal déchaîné, profondément en colère et assoiffé de liberté et de sang. Un instinct frustré de ne pouvoir sortir qu’une fois par mois. Un instinct qui reprenait le dessus, alors que sa femelle tombait à genoux devant lui, que la pupille de ses yeux dorés se dilata totalement, agrandissant brusquement son champ de vision sur la scène. Il se mit à redoubler d’allure, ses mains agrippant le bois des tables pour se propulser en avant comme un loup. Il poussa puissamment sur ses jambes, alors même que Rémus lâcha irrémédiablement la laisse qu’il tenait depuis des années. Il bondit et fonça droit sur Greyback qui repoussa sa proie de stupéfaction.

Lupin planta ses doigts dans ses épaules, l’attrapant à son tour comme pour le mordre, mais le loup-garou s’arcbouta pour faire une roulade arrière. Il repoussa l’attaque et jappa :

« Tu es de mon sang ! Tu es de ma meute ! Viens te battre ! Tu repousses ce moment depuis trop longtemps ! Viens m’affronter ! Viens disputer le titre d’Alpha ! »

Aveuglé par la rage, Lupin ne répondit que par un grondement terrible et fonça en avant. Il donna un brusque coup de tête dans le ventre du Mangemort qui l’attrapa par les flancs, bloquant ses bras contre lui. Malgré l’attaque de Tonks et ses terribles blessures, il restait un adversaire redoutable et il donna plusieurs coups dans le foie du Maraudeur. Insensible à la douleur, incapable d’ôter de son esprit le hurlement de Tonks. Rémus poussa plus fort encore sur ses jambes et les fit reculer jusqu’à ce que le dos de Fenrir percute un des murs. Le loup-garou se mit à rire, tout en gémissant de douleur, puis abaissa sa gueule sur l’oreille de Rémus qui se débattit avec plus de force. Quand il sentit la chaire lui être arrachée d’un coup de dents, Lupin força de ses bras, jusqu’à entendre le craquement de l’un deux et se libéra de la prise, se recroquevillant sur lui-même, avant de se redresser d’un bond pour asséner un terrible coup sur la mâchoire. La tête de Greyback cogna violemment contre le mur dans un bruit d’écrasement désagréable et les yeux de Lupin s’étrécirent d’excitation à ce simple son.

Il se recula légèrement, observant son bras gauche déboité qu’il remit d’un geste brusque. Cela lui tira un gémissement rauque, avant qu’il ne reporte son attention sur le loup-garou qui gisait à ses pieds. Haletant, Greyback l’observa, hagard, lui murmurant, comme enivré lui-même de la situation :

« La rage, laisse-la… laisse-la t’envahir. Tu n’as pas besoin de la lune pour être un prédateur… Tu es déjà un tueur… Sens… sens l’excitation de la mise à mort… »

Il toussa bruyamment, crachant du sang sur les dalles au sol.

« Tu vas adorer ça. Tu es fait pour ça. Tous mes loups sont choisis pour ça. Tous mes loups sont des chasseurs. »

Lupin abaissa son regard doré sur lui et montra lentement les canines. Il entendit vaguement la voix d’un homme appeler le nom du faible. Il n’écouta pas, repoussant l’âme d’un petit garçon apeuré au loin. Cette fois, c’était lui qui déciderait. Cette fois, c’était l’autre qui serait en cage. Il se pencha et se saisit de sa proie, gueule grande ouverte. Sirius hurla une nouvelle fois le prénom de son ami. En vain.

***

« Ron… Non… »

Hermione voyait la forme s’avancer péniblement vers eux, la main tendue. Elle voulut lancer un sort, mais son bras était cassé. Elle avait tant cherché à le protéger, à lui éviter la chute qu’elle n’avait pu se protéger elle-même. Elle tourna la tête sur le côté, vit Malefoy, le visage contre la terre, ses cheveux blonds ensanglantés. Alors, c’était comme ça qu’ils allaient mourir ? Dans leur école ? Dans cette école qui promettait tant de merveilleuses choses quand elle était petite… ? Hermione ferma les yeux, espérant de toutes ses forces qu’Harry et les autres aient le temps…

« Bon sang, Weasley, qu’est-ce que tu fous ? Stupéfix ! »

Mc Laughlin, flanqué d’une poignée de Serpentards renégats et de quelques Serdaigles venait d’apparaître et tenait encore en joue Ron qui s’était figé.

« Attachez-le. On va faire léviter les deux autres… bon sang… Pomfresh est déjà tellement débordée… ! »

***

Jane observa Harry et l’interpella, l’épée de Gryffondor à la main.

« Tu sais comment ça se finit, Harry ! Tu sais quel destin attend les héros !

— Ah ah ah… la Moldue et ses histoires pour enfants…

— Remettez cette foutue cape et foutez le camp, par Morgane, siffla Snape en lui lançant un regard implorant. »

Jane ne lui en accorda aucun et cria à l’adresse de Neville :

« Prenez ! Le Serpent est mort, allez ! »

L’épée scintilla longuement dans les airs, décrivant une courbe lente, jusqu’à ce que Londubat ne l’attrape d’un geste assuré, dans une posture que seules les tapisseries montrent encore. Harry écarquilla les yeux de stupeur, puis se mit à rire. Un rire d’enfant :

« Quelques secondes… Il suffisait de te retenir quelques secondes. Tu as perdu, Tom. C’est entre toi et moi. »

Luna cligna des yeux et se jeta en avant. Harry voulut lever le bras droit pour lui lancer un sort, mais le gauche l’attrapa et le maintint en arrière, lui tirant un gémissement de douleur.

Dans les ruines imaginaires de la maison des Potter, Voldemort monta quatre à quatre les marches en direction de l’étage. Il fallait tuer coûte que coûte cet enfant. Le détruire une bonne fois pour toutes. Les marches devinrent soudain glissantes, une main attrapa sa cheville. James Potter rampait, yeux morts fixés sur lui, chuchotant « Je vais le retenir… ! »

Dans le Grand Hall, Jane se glissa sous la cape et disparut à nouveau. Lucius bondit en direction de la porte d’où revenait une poignée d’élèves portant trois corps, dont celui qu’il reconnut comme son fils. Snape hésita, et s’élança en direction de la Grande Salle. Chacun fonçant dans une direction, comme dans un film au ralenti, tandis que Luna franchissait les quelques centimètres qui la séparaient de Harry, elle se redressa et posa ses lèvres contre les siennes. Harry ouvrit de grands yeux et hurla. Un hurlement qu’on entendit très loin dans les étages de Poudlard. Un hurlement de rage et de douleur qui s’éteignit presque aussitôt.

Voldemort sentit l’esprit de Harry le repousser. Il sentit le parfum caractéristique du Lys, les suppliques d’une femme résonner à ses oreilles. La maison imaginaire tout entière tremblait des dernières paroles de Lily Potter.

Harry repoussa Luna et se retrouva agenouillé, haletant, tremblant. Il sifflait, du Fourchelangue, parlait. Évoquait de terribles souvenirs, racontait les meilleurs. Il hurla une nouvelle fois et s’arrêta soudain de bouger.

Le Mage Noir eut l’impression de tomber des escaliers, d’être emporté au loin hors des lieux, entendant la porte se claquer brutalement sur lui.

Luna s’approcha de Harry, levant la main pour lui toucher les cheveux, quand il releva soudain le visage vers elle, ses yeux verts emplis de détermination. Il l’attrapa et la repoussa derrière lui, alors qu’une ombre maléfique descendait des escaliers, fondant sur eux comme un cauchemar inévitable. Neville recula, la main fermement tenue sur la garde de la poignée.

De l’ombre jaillit une forme, un être squelettique et inhumain au visage ressemblant terriblement à un crâne de serpent. Voldemort était difforme, méconnaissable, mourant. Il avançait difficilement, presque immatériel, comme coincé entre cette réalité et une autre. L’âme déchirée entre le souvenir de Godric’s Hollow et la réalité de Poudlard.

« Tu… siffla-t-il en Fourchelangue. Tu vas mourir Harry Potter. Il n’y a qu’une prophétie, et Je l’accomplirai.

— Tu l’as déjà fait, sourit Harry. »

Harry abaissa sa baguette, jeta un dernier regard à Luna et hocha brièvement la tête en direction de Neville. Harry murmura :

« Il naîtra de ceux qui l’ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois…

— AVADA KEDAVRA ! »

***

Harry ouvrit les yeux brusquement. De grands barreaux s’élançaient devant ses yeux. Autour de lui, une commode à trois tiroirs longeait le mur, de nombreuses peluches lui adressant des petits signes de la main s’animant doucement dessus. Des cadres photo, des tableaux, de jolies choses montrant un bébé entouré de ses parents, aimé, choyé. L’odeur du lys et de la poudre lui monta immédiatement au nez et il se sentit soudain apaisé. Harry soupira de plaisir, hésitant à se rallonger, rassuré de voir qu’il n’avait fait qu’un cauchemar. Il s’étira dans son petit pyjama « Bébé magique », s’apprêtant à retourner dans les bras de Morphée quand il fronça les sourcils. La petite lumière des histoires était encore allumée. Maman l’éteignait tous les soirs quand elle refermait le livre. Maman… ! Harry se frotta les yeux et se résolut à les baisser. Il trembla soudain de terreur. Son petit corps commençant à se secouer de terribles sanglots. Maman ! Elle gisait aux pieds du lit, les yeux tournés vers lui dans une expression d’angoisse absolue. MAMAN ! Harry se mit à pleurer. Il voulait tellement pouvoir escalader ce fichu lit à barreaux, poser sa petite bouche sur le visage de sa maman, lui faire plein de bisous. Elle se réveillerait s’il faisait plein de bisous, n’est-ce pas ?! Le rire glacial reprit au-dessus de lui, et il leva lentement les yeux. Tout doucement, avec la candeur que seul un enfant peut avoir, il fixa Lord Voldemort. Le mage leva une nouvelle fois la baguette et la pointa dans sa direction. Harry n’avait qu’un an. Mais il comprit pourtant ce qui allait se passer. Il le comprit, avant de l’oublier à jamais.

***

Voldemort se releva, chancelant. Incapable de se rappeler ce qu’il faisait précisément à Poudlard. Quand il avisa le corps inerte de Potter, il leva sa face au ciel et se mit à rire. Un rire dément et satisfait. Il l’avait fait ! Il l’avait finalement fait ! Après quinze années d’errance et d’échec, il avait enfin tué Harry Potter !

Il leva sa baguette et siffla puissamment. Poudlard trembla, les murs projetant son ordre qui se mua en cri de victoire :

« HARRY POTTER EST MORT ! »

Il éclata d’un grand rire, répétant à l’envi « Harry Potter est mort ! » quand une voix l’interrompit :

« Moi, pas. »

Voldemort se retourna lentement, s’attendant à se trouver nez à nez avec son ancien espion. Mais il fixait Neville Londubat qui s’avançait lentement, l’épée à la main. Luna inspira profondément, les yeux rivés sur Harry, remuant des lèvres silencieusement. Voldemort esquissa un rictus dédaigneux avant de répondre :

« Et… qui es-tu ?

— L’autre enfant de la prophétie. »

Neville chargea la pointe de l’épée en avant. Voldemort eut à peine le temps de lancer un sort pour se dégager. Neville le para instinctivement de la lame qui rougeoyait comme jamais. Dans sa main, elle pulsait, s’illuminant doucement et le Gryffondor se laissa guider. Il la leva en l’air et les murs de Poudlard tremblèrent brutalement. Tout autour, les gargouilles et les armures s’animèrent. Tout autour, les statues prirent vie. Voldemort tourna la tête, éberlué, éructant :

« Il suffit ! IL SUFFIT ! JE SUIS LE DERNIER DESCENDANT DES FONDATEURS ! LE DERNIER ! »

Il joua de la baguette, lançant des sorts. Les trognes des gargouilles explosèrent. Les épées des statues se fissurèrent. Les murs tremblèrent derechef. La grande horloge du hall tinta dangereusement, son pendule ballotant de plus en plus vite, avant de se détacher brutalement. Voldemort levant la baguette et lança l’énorme marteau de métal en direction de Neville qui décrivit une arabesque de l’épée. L’air s’épaissit autour de lui alors qu’une grande langue de feu, suivit du grondement du lion fendit le pendule comme une lame chauffée à blanc. Voldemort tituba, incapable d’en croire ses yeux et hurla :

« AVADA KEDAVRA ! »

Neville leva la lame face à lui, présentant le plat sur lequel le sort se refusa de ricocher. La lame l’absorba, et des runes vertes scintillèrent brièvement près de la garde.

« AVADA KEDAVRA ! »

Neville avança lentement dans la même posture, poussant le Seigneur des Ténèbres à reculer. Le forçant à rebrousser chemin face aux escaliers, à repasser l’entrée du hall, à quitter les lieux. Lentement, Voldemort sortit dans la cour, jusqu’à se retrouver sous la voûte étoilée. Lentement, il ployait le genou, son fragment d’âme chancelant devant la puissance qu’il ne pouvait plus maîtriser.

« AVADA KEDAVRA ! »

L’épée gobeline de Gryffondor absorba une nouvelle fois l’Impardonnable qu’aucun bouclier ni sortilège ne pouvait contrer. Voldemort siffla, ses yeux allants et venants autour de lui, se sentant comme un serpent pris au piège dans un terrier. Neville leva la lame devant le Mage Noir, ce dernier s’apprêta à relancer le sort, le souffle lui manquant, sa magie s’échappant de son corps comme sa vie filait, incapable de s’ancrer à nouveau sur cette terre. Il ouvrit de grands yeux, et murmura un « NON ! » désespéré. Son âme tout entière se tendit en direction de cette ultime supplique, ne rencontrant aucun écho, aucune aide. Personne ne criait pour lui, ne suppliait pour lui. L’image de Lily Potter lui revint en mémoire et quelque chose de douloureux s’imprima brutalement dans son cœur. Une profonde blessure se rouvrit. Les runes de la lame scintillèrent à nouveau d’un vert, et un grand éclair la traversa pour s’échapper de la pointe et le frapper en plein cœur. L’écho de la voix du Mage Noir monta en même temps, réminiscence de son précédent sortilège. Un autre éclair fusa, puis un autre. Mais aucun ne put remplir cette plaie béante qu’il avait tant pris soin d’ignorer.

Et Voldemort s’effondra sur le sol, bras en croix, le visage tordu dans une ultime supplique face à la mort.

***

Harry ferma brusquement les yeux, criant comme il le faisait lorsqu’il ne voulait pas dormir. Il cria si fort qu’il dut se mettre les mains sur ses propres oreilles et n’entendit alors plus rien. Lorsqu’il les rouvrit, le Mage Noir avait disparu. Il baissa les yeux vers sa mère et pleura doucement. Le petit garçon tendit une main suppliante à travers les barreaux et ces derniers s’effacèrent comme par enchantement. Il descendit maladroitement de son lit et se blottit contre le corps encore chaud de sa maman. Il enfouit son visage contre sa poitrine, cherchant à respirer son odeur et ferma ses yeux.

Le vrombissement d’une sorte de moto retentit au-dessus de lui, une ombre passa, des mains fermes l’attrapèrent et l’enroulèrent dans une couverture épaisse. Harry cria, il ne voulait pas laisser sa maman là-bas. Mais, déjà, l’ombre l’emmena loin. Loin de tout ça.

***

Luna passa la main sur son visage, fixant la cicatrice avec attention. Elle tenait Harry dans ses bras, assise par terre et semblait attendre. Neville revint, silencieusement, l’épée fermement empoignée. Il s’effondra à côté d’elle.

« C’est terminé, murmura-t-il. C’est enfin terminé.

— Presque… » Répondit-elle en fixant Harry.

Les yeux de leur ami papillonnèrent derrière les paupières et Neville ouvrit la bouche, choqué. Il se redressa, mais Luna secoua la tête négativement. Elle caressa une nouvelle fois la cicatrice qui devenait de plus en plus froide sous ses doigts. Lentement, Harry ouvrit les yeux. Son regard vert s’abîma un instant sur le plafond avant d’arriver à se fixer sur le visage de son amie, comme comprenant soudain où il se trouvait. Il sourit doucement et Luna lui sourit en retour.

« Je n’ai plus à te partager, maintenant » Murmura-t-elle.

Harry tourna la tête et l’enfouit dans ses bras, s’autorisant à pleurer comme le bébé de ses songes en avait eu tant besoin.

***

Lucius hésita un bref instant en regardant Jane lui tendre la potion. Il renifla légèrement, puis s’en saisit et la fit boire à Draco.

« Merci, grommela-t-il.

— De ri… »

La Moldue s’arrêta soudain et releva la tête en l’air. Les Sorciers et les Sorcières en firent de même. Hermione se redressa péniblement dans son lit, incapable de se mouvoir sans souffrir le martyre. Draco gémit piteusement, alors que Ron restait résolument endormi. Jane observa les alentours, l’infirmerie dégueulait de blessés, adultes et enfants dans des états parfois terribles. Quelques pierres s’étaient effondrées et de la poussière ne cessait de tomber. Jusqu’à cet instant. Elle tendit l’oreille et Malefoy fronça les sourcils :

« Vous le sentez, vous aussi ?

— Oui, quelque chose a changé. Poudlard n’est plus la même.

— Mais vous n’êtes même pas…

— Il est mort, le coupa-t-elle. Harry a réussi !

— C’est impossible, le Seigneur des Ténèbres a dit qu’il… HEY ! »

Mais Jane avait bondi, délaissant ses malades pour se précipiter dans le hall, elle tomba nez à nez avec Neville, Luna et Harry qui riaient doucement, encore incrédules d’être en vie. Jane ouvrit la bouche, mais se ravisa et tourna la tête immédiatement en direction de la Grande Salle où elle se précipita.

La pièce était jonchée de débris d’assiettes, de chaises, de tentures déchirées, de peintures arrachées des murs, de bougies fondues et brisées au sol. Quelques corps s’étendaient çà et là, des blessés de tous bords se tordaient au sol. Au loin, elle vit Sirius étreindre Rémus qui pleurait comme un animal blessé au-dessus du corps d’une femme. Elle comprit ce qu’il avait perdu et son cœur s’emballa alors soudain, son ventre se contractant brutalement. Un terrible frisson remonta dans son dos alors que la pièce se mit à tourner autour d’elle. Elle chancela, haletante, le cherchant du regard.

Chaque visage qui se tendait vers elle semblait lui renvoyer toute l’horreur de la bataille qui venait de se dérouler ici. Des élèves au regard à jamais éteint. Des brigadiers écœurés, des professeurs choqués. Un à un, elle scrutait les visages, tentait de reconnaître les postures, les corps. Un à un, elle se tourna dans leur direction, pivotant sur elle-même, à s’en donner la nausée. Son souffle se bloqua dans sa gorge, à mesure qu’elle ne parvenait à le retrouver. Les suppliques d’animal blessé de Rémus lui étaient insupportables, ceux des autres élèves ayant perdu quelqu’un qu’ils aimaient également. Elle gémit, sentant ses jambes se dérober, son monde s’effondrer, sa fin heureuse lui échapper. L’espoir qui l’avait envahi l’instant d’avant se brisa sur lui-même, l’entraînant dans un gouffre d’une tristesse qu’elle aurait tout donné pour ne pas ressentir. Quand un bras l’arrêta soudain.

Un bras auquel elle s’accrocha par réflexe, comme pour ces fichus port-au-loin. Un bras tremblant de fatigue, mais à la prise ferme et déterminée. Les couleurs se figèrent enfin, et elle put retrouver pied. Son regard se planta dans le sien, et Jane avala une grande bouffée d’air. Severus l’attira brusquement à lui et elle l’embrassa. Et par Merlin, quel baiser ! Il l’entoura totalement de ses bras, glissant sa main dans ses cheveux, nouant ses doigts, l’agrippant avec force, planquant son corps de l’autre main pour se fondre en elle, la sentir vivante, se sentir vivant. Il la dévora, sa langue sur la sienne, leurs lèvres scellées, aucune raison de s’arrêter, plus aucun maître à contenter. Il la dévora, répondant avec la même avidité, la même reconnaissance, la même passion. Le même amour.

Un petit rire familier s’éleva, suivit d’une voix étouffée par un pan de peinture déchirée. Une peinture jetée au sol et montrant une paire d’yeux d’un bleu pétillant qui observait la scène d’un regard tendre.

« J’avais donc raison Severus… Ce n’était pas la peine d’en faire toute une histoire… »

FIN.