Remerciements aux tipeur : Merci à Marine, Audrey, Clément, Minsky, Achille, Pierre, Mathilde et Amine, Alias, Jennifer, ChocoFrog et Leithian pour leur soutien sur Tipee !

Note Spéciale : J’ai enfin autopublié mon premier recueil de nouvelles : Narcissisme. Mais vous devez probablement le savoir, vu que vous me suivez sur les réseaux (hein ?)

A propos : Voici donc la suite directe du chapitre précédent, où je vous laissais sur un début d’attaque et un baiser raté. Il est évidemment plus court, mais j’espère que son intensité vous plaira. Je n’ai pas encore eu l’occasion de commencer la suite, mais j’espère que ce chapitre vous permettra de patienter jusqu’au prochain. Très bonne lecture !

 


Chapitre 48 : L’espion qui m’aimait

 

Un terrible sifflement l’empêcha de comprendre ce que le Sorcier lui disait. De la poussière retombait autour d’eux, mêlée à quelques éclats de verre qui les écorchèrent malgré leurs précautions. La pièce et les couleurs tournaient, et le sol semblait prêt à les engloutir. Quand l’acouphène diminua légèrement, Jane put entendre la voix de Severus :

« Sous la table, ne bougez surtout pas ! »

Un petit hululement plaintif répondit à sa place et la Moldue se retourna pour voir la cage de sa chouette renversée, le pauvre animal coincé entre les barreaux défoncés. Jane envoya la main pour chercher à la libérer, mais le Sorcier la retint et lança un sort qui ouvrit brusquement la prison, laissant Ibis pépier et fuir ce maudit endroit. Une autre explosion non loin avala l’exclamation de Jane, et Severus se précipita contre ce qu’il restait de la fenêtre pour scruter le jardin.

Harry, Ron, Ginny et les jumeaux n’avaient pas bien compris sur le moment ce qu’il se passait tant ils étaient absorbés par leur partie. Quand une série d’éclairs et de cris perturbèrent leur jeu, Harry voulut foncer en piqué, mais Ron se mit en travers de son chemin d’un rapide crochet du balai.

« Pousse-toi ! C’est une attaque !

— Non, fous le camp, c’est trop dangereux, je ne sais pas qui a pu…

Houhou, Potter ! »

Au sol, les premiers échanges de sorts avaient fait fondre une bonne partie de la neige immaculée qui recouvrait le jardin. Un des fauteuils confortables dans lesquels les adultes s’étaient lovés avait volé en éclats, blessant Sirius au flan qui cherchait à retirer une de ces échardes. Tonks s’était directement avancée, baguette au clair et sa chevelure de feu s’était immédiatement transformée en coupe courte et noire. Elle pointait sa baguette en direction d’un Mangemort blond à l’allure nordique, agitant la main en arrière pour faire reculer Luna, Hermione et Neville. Mais les adolescents étaient loin d’être disciplinés, ils mettaient eux-mêmes en joue les ombres qui se dévoilaient peu à peu. Molly et Arthur bordaient Bill, Fleur et Percy, cherchant à dénombrer leurs assaillants, et Xenophilius Lovegood restait près de la vieille Augusta qui tentait de calmer une crise que la soudaineté de l’attaque avait déclenchée.

« Potter… ? Harry Potter ? Où est Harry Potter ? C’est pour toi que je viens, sale garnement. Pour régler définitivement un vieux problème ! » S’exclama Bellatrix en avançant lentement, alors que de grosses volutes noires la révélaient.

Elle ne portait pas son masque, d’ailleurs tous les Mangemorts se présentaient à visage découvert. Lupin en reconnut certains, mais un homme maigre à l’allure mesquine et une autre femme hautaine lui étaient inconnus. Un autre Mangemort, très jeune, ne lui disait rien non plus. Il frissonna.

« Tu veux dire que tu viens te faire liquider et nous débarrasser de ta détestable présence ? » Se moqua Sirius en se relevant doucement, pressant toujours sa plaie de sa baguette en laissant la magie refermer la coupure.

Sa cousine éclata de rire en rejetant la tête en arrière, faisant voler ses boucles dans tous les sens.

« Je sais qu’il est ici… Je sais qu’il est ici, et je pense même savoir précisément où… Ce gosse est décidément la faiblesse de beaucoup de monde… » Elle marmonna cette dernière partie plus pour elle-même, et leva lentement les yeux au ciel, un rictus de satisfaction étirant doucement ses lèvres.

« Oh oui, je savais qu’il voudrait essayer son joli cadeau… Tu ne viens pas me saluer, Harry ? Il te faut un petit rappel à l’ordre ?

— Harry, non… » Supplia Ginny.

Bellatrix leva une main et le Mangemort à l’air de rapace agita sa baguette en direction de Fleur qui hurla, avant de tomber au sol en hoquetant. Le Gryffondor n’écouta pas l’avertissement de son meilleur ami et inclina brusquement le manche de son balais, plongeant en piqué en direction de Bellatrix. Cela lui tira un autre rire de satisfaction et Bill hurla en direction d’Abernathy qui maintenait le sortilège d’étouffement. Rosina Blackwood, une jeunette fraîchement recrutée, cria pour se donner l’air menaçant et effectua une série de gestes avec sa baguette qui ne donnèrent rien dans l’immédiat. Les parents Weasley s’observèrent sans comprendre, espérant secrètement que le sortilège avait échoué, mais une série de grondements et de tremblements s’éleva de dessous leurs pieds, la terre se mit à onduler au rythme de rires et de menaces effectués dans une langue qui n’était pas humaine. Fleur continuait de se tordre au sol, ses longs doigts manucurés griffant sa gorge pour chercher à retrouver de l’air. Bill lança une volée de maléfices cuisants à Abernathy qui parvint à les esquiver sans rompre le charme pour autant. Fleur hoquetait peu à peu, ses yeux devenant rouges à mesure que les vaisseaux sanguins qui irriguaient ses globes se gorgeaient de sang. Le briseur de malédictions gronda comme un animal acculé et s’accroupit, prenant une posture d’attaque très particulière. Il coinça sa baguette entre son index et son majeur, ouvrant deux doigts de la main gauche pour articuler son attaque.

« BILL NON ! » Hurla son père qui comprit ce qu’il allait faire.

Mais son fils ne l’écouta pas, il n’entendait que le crachotement de sa future épouse et le ricanement de satisfaction du Mangemort. Il se contracta, rassembla son énergie et entama un chant dans une langue morte étrangère.

« BILL ! » Hurla à son tour Molly accroupie qui cherchait à lever le maléfice jeté à Fleur.

Le jeune homme se tendit ensuite soudain, et alors que les veines de ses bras saillaient anormalement, traversées de ce qui semblait être un sang presque noir, une aura rougeoyante et malfaisante émana de sa paume et de sa baguette. La malédiction inconnue s’échappa et se précipita en direction d’Abernathy qui pâlit brusquement et se jeta au sol pour l’esquiver, rompant le contact visuel avec Fleur. La Française inspira de grandes goulées d’air, les yeux paniqués allant et venant autour d’elle alors que son champ de vision s’était terriblement réduit. Le sortilège lancé par Bill atteint un des Mangemorts occupé à attaquer Ginny et Ron qui décrivaient encore des cercles dans les airs, pendant que Fred et George cherchaient à attendre leur autre frère. Arthur frissonna en voyant le résultat du sort de son fils. De grandes taches d’un rouge brun se répandaient peu à peu alors que le Mangemort hurlait et semblait se débattre pour tenter d’enlever ce qui le rongeait de l’intérieur. On l’aurait cru dévoré par des insectes rampant sous sa peau. L’attaquant se tortillait dans tous les sens, ses horribles cris d’effroi atteignant leur paroxysme quand il commença à se griffer la gorge, les yeux exorbités. Soudain il sembla muet d’horreur, et dans un borborygme répugnant, de gros scarabées noirs jaillirent de sa bouche, dévorant les lèvres et la chair qu’ils avaient à disposition. Un autre Mangemort à côté du pauvre homme frissonna d’un dégoût qu’il avait rarement ressentis. Arthur ouvrit la bouche d’effroi en observant son fils qui lui rendit un regard dur et ne montrant aucun remord. Ce dernier attrapa sa fiancée et la ramena rudement en arrière, Molly fermant la retraite.

Le sol tremblait encore terriblement et Molly jeta un sort en direction d’une sorte de butte de terre qui se soulevait et traçait un sillon en direction de Mr. Lovegood et de Mrs Londubat. Le sillon dévia, comme ayant sentit l’attaque, et la Mangemort qui avait lancé l’étrange charme éclata de rire. Molly courut en direction de son fils et de sa belle-fille, en direction de la vieille dame et du père de Luna, jetant une série de traits qui firent slalomer ce qui grouillait sous leurs terres. Quand, soudain, le sillon explosa dans une butte et qu’une étrange petite créature difforme à la tête ressemblant à une pomme de terre avec un visage en sortit en pépiant « Tuerlesrouxtuerlestous ! ». Elle bondit en direction de Xenophilius qui recula d’un pas sous la surprise, balbutiant sans comprendre ce qui l’attaquait, et le gnome qui avançait dans les airs toutes dents dehors fut stoppé net par un rayon de lumière argentée. Augusta se relevait péniblement, sa main parcheminée tenant fermement sa baguette vers l’assaillant. La terre trembla de plus belle et Arthur dû lui-même reculer pour tenter de contrer d’autres attaques de gnomes ensorcelés. Difficile de maintenir un charme de bouclier alors que la terre ondulait sous leurs pieds, se faisait traîtresse et laissait échapper de temps à autre les folles bestioles qui se mirent à les mordre, à chercher à griffer leur visage, arracher un œil…

Pendant ce temps, flanqué de Ginny et Ron, Harry descendit en flèche en direction de Bellatrix, mais un des sortilèges lancés par les Mangemorts au sol le toucha et il trébucha de son balai et tomba lourdement, la cuisse à vif. Sirius se précipita et leva sa baguette pour lancer un charme de bouclier, Ron se reçut difficilement non loin, et roula, bientôt tiré en arrière par Tonks. La jeune femme l’avait attrapé et s’était postée directement devant lui. Ron déglutit, frappé par la posture qu’il ne l’avait jamais vue prendre.

« Ils sont là pour nous tuer ! cria-t-elle à l’assemblée. Ne retenez aucun de vos coups ! »

Bill et Arthur échangèrent un bref regard, mais les gnomes les obligèrent à se reconcentrer. Avec Molly, ils formèrent une barrière de protection autour de Fleur, Augusta et Xenophilius, envoyant voler les gnomes enragés, les stupéfiants, les blessants parfois très grièvement. Crosby et Thorfinn profitèrent de la cohue provoquée par le sort de Blackwood pour fondre en direction de Rémus, Tonks, Hermione, Neville, Luna et Ron. Percy de son côté essayait d’allonger le bouclier de Sirius pour permettre à Ginny de se poser en toute sécurité. Les jumeaux cherchèrent à prendre à revers leurs assaillants.

« Je suis là ! hurla Harry en grimaçant de douleur et en tentant de se jeter quelques premiers sorts de stase pour sa cuisse. Tu crois que tu peux m’avoir alors que ton Maître n’y arrive pas ?!

— Harry, ferme-la, siffla Sirius paniqué qu’il mette sa terrible cousine en rage.

— Comment oses-tu ? Tu vas… »

Bellatrix leva les deux mains au-dessus de sa tête pour le frapper d’un sort perçant, mais un autre sortilège lancé par un de ses laquais le dévia et les deux frappèrent le sol et une des torches qui éclairait le terrain tomba, s’éteignant dans la neige dans un râle d’agonie totalement anormal.

« ABRUTIS ! » Hurla Bellatrix en se retournant vers l’homme qui recula instinctivement en voyant sa comparse s’avancer vers lui.

Harry, Sirius, Ginny et Percy en profitèrent pour se soustraire à leur vision et cherchèrent à rejoindre le groupe formé par l’Auror, mais Abernathy semblait très décidé à les en empêcher.

« Pas si vite petit con… » Cracha-t-il comme s’ils se connaissaient.

Abernathy jeta plusieurs fois le sortilège de la mort, obligeant leur grappe à s’éclater, roulant de chaque côté. Ron se précipita pour rejoindre son meilleur ami, et Abernathy les insulta une nouvelle fois.

Le champ de bataille était chaotique. D’un côté, la terre volait, projetait de grandes gerbes sous les sorties violentes des gnomes ensorcelés, de l’autre Bellatrix punissait elle-même celui qui l’avait fait échouer à tuer Harry Potter, d’autres Mangemorts livraient un combat terrible contre Rémus et Tonks, et Sirius tentait de remettre Harry sur pieds. Dans la cuisine, plaqué contre ce qu’il restait de la fenêtre, Snape réfléchissait à grande vitesse, alternant entre le terrain de combat et le scan de la pièce, cherchant quelque chose.

« Severus… ! Il faut…

— Shht ! »

Sa marque était froide. Voldemort n’avait pas ordonné cette attaque, peut-être même s’en savait-il rien… Il fallait prévenir le reste de l’Ordre, ou la Brigade, ou Dumbledore. Il n’arrivait pas à trouver la boîte où Molly rangeait la poudre de cheminette. Son patronus n’irait pas assez vite. Il ne pouvait prendre le risque de se dévoiler… Jane l’observait avec effarement, accrochée à un des pieds de la table, moins par peur que pour s’empêcher de faire une énorme erreur. Une autre explosion coupa l’espion dans sa réflexion et il vit Ron Weasley voler à quelque mètre plus loin.

« RONALD ! » L’appela Percy terrifié.

Comme mu d’un courage qu’il n’avait jamais eu, le sous-secrétaire se redressa et fonça sur le Mangemort qui venait de blesser son frère. Sirius ne put réagir, et Harry chercha à lui échapper pour faire face à Bellatrix, quand il vit sa route coupée par Abernathy et Blackwood. La femme et le maigre éclatèrent de rire et lui promirent que Lestrange lui accordait bientôt toute son attention. Sirius bondit sur ses jambes et fonça en direction de son filleul, balançant un sort à Abernathy qui en perdit sa baguette. Blackwood roula et ses mains projetèrent un rayon brûlant en direction d’Harry qui l’évita de justesse.

La neige se transformait peu à peu en boue et les torches s’éteignaient, les plongeant dans une obscurité particulièrement dangereuse. Il devenait de plus en plus difficile de voir ce qu’il se passait, les sorts s’échangeaient des deux côtés, zébrant les airs et pourfendant tantôt une parcelle de tourbe tantôt un bras qui n’avait pas été mis en sécurité. L’attaque du Ministère n’avait rien de comparable, les sbires de Voldemort n’étaient pas là pour récupérer quelque chose. D’ailleurs, étaient-ils seulement ceux du Fourchelangue à cet instant précis ? Harry leva la baguette en direction de la femme Mangemort qui se redressait, il hésita un instant tandis qu’elle essayait de se remettre sur ses pieds, puis il se frappa mentalement et beugla un Expelliarmus qu’elle dévia sans trop de difficulté. Il n’arrivait pas à se décider à l’attaquer réellement alors qu’elle était en position de faiblesse. Sirius s’écarta de lui, faisant face à Abernathy, son beau visage tordu par une grimace de concentration. Le Mangemort rit de son attitude, affichant sur sa trogne famélique un vilain sourire :

« Je vais détruire le héros de Rowle, hi hi hi… ! Il devait être si content de prendre ta commande. « Oh, oui Lord Black tout de suite, Lord Black ! » » Semblait-il singer, décontenançant Sirius par ce discours incohérent.

Sirius esquiva le sortilège de mort qui fusait traitreusement alors qu’Abernathy faisait une courbette. Il répondit par un Imobilis, que l’homme para d’un geste méprisant de la baguette.

« Ah oui, ah oui ! Les grands héros ne tuent pas ! Les grands héros restent tout blancs, tout doux… A la lumière, pour faire de belles photos ! »

L’incohérence du Mangemort le fit hésiter un instant, et Sirius ne put éviter l’autre sortilège qu’en se transformant de justesse. Cela tira un cri haineux au Mangemort qui vit un molosse bondir dans les ténèbres.

« Sale chien, tu ne m’échapperas pas ! » Hurla-t-il aux ténèbres.

Sirius profita des ombres pour reprendre forme humaine et se positionner pour tendre une embuscade au Mangemort.

« C’est donc ça qu’on apprend chez les bourges ? A se planquer au lieu de se battre comme un homme ?

— Mais qu’est-ce que je t’ai fait ?! Je ne te connais même pas ! craqua stupidement Sirius en se dévoilant.

— Rien, Lord Black, tu n’as rien fait ! » éructa le Mangemort en fondant sur lui, les obligeants à dévier en direction des marécages.

De son côté, Percy attira toute l’attention de Crosby sur lui, cherchant à protéger son frère qui était à terre, gémissant alors que sa main droite devenait peu à peu noire.

« Rémus ! Ramène-le ! cria sa compagne

— Mais je ne peux pas te laisser…

— C’EST UN ORDRE LUPIN ! » Répliqua-t-elle en lançant un trait vert en direction du Mangemort qui l’attaquait.

Personne ne s’interrogea sur la nature du sortilège qu’elle venait d’employer, et sa cible l’évita et répondit par le même. Le lycanthrope chercha à tirer Ron hors de la zone de combat, pendant que Percy cherchait à garder pied face à l’assaillant. Tonks dû se concentrer sur le sien, et le pauvre secrétaire livré à lui-même sentit peu à peu son bras fatiguer, ses membres s’engourdir, le désespoir l’envahir alors qu’il se voyait reculer d’un pas après l’autre, le terrain devenant assourdissant et étouffant, et son ennemi lancer, coup après coup, l’impardonnable. Il allait mourir s’il ne remportait pas ce combat, il mourrait, là, dans la boue glacée.

Rockwood perdit particulièrement patience face à Potter et décida de désobéir aux ordres. Tant pis pour Bellatrix, elle se chargerait elle-même du gamin. Usant d’une magie très primaire, elle se concentra à nouveau et agita la baguette pour aller puiser dans l’une des torches à la flamme mourante un feu vrombissant. Harry cligna des yeux et une violente poussée d’adrénaline lui fit voir presque clairement l’ensemble de la scène. Là, il avait vu ce sort avec Snape, il savait ce qu’il avait à redouter, il savait quelle volonté cela demandait au lanceur. Il savait aussi qu’il ne devait pas la laisser terminer son incantation, profiter des premiers moments d’instabilité pour renverser la domination du Feudeymon. Il retint sa respiration et banda les muscles avant de projeter un puissant sortilège d’Expelliarmus qui fit reculer de quelques mètres la femme. Mais elle était douée, bien trop douée, pour que cela suffise. Elle se moqua de lui, et autour d’eux, de grosses langues de feu s’élevaient lentement, formant par moments des doigts enflammés qui griffaient l’air.

Dans un gargouillis horrible, le pauvre Mangemort qui avait fait manquer le sortilège à Bellatrix mourut, s’étouffant avec son propre sang alors que plusieurs côtes jaillissaient de sa cage thoracique pour lui perforer un poumon en s’enfonçant à nouveau brutalement. La brune se retourna pour chercher sa proie du regard, furieuse de ne plus distinguer Potter. Quand elle remarqua le tourbillon de flammes et entendit le cri reconnaissable d’Harry et de son sortilège favori, elle sourit de satisfaction et s’élança dans leur direction. Un bruissement d’air l’arrêta net, et malgré les ténèbres, elle put voir une de ses mèches de cheveux tomber au sol, coupée net. Elle plissa lentement des yeux pour regarder dans la direction de celui ou celle qui avait lancé le sortilège de découpe, avant de se mettre à rire, hystérique.

Le visage à demi-éclairé par les flammes du Feudeymon, le regard plus enflammé que jamais et le bras droit portant sa baguette avec détermination, Neville Londubat avançait dans sa direction.

« Tu viens chercher la justice… ? caqueta Bellatrix.

— Non. La vengeance. »

Elle parut le prendre au sérieux car son sourire disparut quelque peu, avant de revenir fleurir sur ses lèvres.

« Ton père était très déterminé aussi avant qu’on s’occupe de lui… et de sa femme. Oh oui. Rabastan et Rodolphus ont été très appliqués ce soir-là… »

L’allusion fit hurler Neville qui arma le bras et griffa l’air de sa baguette :

« DOLORIS ! »

Bellatrix para et éclata de rire, se désintéressant de ce qui l’entourait.

« Il faut le vouloir. Pour que le sort soit puissant, il faut vraiment avoir envie de blesser l’autre. Il faut vraiment aimer faire mal. Attends, je vais t’aider. Imagine combien nous avons adoré nous occuper de ton petit papa et de ta jolie maman… Hein ? Comme ça a été bon de les mettre dans cet état… Dis-moi, ils bavent toujours ou…

— LA FERME ! »

Neville se ruait sur Bellatrix, lançant à la volée ce sortilège interdit. Percy de son côté perdait du terrain, Ron hurla, envoyant sa main noircie en avant dans un geste désespéré pour tenter d’éviter de voir son frère mourir pour l’avoir protégé. Percy recula une fois de trop, trébuchant sur l’une des grosses racines folles que faisaient pousser les gnomes ensorcelés, et il ne put éviter le trait vert qui se profilait inéluctablement. Il tomba en arrière comme une poupée de chiffon grotesque et inutile, offrant à son jeune frère un masque mortuaire profondément désolé. Molly et Arthur hurlèrent, s’élançant en direction de l’assassin de leur fils, délaissant leur rôle de protecteurs. Le bouclier qu’ils maintenaient jusqu’ici tomba, mais Tonks s’interposa et exécuta le Mangemort sommairement avant de tourner son attention vers les parents :

« Retournez dans le rang, reformez le bouclier, vite ! »

De son côté, Harry luttait toujours avec Rockwood pour l’empêcher de terminer son sortilège, les flammes prenant terriblement forme autour d’eux. Le jeune homme sentit la panique l’envahir, mêlée à un profond désespoir et dégoût, avant qu’une fureur terriblement viscérale ne s’empare de lui et se déverse dans ses veines à gros bouillon. Là, il braqua un regard vert anis enflammé en direction de la Mangemort.

« Oh oh… C’est l’œil d’un tueur, ça, Potter. »

Le garçon répondit par un impardonnable qui la surprit, mais pas assez pour lui faire lâcher prise.

Même en arrivant à la toucher, Neville n’arrivait pas à faire flancher celle qui avait détruit sa vie. Sa colère augmentait, en même temps que l’hilarité de son bourreau.

« Non, non, non… Je vais te montrer… Il faut, vraiment, vraiment, vraiment avoir ça dans ses tripes. »

Il allait répliquer, mais elle bondit de côté avec une grande célérité, et sauta dans les airs en pointant sa baguette vers lui comme si c’était une lance. Elle ne prononça même pas la terrible formule. Neville tomba à la renverse, un léger cri de surprise coincé dans la gorge, avant que son monde ne s’effondre et qu’une myriade de lames chauffées à blanc ne viennent à lui taillader la peau, lui broyer les os, lui arracher les nerfs. Il n’avait jamais enduré le sortilège du Doloris, mais il lui semblait à cet instant que tout ce qu’il ressentait était réel. La souffrance n’était pas uniquement liée au sort, elle venait de l’imagination de sa tortionnaire. Et Bellatrix avait un sens très aiguisé de la torture. Son hurlement déchira la nuit, avalé par les gémissements, les cris, et les explosions aux alentours. Se détourner de son adversaire signifiait pour chacun d’eux perdre une autre personne, voire sa propre vie. Sirius se battait toujours dans la tourbière contre un Abernathy qui continuait à l’invectiver copieusement, ils revinrent dans le giron du champ de bataille dans l’indifférence générale, ne prêtant aucune attention eux-mêmes à ce qu’il se passait autour. Lupin et Hermione cherchaient à contenir les gnomes qui ne faiblissaient pas, au contraire : les petites créatures semblaient commander à la terre elle-même et de grosses racines jaillissaient du sol pour menacer ceux qui cherchaient à se protéger.

Dans la cuisine, Jane attrapa lentement un couteau à large lame qui traînait sur la table, frissonnant sous les hurlements de Neville qui leur parvenaient. Plus que tout, c’était ce bruit horrible qui se propageait et trouvait écho sur la faïence qui les entourait. Severus serrait fermement sa baguette avec dégoût, inspirant profondément. L’attaque n’avait pas débuté depuis plus de cinq minutes qu’ils déploraient déjà des morts. L’espion frissonnait sous l’adrénaline et les pulsations de magie brute qui montaient en lui et le commandaient d’agir. Il sentait le regard interloqué de Jane sur lui, qui ne comprenait pas son inaction, qui ne comprenait pas qu’il refusât de prendre le risque de se montrer. Les cris de son étudiant devenaient de plus en plus terribles, de plus en plus insupportables. Quand la voix de Neville commença à se briser, il éructa soudain et se redressa, bondissant par-dessus le chambranle de la fenêtre et fonça en direction de l’ennemie. Il lança directement un sort de découpe violent qui taillada terriblement la Mangemort à l’épaule. Bellatrix hurla à son tour, et Neville reprit son souffle, ses yeux cessants un instant de rouler dans leurs orbites pour se fixer difficilement vers son sauveur. Contrairement à ce à quoi il s’attendait, ce n’était pas l’allure fière d’Harry, mais le profil au nez crochu de sa terreur d’enfance qui le dominait, le regard d’un noir si profond qu’on n’en distinguait plus la pupille. Bellatrix battit légèrement en retraite, dessinant une arabesque légère sur son épaule pour arrêter l’afflux de sang. Severus enjamba Neville et se posta devant lui, pointa son arme contre son ancienne comparse. Là, derrière son épaisse crinière, elle lui jeta un regard de fureur pure, ses narines se fronçant alors qu’elle montrait les dents.

« Je savais… Je savais que tu étais un traître… »

Severus répondit par un autre sort qu’elle para difficilement, lui en renvoyant un autre qu’il dévia sans effort.

« C’est pour ça que Potter lui échappe… C’est à cause de toi… C’est pas à cause de cette prophétie… Je vais te tuer, sale sang-mêlé, je vais enfin te traiter comme il se doit ! Et après je tuerai bébé Potter, et Il n’aura plus d’autre choix que de reprendre notre projet. »

Elle jeta une salve qui l’obligea à réagir rapidement, sans succès. La haine qu’elle lui vouait toutes ces années pour sa maîtrise du duel, atteint son terme quand elle trouva la seule faille à exploiter. Bellatrix esquissa un rictus de triomphe, avant de viser Neville. Severus se plaça devant son élève par réflexe, tombant sur un genou tandis qu’il sentait la chaleur du Doloris résonner dans son corps.

Harry gémit de désespoir quand il vit que les flammes l’enserraient à un point tel qu’il n’avait plus le choix. Rockwood commençait à libérer doucement le Feuydemon, jetant de temps en temps des regards en direction des autres en retrait. Le front perlant de sueur à cause de l’effort, elle demanda dans un souffle :

« A qui tu tiens le plus ? La Maîtresse a dit qu’on t’avait tout pris… Mais je crois qu’il y a encore des gens que tu aimes par là-bas ! »

Harry s’obligea à ne pas regarder dans la direction indiquée et leva la baguette. Son cœur battait la chamade, il se sentait plus alerte que jamais. Il pensa un bref instant à Luna, à Ron, à Sirius, il ne voulait voir personne de tué à cause de lui, pas ce soir… Pas parce qu’il hésitait. À quoi ? A faire ce qu’il fallait faire ? C’était la guerre après tout… Une simple formule… Il connaissait la formule. Mais Snape avait été très clair, il fallait plus que de la simple volonté pour lancer ce genre de choses efficacement. Il fallait être prêt à le faire, il fallait avoir ça en soi. Les flammes commencèrent à s’écarter et à prendre la forme d’un énorme rapace qui battait frénétiquement des ailes pour prendre son envol et fondre sur ses amis. Rockwood sourit d’anticipation et leva les bras hauts, faisant prendre de l’élan à sa créature surnaturelle. Harry ne réfléchit pas davantage et hurla la formule.

Le trait vert fusa et traversa la Mangemort.

Jane s’était rapprochée de la fenêtre, gardant les yeux à peine au-dessus de ce qu’il restait de l’encadré, elle tremblait terriblement, entendant les sorts, les cris, voyant un formidable monstre de feu s’élever et s’apprêter à foncer sur le groupe qui luttait contre des racines et des créatures étranges sortant de la terre. Elle ne pouvait rien faire, son sentiment d’impuissance la désespérait. Elle observa Neville ramper difficilement vers la maison, l’écume encore aux lèvres, un instant elle envisagea d’aller l’aider, mais elle savait qu’elle se ferait immédiatement tuer. Serrant le manche du couteau de frustration, à en faire crisser le cuir, elle se figea quand un cri particulier lui parvint. Elle trembla de tout son corps en l’entendant. C’était celui d’un homme. Un homme qu’elle n’aurait jamais imaginé entendre crier de la sorte un jour.

Severus tomba totalement à genou, des étoiles dansant devant ses yeux. C’était très différent d’avec le Seigneur des Ténèbres. Il ne s’agissait plus d’une punition cruelle, mais bien d’une mise à mort. Bellatrix le tuerait comme ça, et la douleur n’avait rien de comparable avec tout ce qu’il avait pu connaître jusqu’ici. Son souffle se bloqua et pourtant sa gorge cria pour lui. Il se sentit projeté en arrière, son dos heurtant lourdement le sol. Il arma le bras pour tenter de répliquer, mais un terrible craquement lui fit comprendre qu’il avait trop forcé contre les spasmes qui l’animaient et qu’il venait de se briser le poignet.

« Je vais te faire ramper… Je vais détruire chacun de tes os… Je vais t’écorcher vif… Je te tuerai, bien entendu… Et puis je Lui rapporterai tes yeux, Severus Snape ! »

Il hurla d’une douleur sans nom, et pour la première fois de sa longue existence de Mangemort, de terreur. Bellatrix tournait lentement autour de lui, l’observant agoniser sous tous les angles avec un plaisir inouï.

Harry regarda Rockwood tomber au sol en sentant une profonde satisfaction l’envahir.

Sirius se retransforma et fonça à nouveau sur Abernathy, toutes griffes dehors, lui écorchant l’œil droit, ce qui lui permit de s’enfuir et de rejoindre le groupe.

Lupin traînait tant bien que mal le corps de Percy vers eux.

Le Feuydemon mourut lentement, projetant ses lumières sur les lieux, donnant un aperçu de l’horreur qui s’y déroulait. La lumière rougeâtre éclaira brièvement le visage de Jane qui ne parvenait plus à se cacher et qui regardait, impuissante, Severus mourir sous ses yeux, l’ombre du dos de Bellatrix se secouant d’un rire abominable. Jane serra le couteau, sentant son cœur sur le point d’imploser, voulant presque se transpercer les tympans pour ne plus l’entendre lui hurler et Lestrange y prendre du plaisir. La jeune femme gémit piteusement, quand le corps de son ami s’arcbouta pour lui dévoiler son visage tordu par la souffrance, les yeux totalement révulsés dans leurs orbites. Bellatrix s’accroupit lentement vers lui, maintenant le sortilège et commençant doucement à chanter une monstrueuse berceuse à son attention :

« Hurle, hurle petit sang-mêlé,

À mes pieds, bien agenouillé,

Tu te tortilles comme une anguille,

Hurle, hurle mon petit sorcier,

Sens la douleur qui fourmille.»

L’horreur la fit frissonner, et le froid l’enveloppa soudain, le silence aussi. Jane bondit. Elle manqua de trébucher sur l’une des racines qui jaillit devant elle, donna un violent coup de poing à l’aveugle à la chose qui sortit de terre pour l’attraper, ne se souciant pas un instant du cri de Luna qui fit imploser la créature d’un sortilège. La Moldue ne voyait et n’entendait que Severus, dont la voix se brisait peu à peu.

Bellatrix le tirait à présent par les cheveux pour élever son oreille à la hauteur de ses lèvres. Baissée, elle faisait dos à la Moldue qui s’approcha sans discrétion, levant le couteau, incertaine de ce qu’elle allait faire. Mais la main de Jane cessa soudain de trembler quand elle glissa les doigts sous le menton de la Mangemort. La comptine s’arrêta immédiatement, le sortilège aussi. Et dans cette fraction de seconde de silence, Jane poussa le menton en arrière, basculant la tête de Bellatrix vers elle. La jeune femme croisa le regard incrédule de la Mangemort, et son bras ne trembla pas davantage lorsqu’elle lui trancha la gorge d’un geste net. Un flot de sang jaillit brusquement, répandant une douce chaleur sur les doigts et le poignet d’une Jane qui gardait son regard fixé sur celui de Bellatrix, observant la vie quitter ses yeux avec une concentration presque méthodique.

La main plaquée sur son orbite sanguinolente, Abernathy hurla d’angoisse en voyant la scène, stupéfait par ce flot de sang qui se répandait peu à peu sur le corps inerte de son ancienne supérieure.

« RETRAITE ! RETRAITE ! » Cria-t-il à l’adresse de ses compagnons qui tentèrent de fuir, mais Lupin en abattit un autre, ne laissant que la moitié du groupe d’attaque repartir en vie.

L’air se chargea de magie alors qu’ils transplanaient dans le désordre le plus total, abandonnant leurs morts aux mains de leurs ennemis, Bellatrix toujours fermement tenue par Jane dont le bras s’abaissait doucement, l’adrénaline redescendant et lui faisant reprendre conscience de son environnement.

L’effarement laissa place aux premières mesures d’urgence. Harry tituba, s’écartant vivement de la femme qu’il venait de tuer lui-même, percutant Sirius, l’esprit embrumé. Neville se releva difficilement, avant de retomber lourdement sur ses genoux quand il vit le regard désolé de Xenophilius. Le cœur d’Augusta Lovegood n’avait pas résisté aux hurlements de son petits-fils. Tonks pressa le bras de son homme et balaya le terrain du regard :

« Repli immédiat ! Au QG, repli immédiat. Rapport à Dumbledore au plus vite ! »

Bill prit la main de Fleur et de Ginny, Fred et George celle de leur frère mort, et Arthur attrapa Ron, qui tenait Hermione fermement et ils disparurent dans un pop sonore.

« Sirius ! cria Luna. Il faut les faire sortir d’ici ! »

Elle tentait de secouer Neville qui pleurait silencieusement sur sa grand-mère sans succès. Son père se mit à faire léviter avec délicatesse le corps de la vieille dame, et Sirius hocha la tête.

« Harry ?! Viens ! »

Le garçon obéit comme un automate, avançant la main sans trop savoir vers qui, laissant Luna l’attraper et l’enserrer avec détermination. Ils disparurent également.

Les flammes mourantes du Feudeymon éclairait le visage tordu par la surprise de Bellatrix. Jane continuait de l’observer, la main gauche serrée fermement sur son menton, la droite autour du couteau. L’odeur du sang emplit ses narines avec force, l’écœurant presque. Hésitante, tremblante, la main de Severus se posa sur l’une des siennes et la força à lâcher le cadavre. La Moldue eut comme l’impression qu’on dut lui arracher le corps des mains tant elles étaient tétanisées. Épuisé, terriblement blessé, Severus se redressa péniblement sur les genoux et passa ses bras autour d’elle. Il se concentra pour tenter de les faire transplaner sans encombre. Ils atterrirent brutalement aux portes du parc de Poudlard, se séparant sous l’impact que le Sorcier n’avait put éviter. Il roula jusqu’à percuter les grilles, et tenta de se relever.

« Jane…, s’il vous plaît. »

La supplique la fit réagir et elle arriva à sa suite, passant son bras autour de son cou, l’autre autour de sa taille, l’aidant à se relever et à marcher en direction du château.

« Chez moi… Des potions… »

Elle hocha de la tête, et accrocha son regard à la structure aux hautes tours, se focalisant uniquement sur son objectif, tentant d’oublier les images qui revenaient sans cesse, ou le poids de son ami qui marchait avec difficulté. L’odeur du sang était insupportable, il collait à ses mains, à son ventre et à sa poitrine. Elle en avait partout et elle se sentait poisseuse. Il avait transpiré lui aussi, son poignet droit formait un angle bizarre, et sa respiration était sifflante. Ils arrivèrent avec peine jusqu’aux portes du château qu’ils passèrent après avoir croisés les Aurors de garde. Ils glapirent d’effroi en les voyant arriver, et avant même que Severus ne dise quoi que ce soit, Jane intervint :

« Allez prévenir Dumbledore, je l’emmène dans ses appartements. Dites-lui de contacter Tonks et Black en priorité. »

Les deux Sorciers hésitèrent, et elle jura :

« Mais putain, bougez-vous ! »

Ils s’exécutèrent et elle continua de marcher jusqu’aux cachots. Descendant avec difficulté les escaliers, remerciant la providence qu’il soit si tard et qu’aucun élève ne les croise. Quand ils parvinrent au salon, elle voulut l’amener à son lit, mais il la repoussa doucement, se dirigeant péniblement en direction de son bar. Il l’ouvrit et en tira une bouteille qui n’avait rien d’engageant. D’un geste sec, il tira avec ses dents le bouchon et avala directement au goulot une grande rasade. Elle le vit trembler furieusement, son corps entier semblait revivre les spasmes du Doloris. Alors qu’il ne pouvait ouvrir les yeux, endurant en silence la douleur, il pointa sa baguette vers son poignet et dans un crack malsain, elle vit le membre reprendre sa position initiale.

Là, les bras le long du corps, elle l’observait sans être vraiment présente, et quand les effets de la potion commencèrent à agir, l’apaisant, calmant sa souffrance, il lui rendit son regard. Ensuite, il la prit doucement par la main, Jane voulut un instant se soustraire à l’étreinte, ses doigts ensanglantés et poisseux glissants désagréablement contre les siens, mais il tint bon et il l’amena dans sa salle de bain. La propreté de la pièce contrastait avec leur état, leur puanteur, la poussière et la terre qui jonchaient leurs cheveux, le sang qui tachait leurs vêtements, visages, et mains… Severus agita sa baguette et la grosse baignoire se remplit instantanément d’une eau chaude légèrement parfumée. De la buée se forma sur le miroir, effaçant leurs reflets misérables. Il soupira doucement et se pencha vers elle, la tenant dans ses bras, il posa ses mains sur ses épaules et ses lèvres sur son front. Ses mains détachèrent avec délicatesse le collier qu’il lui avait offert, et le mirent sur le rebord en marbre du lavabo. Puis, il les déplaça doucement pour détacher sa robe, qu’il fit glisser lentement le long de son corps. Il garda les yeux rivés aux siens, préservant toute sa pudeur et attrapa sa main pour lui permettre de monter dans la baignoire. Jane se glissa dans l’eau chaude, se laissant doucement happer par la sensation rassurante, l’odeur délicate d’une lavande fraîche mêlée d’un bois marin lui montant aux narines. Elle s’assit complètement, laissant ses mains se laver dans l’eau qui prit momentanément la couleur du sang. Severus déboutonna sa redingote et releva les manches de sa chemise, dévoilant la Marque des Ténèbres qui était à présent d’un noir terrifiant. Il plongea ses mains dans l’eau, s’agenouillant au bord de la baignoire, laissant la magie opérer tandis que l’eau reprenait une teinte normale. La jeune femme se baissa totalement et disparut sous l’eau, se lavant intégralement. Elle resta un moment en apnée, observant par en-dessous le visage ondoyant de Severus qui la fixait, appréciant le monde de silence qui s’ouvrait à elle. Puis, elle revint à la surface, la tête tournant furieusement, l’esprit à la fois avec lui ici, et avec eux là-bas. Le visage ruisselant, ses cheveux retombant dans son dos en lacets épais et bruns, Jane posa le menton contre le rebord, avançant une main incertaine vers la marque. Avant même de la frôler, elle pouvait la sentir brûler, et la couleur anormalement sombre lui tira une seule conclusion. Jane releva les yeux vers Severus qui inclina la tête et qui se redressa, prêt à rendre compte à Dumbledore. Le Seigneur des Ténèbres devait probablement l’appeler à l’instant même, conscient de sa traîtrise…

D’un bruissement d’eau, Jane s’agita et posa une main mouillée sur celle de Severus. Elle lui attrapa le poignet, l’obligeant à pivoter, à rester encore un instant. Il se pencha légèrement et elle se redressa tout à fait, dévoilant son corps ruisselant et glissant sa main dans la sienne. Il cligna des yeux et comprenant alors son intention, attrapa sa taille dans un geste instinctif, la pressant nue contre lui. Jane releva le menton et captura ses lèvres sans cérémonie dans un baiser possessif et exigeant. Il l’entoura totalement, verrouillant ses mains sur sa chute de reins, se perdant à son tour dans l’étreinte. Ni timide, ni romantique, sans mise en scène et avec la brutalité réelle de deux âmes assoiffées de vies, ce baiser leur fit tourner la tête. Comme une évidence, une évidence rendue froide par l’absence de décorum, terriblement brûlante dans le ballet langoureux qu’ils s’offraient de leur langue, la sensation puissante du désir s’éleva et les firent frissonner, rappelant à leur mémoire que leurs corps n’avaient rien de morts. Jane passa ses bras autour de lui, s’offrant totalement, sa poitrine nue répandant une chaleur et un rythme puissant d’un cœur battant la chamade. Elle était en train de tremper ses vêtements, de mêler à la douce odeur de la lavande les éclaboussures de sang et l’aigreur sa sueur, mais aucun d’eux n’y prêta attention. Puis la passion reflua légèrement, comme une vague qui laisse une plage silencieuse et sage. L’épuisement les poussa à une tendresse surprenante que leurs bouches racontèrent en une série de baisers de plus en plus appuyés et délicats. Les yeux clos, goûtant avec caprice l’essence de l’autre, ils restèrent encore lèvres scellées un long moment, se refusant à retourner dans la réalité. S’accrochant encore l’un à l’autre dans un secret qu’ils ne semblaient pas décidés à ébruiter, ils laissèrent le silence les envelopper au point tel que seul l’égouttement des cheveux de la jeune femme résonnait dans la pièce.  Jane caressa doucement la mâchoire de Severus, s’écartant pour rompre délicatement le baiser, alors que son pouce traçait encore les contours de sa lèvre inférieure. Le Sorcier embrassa légèrement la chair qui lui était offerte, fermant un instant les yeux, avant de les rouvrir avec appréhension pour croiser son regard et capturer quelques bribes de ses pensées.

Les yeux habituellement verts clairs de Jane lui renvoyaient quelque chose d’à jamais éteint, et cela l’obligeât à rompre le contact visuel.

« Essayez de vous détendre, murmura-t-il d’une voix rauque. Vous avez besoin de repos. »

Jane ne répondit pas, sa main glissant à nouveau sur son bras, laissant un sillon d’eau perler sur sa Marque.

« Vous n’irez pas ? Même s’il vous le demandait, vous n’y retournerez pas, n’est-ce pas ?

— Ça serait suicidaire et Albus ne me demanderait jamais une telle chose.

— Mais même si c’était le cas, vous n’irez pas ? Promettez-moi ! »

L’espion ouvrit légèrement la bouche, comprenant la peur qui commençait à l’étreindre et il se rapprocha doucement d’elle alors qu’elle commençait déjà à frissonner de froid à rester hors de l’eau. Il glissa sa main sous sa nuque et frôla à nouveau ses lèvres.

« Vous avez ma parole, je ne mourrai pas ce soir. »