« Gazette du Sorcier,

Édition du 14 février 2018,

APRÈS L’HORREUR, PLACE À L’AMOUR : LE MARIAGE SENSATIONNEL DE BILL WEASLEY ET FLEUR DELACOUR ! »

« Véritascriptum,

Édition du 27 février,

OUVERTURE DES PROCÈS DE POUDLARD »

 

« Gazette du Sorcier,

Édition spéciale du 1er mars 2018,

PAS DE RETOUR À L’ÉCOLE POUR HARRY POTTER ET SES AMIS ?! QUE VONT-ILS DEVENIR ? »

 

« Le Chicaneur,

Édition du 15 avril 2018,

DRACO MALEFOY, CRÉATEUR DE MODE DANS LE MONDE MOLDU ! »

 

« Gazette du Sorcier,

Édition spéciale du 22 avril 2018,

SIRIUS BLACK, CÉLIBATAIRE, RICHE ET TRÈS EN VUE ! »

 

« Véritascriptum,

Édition du 22 avril 2018,

SE PRÉPARANT À L’ÉCHEC, SIRIUS BLACK SE TAILLE UN PERSONNAGE D’OPPOSANT »

 

« Gazette du Sorcier,

Édition spéciale du 7 mai 2018,

NOTRE MINISTRE DE LA MAGIE, CE HÉROS DE GUERRE ! »

 

« Le Chicaneur,

Édition du 8 mai 2018,

LES MANGEMORTS SERONT EXÉCUTÉS, LE MINISTRE DE LA MAGIE NE VEUT PAS DE PROCÈS…

L’opinion publique est derrière lui depuis son élection. Veuf, blessé au combat et héros, Lucius Malefoy peut compter sur le soutien des Sorciers et Sorcières de Grande-Bretagne pour lui permettre de clôturer rapidement ce chapitre. Trop rapidement ? Lord Sirius Black met en garde. Dans nos colonnes, il dénonce une machine « à broyer de la Justice » tenant plus de la vengeance expéditive que de procès équitables. Pour recueillir ses propos, notre journaliste Hermione Granger s’est rendue au 12 Square Grimmaurd et a […]»

Tandis qu’elle lisait le dernier exemplaire du Chicaneur dans sa version papier « statique », Severus feuilletait le classeur qu’elle transportait partout depuis leur départ en fronçant les sourcils. Il l’observa un bref instant. Jane lisait, penchée sur le magazine, remuant de temps en temps les lèvres, comme pour commenter le propos. Il esquissa un léger sourire et referma le classeur d’un geste sec.

« Pourquoi tu t’infliges ces torchons, au juste ? »

Pour la énième fois qu’il lui faisait cette réflexion, Jane leva les yeux au ciel et coula ensuite un regard agacé dans sa direction.

« Parce que… commença-t-elle comme si elle s’adressait à quelqu’un de profondément stupide. Le monde ne s’est pas arrêté de tourner à la mort de l’autre psychopathe. D’ailleurs, il tourne même plus mal depuis que…

— Je veux dire : pourquoi tu t’infliges ça alors que nous avons spécialement pris des vacances – bien méritées – loin de tout ça, de Potter, de la pression de la guerre, de Potter et des médias… ? »

Elle eut un rictus amusé à la double nomination du jeune homme et ferma le Chicaneur pour se tourner vers lui.

« D’accord, ça t’énerve que je ne puisse décrocher, je comprends. Mais ce qu’il se passe est grave, Ron se remet à peine de son maléfice, Sirius s’embourbe dans des histoires politiques qui le dépassent, Hermione… d’accord, Hermione est en train de mener un combat qui…

— Ah, c’est donc ça, coupa Severus avec un sourire moqueur. Tu crèves de jalousie de ne pas être à sa place.

— Ne sois pas ridicule, je suis très contente de voyager avec toi !

— De voir des pays que tu n’as jamais vus, de manger et boire des choses que tu n’avais jamais goûtées, de découvrir ton monde sous un angle plus… magique. De faire l’amour n’importe où sauvagement, ajouta-t-il en baissant d’un ton.

— Oui, j’adore tout ça – surtout la dernière partie, glissa Jane d’un air entendu.

— Mais ?

— Il n’y a pas de mais !

— Si, il y en a un : tu trépignes parce que tu te dis que t’aurais pu en écrire des papiers, que t’aurais pu couvrir tout ça et quoi, ensuite ? Te lancer dans la course à l’opposition comme le fait Granger ? Tu sais que cette gamine vise le poste qu’a Malefoy, et elle l’obtiendra certainement après ses Aspics. Mais toi, tu en ferais quoi ? Tu n’es pas une femme politique.

— Ah bon ? Et je suis quel genre de femme, alors ? répliqua Jane un peu piquée au vif.

— La mienne. »

Il avait répondu ça d’un air très sérieux, de sa voix la plus suave. Celle qui l’empêchait toute contestation et qui faisait fondre toutes ses prétentions féministes. La voix qui l’énervait donc le plus, mais elle n’arrivait pas à le lui dire et papillonna des yeux en rougissant.

« J’ai horreur quand tu…

— Veuillez relever vos tablettes et attacher vos ceintures, nous amorçons la descente. »

Severus grimaça à ces mots et redevint immédiatement impassible, se redressant, serrant les genoux et les dents. Il jeta un nouveau regard accusateur en direction de sa compagne :

« Tu peux m’expliquer pourquoi j’ai cédé pour l’avion ?

— Parce que tu voulais quelque chose de différent qui te fasse oublier « tout ça », répondit-elle goguenarde. Ouvre ton hublot ! Je suis certaine qu’on pourra voir Florence !

— Tu la verra de près, laisse-moi ne pas voir l’aile de ce fichu appareil. »

Jane lui tendit alors le Chicaneur :

« Tu peux lire pour te détendre, si tu veux…, lui proposa-t-elle, espiègle.

— Vous me fatiguez, Smith. »

Elle partit à rire et se replongea dans sa lecture, non sans vérifier de temps à autre la verdeur croissante de son ami.

Quand ils sortirent de l’aéroport, Jane mit immédiatement ses lunettes de soleil et leva le nez en l’air, soupirant d’aise. Severus l’observa longuement. Elle avait gardé les cheveux courts, appréciant qu’ils ne soient plus aussi compliqués à coiffer. Ils entouraient son visage en une série de jolies boucles folles et bien dessinées qui allaient à merveille avec la petite robe noire évasée à la taille qu’elle portait sur de grands escarpins sophistiqués. Avec ses lunettes de soleil et son teint de porcelaine, elle ressemblait à une actrice venue prendre des vacances en Italie. Jane soupira une nouvelle fois, murmurant :

« C’est quand même délicieux le soleil, tu ne trouves pas… ?

— Non, sourit-il.

— Tu préfères quand il pleut averse, qu’on est coincés à l’intérieur et qu’on ne peut strictement rien faire… ? »

Elle reporta son regard vers lui, avant d’hausser les sourcils et d’ajouter :

« Quoi ?

— Rien.

— Si, tu as ta drôle de tête.

— Je n’ai pas de drôle de tête.

— Si, tu l’as parfois après qu’on ait…

— Je n’ai pas de drôle de tête, coupa-t-il en tournant les talons. Reprenons, on doit encore trouver un taxi pour mon pied à terre. »

Jane pouffa et tira la poignée de sa valise pour la mettre sur roulettes. Elle le suivit d’un air légèrement moqueur, s’attendant à le voir pester contre le monde qui grouillait dans les rues ou bien la chaleur encore prenante en cette fin d’après-midi, mais il semblait ne pas en faire grand cas. Il héla une voiture qui s’arrêta et surprit une nouvelle fois son amie en parlant cette fois un italien parfait. Ils montèrent et la jeune femme hésita entre lui faire la conversation et dévorer la ville qui s’offrait à ses yeux par la vitre arrière. Il y avait la climatisation dans le véhicule, et elle se fit la réflexion que sa garde-robe « à la Française », bien que plus légère que celle pour chez eux, serait encore trop chaude pour ce mois de mai très estival. Le trajet prit moins d’une demi-heure durant laquelle Jane se régala des villes et places de la cité. Elle ponctua le voyage d’une série d’exclamations, d’injonctions à visiter tel ou tel endroit, et de coups d’œil en direction de Snape qui l’observait faire, sans se départir de son léger sourire. Elle arriva à lui faire promettre de retourner à la place de la liberté qu’ils venaient de longer, et quand la voiture s’engagea dans une petite ruelle à sens unique bordée de voitures qui mangeaient pratiquement la moitié de la chaussée, elle sut qu’ils étaient arrivés. Le chauffeur de taxi s’arrêta devant une grande bâtisse branlante et se retourna :

« Lei è arrivato…, commença-t-il en fixant Snape comme s’il était stupide. Anche se siete da nessuna parte, questo posto non è nemmeno elencato!

— Grazie, saremo in grado di gestire, répondit Severus en donnant quelques billets orange. Allons-y, Jane.

— Qu’est-ce qu’il voulait ? lui demanda-t-elle alors qu’ils se retrouvaient seuls dans la ruelle avec leur valise.

— M’expliquer qu’en gros je nous menais nulle part.

— Comment ça ?

— Je lui ai dit de nous déposer entre le 5 et le 6 via Giraldi…

— Entre… ? C’est comme le Square Grimmaurd ?

— Presque, l’endroit est à la vue de tous, mais personne n’y fait réellement attention. »

Il désigna du menton le bâtiment en pierres apparentes qui ne comportait qu’une grande double-porte en bois et deux grandes fenêtres piquées hautes dans la façade avec des barreaux de métal. En haut, au milieu, un médaillon de ciment était creusé, comme s’il y avait eu un œil de bœuf qui avait été muré. Jane fronça les sourcils en avisant la fine croix plantée sur le sommet du toit.

« C’est une église ?

— Non. Ça, c’est pour éloigner les curieux et les démarcheurs. »

Il regarda de gauche et de droite et tira de la poche de son veston une petite clé en fer rouillé et la glissa dans la serrure. Un drôle de bruit mêlant mécanique et sortilège se fit entendre et alors il se retourna vers elle :

« Après toi. »

Jane passa la porte, intriguée, et immédiatement une odeur de vieille maison lui sauta au nez. C’était une odeur de poussière, de livres, de parchemins enroulés depuis des lustres, de bougies fondues, d’encens et de bois et pierre légèrement humides. Il faisait frais dans le lieu et particulièrement sombre. Elle entendit Severus refermer la porte et mettre une série de sortilèges dessus, avant de lever une dernière fois sa baguette et de l’agiter en direction du plafond. Immédiatement, un immense chandelier s’alluma, dévoilant le bâtiment le plus étrange qu’elle ait vu depuis leur départ. Toute la maison était conçue autour d’un puits central pour accueillir l’énorme lustre qui projetait le plus de lumière. Autour et sur deux étages visibles, des étagères garnies de livres, bibelots Moldu ou sorciers, cassés ou encore ronronnant. Face à eux, une arche permettait de passer à la suite de la maison s’articulant cette fois autour d’un escalier de pierres.

« Au rez-de-chaussée tu as la cuisine, et en haut une chambre et une salle de bain. Attention, car tout est très vieux ici et est d’époque. Ça tient uniquement grâce à mes soins… et à la magie.

— De quelle époque on parle, exactement ? demanda Jane, légèrement ébahie.

— 16e. Cette maison a été conçue à l’époque des Medicis.

— Attends, tu es propriétaire d’un monument historique… ?

— Non, il n’est pas classé. Mais si cela t’impressionne… tu n’en as pas terminé. »

Il ajouta ça en posant sa valise au sol et en s’approchant d’elle d’un air prédateur. Jane esquiva l’étreinte avec un sourire amusé :

« Tu n’as pas besoin de m’impressionner, surtout de ce côté. Dans quel état est la chambre ?

— Tu t’inquiètes pour les meubles ?

— Tu n’as que ça en tête ?!

— Crois-tu que si on avait libéré Tantale il se serait contenté d’un bref repas avant de revenir à une vie normale ? répondit Severus en prenant leurs valises et en l’invitant à le suivre.

— « Bref repas » ? T’as dîné plus que de raison, comment fais-tu pour penser encore à manger… ?

— J’aime ça. Et tu es une excellente cuisinière. La chambre est là, la salle de bain est à droite, à la moitié de la coursive. C’est une baignoire centrale à l’ancienne. Ce n’est, hélas, pas une douche italienne.

— Tu es intenable, j’espère quand même que j’aurais le temps de… oh ! C’est ça que tu appelles un lit ?! »

Severus entra avec elle et déposa les valises près d’une grosse commode en bois. Il ricana en voyant l’expression de sa compagne. Jane faisait face à un grand lit à baldaquin fait de bois sombre sculpté, voilé de lourdes tentures d’un bleu profond. Le lit était large, les draps brodés et chauds, Jane eu immédiatement envie de s’y allonger, tout en ayant peur de s’y endormir tant il avait l’air confortable.

« Vas-y, lui dit Severus en comprenant son hésitation. Nous irons manger au restaurant sur la place tout à l’heure. On a le temps, ici les soirées sont chaudes et longues. »

Jane releva la tête d’un air intrigué alors qu’il disait cela. Severus monta souplement sur le lit pour la rejoindre, se plaçant au-dessus d’elle et l’observant.

« Chaudes et longues, eh… ? répéta-t-elle d’un air entendu. Tu le fais exprès ?

— Non, je t’invite à te changer pour une tenue plus légère. Ici, c’est déjà l’été…

— Oui, c’était un conseil anodin et amical… »

Elle ouvrit ses jambes pour les placer de part et d’autre de ses hanches, avant de resserrer sa prise et de le tenir entre ses cuisses. Elle redressa ensuite le torse pour arriver à capturer ses lèvres, le mordant légèrement.

« Tu n’étais pas fatiguée ? demanda-t-il goguenard.

— Si, mais pas assez pour ignorer ton rentre-dedans peu subtil.

— Dit celle qui se presse contre moi avec avidité.

— Tu parlais de m’impressionner, non ? Tu as toute mon attention… »

Il tenta de lui répondre, mais Jane couvrit ses mots de sa langue et Severus s’exécuta avec grande application.

Elle se releva et fila en vitesse à la douche, priant pour que les améliorations magiques soient à la hauteur de ses besoins. La salle de bain était sobre et plutôt jolie, avec une baignoire qui trônait au centre de la pièce, comme l’avait indiqué Severus. Elle se glissa dedans et tourna les robinets avec une légère appréhension, mais quand elle vit que c’était une eau claire qui s’écoula et non de la boue ou un truc autrement plus glauque, elle se détendit.

« J’ai le temps de visiter la maison avant qu’on aille manger, ou bien je dois me presser ? lui cria-t-elle depuis la salle de bain.

— Tu as tout ton temps, on trouvera toujours un restaurant d’ouvert ici, même après dix heures.

— Comment se fait-il que tu sois si à l’aise avec cet endroit ? Tu avais l’air de passer toutes tes vacances dans ta vieille place forte à Londres.

— J’ai passé du temps ici à une époque, répondit-il en éludant.

— … avec Lily ? lui demanda-t-elle frontalement.

— Non. Je suis toujours venu seul. Mais j’ai eu besoin de me retrancher quelque temps ici après la première chute de Voldemort. »

Il butait sur son nom, comme s’il craignait encore de lui être enchaîné, même après avoir eu son cadavre sous ses yeux. Depuis la bataille, Severus semblait se forcer à vivre plus qu’il ne s’y autorisait, comme quelqu’un voulant profiter avant une nouvelle période sombre. Jane avait renoncé à l’idée de le faire rationaliser à ce sujet, préférant le laisser y aller à son rythme.

« Faire un bain de soleil pour fuir les ténèbres… ?

— En quelque sorte. J’avais besoin d’échapper à une partie de moi-même et d’en retrouver une autre.

— Comment tu as acquis cet endroit ? Ce n’est pas ton salaire de profs ou les rares potions que tu vends qui ont dû t’aider à payer ça…

— Non, en effet. Elle est dans ma famille depuis des siècles. J’en ai hérité.

— Wow ! À la mort de qui, si ce n’est pas indiscret ?

— Ma mère. » Répondit Severus en entrant finalement dans la salle de bain.

Il lui fit un signe de tête et Jane replia ses jambes pour qu’il la rejoigne. Il plongea dans l’eau, avant de se savonner également, la laissant préparer sa prochaine question. La guerre n’avait rien changé à ce trait de caractère qui l’agaçait comme il lui plaisait. Elle était restée tout aussi curieuse des choses et ne se lassait pas de lui poser mille questions. Quand il en avait assez, il lui collait un livre dans les mains où elle trouverait la réponse et profitait de la paix retrouvée pour lire de son côté, ou vaquer au travail de rédaction d’un manuel de potions. Severus s’était laissé tenté par l’aventure, fortement encouragé par une Jane qui en avait eu assez durant les presque deux dernières années de l’entendre se plaindre des inepties recopiées par les élèves dans leurs copies. « Vous n’avez qu’à écrire leur satané bouquin si vous ne voulez plus qu’ils fassent et disent de conneries ! » lui avait-elle un jour seriné, excédée.

« Ta mère ? répéta Jane en le ramenant brutalement dans le présent.

— Oui, Eileen Prince. »

Jane le fixa intensément, avant de répéter :

« Prince ?!

— Quoi ?

— Tu m’avais dit un jour que tu n’étais pas « mon prince », mais « Le prince », tu faisais référence à ça ?

— Oui, aussi. »

Quand elle ouvrit la bouche pour répondre, avant de finalement ressortir ruisselante pour se sécher en vitesse, Severus eut un léger sourire. Elle attacha maladroitement la serviette autour de son torse et se tourna vers lui.

« Comment ça, aussi ? Qu’est-ce que tu essaies de me faire comprendre avec ton étrange maison et ton nom français ?

— Tiens, tu sais que c’est Français…

— J’ai un peu de culture, figure-toi. Allez, raconte-moi un peu ça.

— Non, tu es là pour visiter, non ? Alors, visite. Devine.

— Donne-moi au moins un indice ! Pourquoi tu as un nom français et une maison à Florence ? »

Severus termina de se laver et sortit également. Il arriva à sa hauteur et détacha la serviette qu’elle portait pour se sécher avec, appréciant sa nudité et faisant traîner en longueur les réponses. Jane mit les mains sur les hanches, agacée :

« Stop, tu arrêtes de me reluquer et tu me dis. Donne-moi quelque chose, n’importe quoi ! »

Il la fixa et son regard la fit rougir.

« … sauf ça, on va être en retard.

— Nous allons passer une semaine à Florence, plus si tu le désires. Nous avons tout notre temps.

— Non, non, maintenant on se concentre deux secondes.

— Après toi. »

Elle retourna dans la chambre enfiler rapidement des sous-vêtements et une robe de mousseline verte. Elle attrapa une autre paire d’escarpins quand elle se retourna :

« Bon, tu t’appelles « Severus Snape », commença-t-elle.

— Pas tout à fait.

— … Ah ! Oh ! Oui, c’est vrai ! Severus Cesare Snape. Je sais que tu es sang-mêlé, et cette maison est de famille et est dans un état remarquable, ça fait un moment qu’elle est conservée par de la magie. C’est donc ta mère qui était sorcière, c’est ça ?

— Oui.

— Severus est un vieux prénom romain, continua-t-elle. Et Cesare aussi. Avec ou sans accent, d’ailleurs ?

— Sans.

— Définitivement italien. Donc, si tu avais gardé le nom de ta mère, ça serait Severus Cesare Prince. Le nom a été francisé ou bien au contraire traduit en anglais ?

— Ça revient au même.

— Non, selon, ta famille a fait un détour par la France.

— Je suis un lointain cousin de notre Ministre de la Magie, si tu veux tout savoir. »

Jane arrêta de boucler ses chaussures pour le fixer en fronçant les sourcils.

« Il le sait ?

— Aucune idée. Je suis tombé sur cette information en faisant des recherches sur ma famille, ici. Les Malefoys et les Princes se sont brièvement mélangés à une certaine époque. Et, effectivement par un détour en France. Quand notre nom est passé de Principe à Prince.

— Tu sais à quelle époque ?

— À l’aube du 18e, mais il y a un moment de flou sur ce qui s’est passé en France à cette époque. Tu dois bien comprendre pourquoi…

— Ta famille a dû échapper à la guillotine ? demanda Jane pleine d’espoir.

— Nous n’étions pas nobles pour autant, mais ce n’était pas la meilleure époque pour les anciennes familles, furent-elles sorcières.

— Tu viens d’une lignée de Sang-Purs ?

— Personne ne vient vraiment de Sang-Purs, s’amusa Severus. Surtout les familles avec de puissants Sorciers… Ne me regarde pas comme ça. Nous savons tous les deux que je suis un puissant Sorcier. Plus la lignée est consanguine, plus la concentration en magie disparaît. Les Cracmol sont un des stigmates de ce mode de vie ridicule. Non, nous ne sommes pas des « Sang-Purs », mais ma famille a toujours été intimement liée aux deux mondes.

— Bon, donc, vous êtes Italiens. Romains, peut-être, même ?

— Non, pas jusque-là. Une partie doit être effectivement plus ou moins native, mais une autre vient d’Espagne.

— Incroyable que tu aies autant de détails…, murmura Jane éberluée en l’observant les yeux dans le vague. Habille-toi, je vais fouiller, c’est ici que j’aurai des réponses, non ? »

Il se contenta de lui sourire et enfila rapidement un caleçon et un pantalon. Jane avait déjà tourné les talons pour aller scruter les rayons des bibliothèques. Quand elle se retourna pour lui poser une nouvelle question et qu’elle le vit torse nu elle leva les yeux en l’air.

« Tu peux arrêter deux minutes ?

— Tu ne m’as pas laissé le temps de choisir une chemise.

— Un vrai gamin. D’où viennent ces livres et ces objets ?

— Une accumulation familiale. » Répondit-il alors qu’elle tentait de déchiffrer les reliures tant bien que mal.

Jane fixa un crucifix en or massif qui était accroché à une jonction de bibliothèque et secoua la tête.

« Tu m’avais dit que j’allais être impressionnée, je le suis déjà énormément… J’ai l’impression d’être dans un musée. Merci de m’avoir emmenée, ajouta-t-elle dans un souffle.

— Tu m’as dit vouloir me connaître loin de « toute cette merde », pour reprendre tes mots exacts. »

Jane s’arrêta et l’observa, la mine sincèrement reconnaissante.

« Oui… mais je ne m’attendais pas à ce que tu me dévoiles quelque chose d’aussi privé. J’ai l’impression de pénétrer dans un sanctuaire. De lever le voile sur un énorme secret.

— C’est le cas. Personne d’autre que toi et moi ne saura cela.

— Pas même Dumbledore ?

— Pas même Dumbledore. »

Un autre nom lui vint en tête, mais elle le tut, se contentant de se mordre la lèvre et de reprendre son exploration. Jane continua de longer la coursive qui donnait directement sur la pièce centrale. Fermée par une barrière de bois, elle entourait l’immense chandelier ouvragé qui attira un moment son attention. En plissant des yeux, on pouvait voir des scènes érotiques entre des anges et des…

« Oh, c’est très coquin, ça, Severus…

— C’est très Italien.

— C’est d’époque ?

— Je ne pense pas, pouffa-t-il. Mais ça a dû être ajouté assez rapidement vu la patine et l’ouvrage.

— Je ne sais plus où regarder, reprit-elle. Il y a tant à voir, une seule journée ne suffirait sans doute pas à faire le tour de tous tes trésors. C’est incroyable. Tu dois en avoir pour une fortune, tu le sais ?

— C’est possible.

— Ça t’est égal ?

— Ça m’est égal. Ça t’importe ?

— Ça m’émerveille. »

Elle lui sourit comme une enfant à qui on venait d’annoncer que le jour de Noël était avancé et qu’elle allait recevoir tous les cadeaux de la terre. Continuant de longer la coursive, elle arriva au niveau de l’entrée du bâtiment, juste là où l’œil de bœuf avait été condamné par une couche de ciment et sorte de volet interne en bois. Là trônait un pupitre avec un livre fermé. L’instinct de journaliste de Jane se mit à frétiller et elle jeta un regard excité à Severus qui prit nonchalamment appui sur la rambarde, l’observant. Elle comprit qu’il s’agissait donc de ce secret et qu’elle avait tout intérêt à se montrer vraiment impressionnée pour ne pas décevoir ses attentes. Mais elle comprit à la lecture du titre qu’elle n’aurait pas à mentir. À la reliure de cuir épaisse, avec un dos cerclé de bandes de cuir bouillir, la couverture n’offrait aucun nom. La tranche, en revanche, donna à son pouls des raisons de s’accélérer : « Machiavelli, Il Principe ».

« Merlin, Severus… c’est vraiment ce que je crois ?

— Ouvre.

— Je… je n’ai pas de gants.

— Tu n’en as pas besoin. Ouvre-le. »

Jane s’exécuta lentement, avec respect, n’en croyant pas ses yeux. La couverture grinçait légèrement et le livre révéla alors l’odeur d’une histoire ancienne. Elle tourna les premières pages blanches, s’ébahissant de l’état de conservation de l’objet et confirma sur le titre interne en italien qui surplombait une gravure représentant Nicolas Machiavel. Elle feuilleta quelques pages, tentant de déchiffrer les phrases, sans succès.

« Va à la fin. »

Elle s’exécuta à nouveau et là, inscris à l’encre noire avec une écriture fine, quelques mots en Italien.

« Il y a marqué quoi ? demanda-t-elle dans un souffle.

— Agli eredi del principe.

— Ce qui veut dire… ?

— Aux héritiers du Prince. »

Jane le fixa un long moment, fronçant les sourcils et réfléchissant.

« Tu… es apparenté aux Medicis, par Laurent de Medicis ?

— Pas que je sache.

— Je ne comprends pas.

— Parce que c’est trop évident pour que tu comprennes. Ouvre le panneau derrière toi. »

Elle se retourna, cherchant des yeux ce qu’il entendait par là, avant de penser aux volets internes qui condamnaient la fenêtre ronde. Jane défit le loquet et ouvrit lentement les panneaux avant de souffler bruyamment, profondément surprise.

« Mais c’est… »

Derrière les volets, une grande toile représentait un homme d’une trentaine d’années, aux vêtements riches et aux yeux et cheveux d’un noir corbeau. Son nez crochu ne trompait pas, pas plus que la ligne fine de sa bouche et de sa mâchoire. Jane se retourna pour observer Severus qui s’était alors approché d’elle. Elle compara un long moment l’homme et le portrait avant de s’approcher de plus près de l’œuvre.

« J’ai cru un instant que c’était toi avec des habits d’époque, mais…

— Mais ce n’est pas moi.

— La peinture est contemporaine de cette personne ?

— Oui.

— Faite par qui ?

— Je l’ignore.

— Elle représente qui ?

— Tu n’as toujours pas compris ? »

Jane fronça plus encore les sourcils. Profondément frustrée d’avoir la réponse sous les yeux et de ne parvenir à la lire. Elle se retourna une nouvelle fois vers Severus et plongea son regard dans le sien. Elle resta un moment ainsi, le laissant à loisir d’explorer son esprit et ses hypothèses. Soudain, Jane écarquilla les yeux, il s’était probablement trahit en réagissant à un des noms qu’elle avait cités.

« Le Prince, répéta-t-elle.

— Le Prince…

— Bon sang, Severus… Severus Cesare Prince. »

Il sourit légèrement et posa ses lèvres sur son front.

« Tu y es ?

— C’est… c’est incroyable ! Tu es un des descendants de Cesare Borgia ?

— Le seul. Le dernier, ajouta-t-il en lui jetant un regard entendu.

— Tu sais comment c’est possible et ce qui est arrivé à ta famille ?

— Plus ou moins. On y va ? » Lui demanda-t-il en lui présentant son bras.

Elle le prit et ils retournèrent dans la chambre. Il tira agita sa baguette pour vider leurs valises dans les meubles et tira une chemise blanche à manches trois-quarts. Jane semblait incapable de se sortir de la tête leur conversation, et lorsqu’elle s’approcha de lui pour ouvrir deux boutons au col de sa chemise qu’il venait de fermer, il posa ses mains sur ses hanches.

« Tu veux savoir ou tu préfères retarder notre dîner ?

— Je veux savoir, je voulais juste capter ton attention. Alors, dis-moi… »

Il lui tendit à nouveau son bras et ils descendirent, retournant dans la ruelle alors qu’il fermait à clé ce petit musée privé. La chaleur du début de soirée les surprit et Jane hocha la tête comme si elle poursuivait une conversation :

« Très bien, allons prendre un verre. Je te suis. »

Il lui fit traverser quelques rues, jusqu’à l’amener à une place bordée de musées, de restaurants et d’hôtels. Les murs clairs des bâtiments, tantôt modernes, tantôt dans un style renaissance donnaient à la place une lumière certaine qui contrastait avec la maison des Princes. Ils s’assirent à la terrasse d’un café, sous un grand parasol brun. Jane croisa les jambes et regretta pour la énième fois de ses vacances d’avoir arrêté de fumer. Un serveur vint à leur hauteur et prit leur commande. Après un rapide coup d’œil en direction de Jane, Severus demanda deux Martinis blancs. Ayant compris le mot employé, elle demanda :

« Tu aimes le Martini, toi maintenant ?

— J’en avais envie. Je te ferai goûter le Marsala. Tu devrais adorer.

— J’ai tendance à aimer ce que tu me fais découvrir. »

La réplique le fit légèrement rougir et il détourna les yeux en direction du grand bâtiment ancien qui captivait soudain son attention. Le serveur revint et leur apporta leurs verres et quelques gressins aux herbes aromatiques. Jane s’en saisit d’un et mordit dedans avant d’enchaîner.

« Bon, alors ta famille… comment tu es passé des Borgias aux Princes ? »

Severus observa les alentours et prit le verre pour le porter à ses lèvres.

« Cesare Borgia a eu deux enfants légitimes… et on suppose plus d’une dizaine de bâtards. Sans compter celles et ceux qui sont passés inaperçus.

— Alors comment estimes-tu que tu sois le dernier descendant ?

— Il y a eu… une purge au 19e siècle.

— Une purge ?!

— Un de mes ancêtres, un certain Jack Cesare Prince a mené une sorte de chasse pour élaguer l’arbre.

Élaguer ?!

— Vous appelleriez ça un serial killer, je pense.

— Comment tu as découvert ça ?

— Ses trophées sont dans la maison, répondit Severus en donnant un signe de tête en direction de là d’où ils venaient.

— De… des trophées ? De quelle nature ?

— Des doigts. L’auriculaire droit quand il s’agissait de femmes, et je suppose de cadets et benjamins, et l’annulaire gauche quand il s’agissait d’hommes aînés.

— Qu’est-ce que cela représente ? C’est très précis, surtout l’ordre de naissance… c’est toi qui en as tiré ces conclusions, d’ailleurs ?

— Oui, chez nous, la tradition des chevalières n’est pas tout à fait perdue, et ce sont les doigts où on les met selon le sexe et le rang dans la famille.

— Je vois. Il a donc gardé en trophée ce qui les rattachait à la branche. Bon, tu as trouvé des doigts, et après… ? Il n’y avait quand même pas de lettre de confession, non ?

— Non, mais j’ai pu lire des coupures de Presse de l’époque quand j’ai cherché à retracer mes origines. Et quand j’ai vu qu’à un moment, je ne parvenais plus à remonter, j’ai compris ma découverte.

— Tu connais tout ce qu’il y a dans la maison ?

— Non ! Je pense que je n’effleure que le début de ses mystères… »

Jane fixa son Martini dont les glaçons avaient déjà fondu et en bu une gorgée, pensive.

« Bon, et du coup, tu viens d’où ? Un bâtard, de ce que j’ai compris, mais lequel ?

— Une branche oubliée.

— Pas suffisamment, la dédicace de Machiavel…

— Elle n’est pas de Machiavel. Le livre a été publié à titre posthume. Non. Il s’agit du cadeau de la maîtresse du bâtard. Addalena Strozzi. La nièce de Laurent II de Medicis, l’homme à qui Machiavel a dédié le Prince…

— Incroyable, tu en es certain ?

— Non, c’est une supposition au vu d’un ancien médaillon que j’ai retrouvé de l’époque et qui mentionne une certaine « Addalena de Medicis ». En faisant quelques recherches, j’ai découvert qu’elle avait été mariée à un comte quelconque… Mais c’est aussi le nom qui figure sur les registres de maîtres d’arts concernant la commande de la maison. Addalena a fait bâtir cet endroit et l’a offert en cadeau à un « Vicente Principe », alors âgé de plus d’une trentaine d’années. C’est là que j’ai retracé le nom de Vicente, mais aucun registre n’explique d’où il vient. Il a été élevé chez les moines, avant de devenir un simple condottiere, j’ai supposé que le nom de « Principe » est le nom probablement donné par sa mère au moment de le remettre à l’Église… Une sorte de clin d’œil discret, sans doute.

— Alors comment tu as pu faire le lien entre ça et la famille Borgia ?

— Le portrait. J’ai détaché la toile, une fois de son cadre. À la recherche d’une signature de peintre, pour comprendre qui l’avait fait, qui était sur la toile. Et il y avait toutes les informations nécessaires. »

Severus héla le serveur et demanda cette fois deux marsalas avec quelque chose dedans. Il attendit que le jeune homme revienne avec une assiette de légumes confits à tartiner pour accompagner le tout.

« Je t’ai pris un marsala à l’œuf, l’amande risque de te surprendre un peu, autant y aller en douceur.

— Oui, tu sais que je préfère… mais ne détourne pas le sujet. Qu’est-ce qu’il y avait au dos de la peinture ?!

— Un mot doux. En italien, évidemment. En vieil italien, même. Un mot adressé à une certaine « tigresse », signé par un « valentin ». C’était plus exactement « Ainsi, ma tigresse aura toujours son Valentinois auprès d’elle. » ».

Voyant que Jane ne comprenait pas, Severus ajouta en lui souriant légèrement.

« Cesare Borgia était surnommé « Il Valentino » depuis qu’il fut nommé Duc de Valentinois. Quant à la tigresse… Il s’agit de Catherina Sforza, surnommée « La Tigresse », suite à un siège qu’elle a tenu grâce à sa pugnacité et son intelligence… Mais Cesare le conquérant prit Imola, Forli, puis Ravaldino… je suppose qu’il l’a prise elle, ensuite… ?

— Charmant. Une prise de guerre romancée par un fou de pouvoir.

— C’est possible. Elle a été emprisonnée des années, ça a pu se produire là, ou plus tard. Elle peut aussi avoir décidé de le séduire pour s’en sortir… ou avoir réellement eu une idylle avec lui. Impossible à dire. Elle lui a, en tout cas, fait grande impression pour qu’elle ait le seul portrait ressemblant de Cesare Borgia. »

Il mordit dans un antipasti, tandis que Jane regardait le soleil disparaître derrière les bâtiments. Elle se racla la gorge et remua sur sa chaise. Severus arqua un sourcil, amusé :

« Tu as encore des questions ?

— Tu plaisantes ? Évidemment ! Mais j’étais intriguée par cette histoire de portraits, qu’est-ce que tu veux dire par « le seul portrait ressemblant » ?

— Demande à Google. » Lui répondit Severus avec une certaine délectation.

C’était une de ses phrases préférées depuis qu’il avait un jour entendu deux ados dire ça à un troisième en France. Et il rendait Jane totalement folle avec. Mais, à sa grande déception, elle sortit son smartphone et pianota dessus. Après quelques minutes où elle alternait la contemplation de l’écran et une observation minutieuse de ses traits, elle referma le cuir de protection et hocha la tête :

« D’accord, effectivement, aucune ne lui ressemble. Mais justement, qu’est-ce qui te fait dire que ce n’est pas un faux ou…

— Tu te souviens à un moment que je ne suis pas juste humain, Jane… ? »

Elle rougit de plus belle devant ça et acquiesça. Il leva les yeux au ciel :

« Je parlais de…

— J’avais compris, c’est toi qui es trop orgueilleux. Je me sentais bête de ne pas y avoir pensé. Alors quoi ? Un seul peintre a pu un jour capter son visage ? Pourquoi ?

— Comment me décrirais-tu ?

— … Avec des mots ?

— Très spirituel. Essaie sérieusement.

— Eh bien tu es brun, tu as les yeux noirs… un nez crochu… non, busqué. Non, un peu les deux, en fait. Des lèvres fines, mais sensuelles quand tu veux, cruelles quand tu veux aussi, d’ailleurs. Un teint blanc, parfois cireux quand tu es impassible comme ça. Tu fais peur des fois. Et souvent tu es attirant.

— Suis-je laid ? »

Jane écarquilla les yeux brutalement.

« Encore cette histoire ?! Je t’ai déjà dit que non.

— Mais je ne suis pas beau non plus.

— … Non. Non, tu es charismatique, c’est très différent.

— Demande à ton Google ce qu’Alexandre Dumas disait de Cesare Borgia… »

Jane pianota une nouvelle fois, avant de lire à voix haute en fronçant les sourcils :

« « Quant à son visage, les auteurs même contemporains en ont laissé une description tout à fait diverse ; car les uns l’ont peint comme un monstre de laideur, tandis que les autres vantent, au contraire, sa beauté. » D’accord. C’est pas clair. Mais si je devais te décrire, je ne vanterais pas ta beauté…

— Pourtant tu as du désir pour moi, sourit Severus en coin.

— Oui, et du respect et de l’admiration et… Oh, je vois. Tu veux dire que les gens étaient très influencés par leur propre opinion et que cela se voyait dans les peintures ?

— C’est évident.

— Pourquoi celle-ci aurait été différente, alors ?

— Peut-être parce que cette fois, Borgia voulait apparaître tel qu’il était à Sforza, peut-être qu’il tenait réellement à elle, assez pour qu’il souhaite qu’elle possède une part de lui, tel qu’il était réellement… Peut-être était-ce sa façon de la faire pleinement entrer dans sa vie. De se lier à elle. »

Jane baissa les yeux sur son marsala et le termina avant d’observer, songeuse, la ligne architecturale d’un des musées en face d’elle. Elle sembla réfléchir longuement à cette question, puis sourit lentement.

« Une femme de caractère, eh… ?

— Une femme de caractère. » Répéta Severus d’un air entendu.

 

 


 

 

Explications A la Moldue

 

Le duel entre Harry et Voldemort

Pourquoi Harry laisse Voldemort le posséder ? J’ai décidé de faire rejouer le combat entièrement sur le plan mental, en utilisant ce qu’il s’était passé le soir d’Halloween. Harry et Voldemort retournent à ce moment précis où l’un, comme l’autre, sont morts. Voldemort a été détruit à ce moment, mais a pu survivre parce qu’il avait des horcruxes, Harry aurait dû mourir, mais a été sauvé par sa mère. Harry se laisse détruire par Voldemort. En tant qu’horcruxe, et ce mot « détruire » est très important. Je l’avais employé plus tôt dans les chapitres pour montrer qu’il ne pouvait être tué par Voldemort, seulement détruit en tant qu’objet de secours (pour le tuer, il aurait fallu donc renvoyer un Avada). Là, Harry est ramené à ce soir-là, et à lui de reprendre le cours de sa vie si Voldemort est enfin détruit, ou bien de rester à jamais dans ces limbes mentales (on voit que j’esquisse un Hagrid qui emporte Harry pour le sauver, alors même qu’il est dans les bras de Luna qui l’appelle dans leur réalité).  Quant à Voldemort, il perd sa prise sur Harry en se rendant compte, par leur combat mental, qu’il n’a plus rien. Lui qui était obsédé par l’idée de « rejouer le match » la perdu une seconde fois. Et je lui fais sentir, plus que jamais, le vide de l’amour – notamment maternel. C’est de ce vide dont je parle quand j’explique que même les sortilèges de mort (qu’il reçoit, mais qu’il a lancé tout au long de sa vie aussi, finalement) ne le remplissent pas. En fin de compte, Voldemort perd parce qu’il est resté coincé à ce 31 octobre. Il perd, parce qu’il a déjà été vaincu. Une fois par Harry, et une autre fois par Neville. Sur le plan mental et sur le plan physique.

Je pense que c’est aussi tiré par les cheveux que chez Rowling, mais chez moi ça faisait sens, malgré les imbrications métaphoriques.

Est-ce que Ron va se remettre de son maléfice ?

Oui. Difficilement, mais oui. La honte va l’étreindre, ainsi qu’une énorme confusion intellectuelle. Mais la chose qu’il a le plus à craindre n’est pas tant la santé que la Justice : nous avons vu que Lucius comptait exécuter tous les Mangemorts sans procès…

Lucius Malefoy va-t-il être aveugle ?

Non, seulement borgne. Un beau blond aux cheveux long, avec le physique d’un elfe et un œil en moins. Pour les gens qui connaissent, c’est totalement calqué sur le charadesign de Lor’themar Theron dans World of Warcraft, et ce n’est pas un hasard. Il devient le seigneur régent d’un peuple qui a tout perdu, à commencer par son roi légitime et sa grandeur. C’était ma façon d’entériner le fait que jamais plus la Grande-Bretagne sorcière ne serait pareille… et de faire un clin d’œil à la prochaine grande ff de mon crû.

Draco Malefoy et Blaise Zabini

Nous, nous ne reverrons plus ces deux comparses, et nous venons seulement d’apprendre que Draco serait parti chez les Moldus pour devenir créateur de mode. Comme beaucoup s’en doutait : il est bien le créateur mystère dont on parle, et son aspiration et « centre de labyrinthe » était la possibilité qu’un jour il puisse choisir la vie de ses rêves, et non d’être Mangemort. Draco tient sa promesse à Blaise et en fait son mannequin principal. Ils fuient côté Moldus pour éviter la pression de la guerre, de Lucius devenu Ministre de la Magie… et découvrent une société beaucoup plus ouverte sur la question des relations entre hommes. Ce qui n’est qu’un maëlstrom d’émotions puissantes et interdites pourrait devenir quelque chose de vraiment très fort. Mais c’est une autre histoire 😊

Qu’est-il arrivé à Rémus Lupin ?

Il a cédé à sa part animale et Rémus n’est plus… ou du moins, il n’en reste qu’un veuf qui pense avoir absolument tout perdu. Rémus quitte les Sorciers et devient l’alpha que Greyback voyait en lui. La suite est là aussi laissée ouverte.

Que devient Hermione ?

Comme c’est sous-entendu, elle se lance dans la course politique et journalistique contre Lucius et son gouvernement autoritaire. Tout part de la bataille pour Ron, pour faire reconnaître le fait qu’il était sous Imperium – comme le prétendait d’ailleurs Lucius pour la première guerre – et lui éviter le baiser du détraqueur. Je ne dis pas si elle réussit ou non, j’aime vous laisser avec des « hooks » de fanfiction possible (incepfiction). Elle terminera néanmoins ses études après une première année à se battre, comprenant que pour changer le monde, il faut, hélas, adhérer à certaines règles.

Que deviennent Harry et Luna ?

Suivant l’exemple de Jane et Severus, ils décident de partir en vacances, mais se rendent compte en chemin qu’ils ont un appétit féroce pour l’aventure et l’exploration. Harry apprécie tout particulièrement de pouvoir échapper à sa célébrité, et Luna de pouvoir prouver certaines théories de son père… et faire des découvertes plus extraordinaires encore.

 

 

Remerciements :

Voilà, cette aventure s’achève bel et bien cette fois. Cela a été un véritable plaisir et privilège que de vous raconter cette histoire pendant tant de temps. Cette histoire est née d’un concept que j’ai exploré car j’étais à un croisement de mon existence professionnelle et personnelle, un moment où j’ai envisagé d’arrêter mon métier et l’écriture. Cette histoire m’a portée au-delà de toutes les espérances et m’a tant appris ! Quand je regarde les premiers chapitres, je vous avoue que je n’en suis pas du tout satisfaite, parfois, j’en rougis. Mais je suis en même temps très heureuse du chemin parcouru en matière de style et de narration générale. Et tout cela a été possible parce que vous m’avez lue, soutenue, année après année. Vous avez traversé sans parfois le savoir avec moi mes péripéties personnelles et avez pris part à quelque chose de très intime. Tout comme j’ai pu entrer dans votre vie momentanément avec mes personnages, mon histoire, et mes messages.

Je referme cette parenthèse Harry Potter le cœur un peu lourd. Après tant d’année, me séparer de ces personnages que j’ai appris à connaître et à aimer me fait de la peine, et je sais que je ne pourrai plus jamais revoir la saga ou l’univers de la même manière. ALM est devenue mon canon à moi, de façon tout à fait orgueilleuse, mais je chéris cette impression.

Je vais entamer une longue relecture pour permettre de sortir gratuitement l’histoire en .epub. Je le mettrai sur le Tipeee, en news, et je le partagerai également sur ma page Facebook Achronique. Je vous invite à guetter d’un côté ou de l’autre.

Concernant la version papier, c’est un vrai challenge qui, pour l’instant, semble relever du fantasme. Aucun imprimeur n’accepte le manuscrit sans que je ne le scinde au moins en deux, voire trois parties (nombre initialement prévu dans la narration, d’ailleurs). Mais cela obligerait les gens qui veulent l’obtenir à payer en moyenne 30€ (prix coûtant) le livre… et cela hors coûts de livraison, etc. Autant vous dire que, pour l’heure, cela me semble être un projet qui sera sans doute réalisé à échelle privée.

Enfin, concernant mon avenir en tant qu’auteure et pour répondre à cette question : comme je l’ai dit à certains et certaines, cela sera la seule fanfiction Harry Potter que j’écrirai. J’ai deux projets par ailleurs. Une fanfiction sur l’univers de World of Warcraft. Il s’agira de l’adaptation de la partie de jeu de rôle que nous faisons depuis six ans maintenant. Et le second projet est une histoire originale de mon cru, de l’érotique fantasy dans un monde antique totalement fantasmé et scandaleusement pas historique. Pour suivre les suivre, je vous conseille de zieuter la page Facebook et/ou le Tipeee.

En attendant, et si jamais on ne se revoit pas : prenez soin de vous, et merci. Merci pour tout.