Le bal du Nouvel An donné au manoir Malefoy était une institution depuis des dizaines d’années. Tout le gratin de la communauté sorcière de Grande-Bretagne s’y retrouvait, et on n’y mêlait que les riches, les puissants, et évidemment : les Sangs-Purs. Dans l’immense demeure ancestrale de la famille, se pressaient une multitude d’elfes de maison spécialement loués pour l’occasion. Du rez-de-chaussée, aux combles, tout était inspecté, nettoyé, décoré avec minutie et élégance. L’on cachait pour l’occasion tous les bibelots et autres grimoires un peu trop sulfureux, et l’on mettait en avant tout ce qui pouvait rappeler la puissance de la Noble et très Ancienne Famille Malefoy.
Narcissa Malefoy, née Black, était une femme d’une remarquable beauté glaciale, à l’allure toujours sophistiquée et au port rigide. Son doux visage d’un blanc poudré était encadré par une épaisse chevelure blonde, et était éclairé par une paire d’yeux d’un bleu étincelant. Tout en elle respirait le raffinement et la bonne éducation. Jusqu’à ses expressions sociales, allant de la politesse généreusement accordée, au mépris le plus évident pour les gens de castes inférieures. Si son époux, Lucius, régnait en maître incontesté sur leur compte en banque, et autres affaires plus ou moins recommandables, au manoir, seule Narcissa décidait. En épouse dévouée et rompue à cet important exercice, la blonde organisait cet événement des mois à l’avance, pour que tout soit fin prêt le jour J, afin de démontrer que la réception précédente n’était qu’un petit amusement de bourgeois. Elle dépensait sans compter, n’achetant que du neuf pour l’occasion, et du dernier cri, naturellement. Des verres en cristal ciselé par les meilleurs artisans gobelins, aux compositions florales incroyables et souvent dangereuses, en passant par les ronds de serviette en or blanc rien n’était laissé au hasard. Pour la bonne forme, les vastes jardins à l’Anglaise qui encerclaient le domaine, étaient tous passés en revue par des elfes spécialisés dans la Botanique. Pas une fleur, pas une feuille ne pouvait dépasser et venir gâcher ce tableau idyllique.
Enfin, lorsque la question de la décoration intérieure et extérieure du manoir était réglée, lorsque la liste pharamineuse de plats délicieux était validée, Narcissa s’en prenait alors à son époux et à son fils. Plus particulièrement à la tenue qu’ils se devraient de porter. Une fois encore, la Sorcière choisissait leurs vêtements en fonction de la décoration prévue et de la couleur dominante, et faisait toujours très attention à ce qu’ils soient tous les trois parfaitement assortis. Une fois l’épopée des mesures, des choix de matières et de couleurs, et des essayages terminée, l’infatigable femme de Mangemort passait alors en revue les bijoux qu’ils arboreraient. Une nouvelle vague d’artisans et de factures se fracassait alors aux portes du domaine. Charriant bagues, bracelets, boucles d’oreilles, chevalières, et boutons de manchette, comme s’il s’agissait d’écume. Lucius et Draco Malefoy, bien que coquets de nature, finissaient systématiquement par accueillir la fin de ce remue-ménage avec un immense soulagement. L’époux, avec une légère amertume devant la quantité de Gallions d’or dépensée.
Mais le Pouvoir n’avait aucun prix. Si l’on pouvait acheter des voix en Politique, si l’on pouvait soudoyer des Aurors, si l’on pouvait s’offrir les meilleurs éducateurs pour sa progéniture, le Pouvoir, lui, ne s’achetait pas. Il se gagnait durement, en intriguant, en bâtissant un empire, et en écrasant le monde de tout le poids de cette opulence. Et la famille Malefoy savait parfaitement jouer à ce noble jeu.
Une fois le décor mis en place, le metteur en scène et les principaux comédiens n’attendaient plus qu’un dernier élément : le public. A la fois spectateurs, critiques, et participants, les invités de cette importante soirée étaient triés et conviés sur le volet. Lucius Malefoy intervenait alors, suggérant des noms lui étant utiles pour son dessein politique, et Narcissa acquiesçait, remplissant le reste de la liste des convives par les habituels nantis de la société. On envoyait alors une foule d’invitations sur vélin, et elles étaient reçues avec impatience et orgueil. Toute personne vue au manoir Malefoy à l’occasion de cette soirée annuelle était certaine de sa renommée et de son respect gagné pour l’année à venir. Être invité à cet événement signifiait faire partie de « la Haute », signifiait donc être influent dans le jeu.
Mais il y avait des règles à respecter auxquelles même Lucius Malefoy ne pouvait déroger : les nantis n’étaient pas nécessairement ceux qui étaient en accord avec ses principes de pureté du sang. Ainsi, les années précédentes, le manoir avait dû endurer la présence d’Albus Dumbledore, Président Sorcier du Magenmagot, ou encore celle de Griselda Marchebank, ou Amélia Bones. Naturellement, la Presse – au travers des présences de Barnabas Cuffe, l’Editeur de la Gazette du Sorcier, et de Rita Skeeter – faisait partie des invités obligatoires. Fort heureusement pour les Malefoy, cette année-là voyait l’éviction de Dumbledore, la démission de Marchebank à son poste, ainsi que la quasi-disparition de Skeeter au profit d’un journaliste véreux. Le patriarche de la maison avait donc un splendide boulevard politique devant lui.
De son côté, Draco avait passé son enfance à se goinfrer de petits fours à cette occasion, à se pavaner dans le manoir du haut de son petit mètre, enveloppé de riches atours, sans même comprendre que l’on venait moins le saluer, lui, que son père. Pendant quinze ans, le blond avait compté orgueilleusement les présents apportés par les invités et joué de son nom pour grappiller quelques Gallions auprès des vieilles dames. Cette année, en revanche, l’héritier était suffisamment grand pour saisir le véritable but de cette extravagante soirée : s’introduire lui-même auprès de ceux qui seraient plus tard des partenaires politiques et financiers. Draco Malefoy était bientôt fait homme, et il ne paradait plus auprès de ses aînés comme un vulgaire bambin capricieux, mais bien comme un argument de plus faisant valoir la suprématie de sa famille. Il était beau, il était intelligent, il avait d’excellentes notes à Poudlard : il était la relève parfaite de son père, démontrant combien Lucius était digne dans la direction de sa lignée.
Terminant de boutonner son manteau écarlate, Draco s’observa un instant dans le miroir, satisfait de l’image qu’il y voyait. Cette année, la couleur prédominante de la soirée était le rouge. Sa mère n’avait pas choisi cette teinte au hasard. Bien que terriblement Gryffondor, depuis des siècles le rouge symbolisait la noblesse, la force, la guerre et la victoire. En habillant tout le manoir de cette manière, les Malefoys rappelaient à tous combien ils avaient pris de l’importance, et combien ils ne cesseraient d’en prendre à l’avenir. Habitué aux tons plus discrets, Draco apprécia néanmoins l’allure princière que cela lui donnait. Il portait un pantalon à pinces carmin, sur des bottes noires parfaitement cirées, un manteau cintré aux boutons d’argent qui tombait sur ses cuisses, et tenait dans sa main droite une canne simple en bois d’ébène et à pommeau noir. Naturellement cet accessoire était nettement moins riche que celui de son père. De la poche, située sur sa poitrine, pendait une chaînette en or blanc directement pincée dans la doublure de son manteau, supposant une montre à gousset d’excellente facture. Enfin, à son auriculaire gauche, il arborait la chevalière de sa famille, symbolisant son statut d’héritier. La poitrine gonflée d’orgueil devant sa propre beauté, le jeune homme regretta un instant que sa Némésis ne puisse le voir. Car si Potter n’était plus l’enfant chéri de la société sorcière, Draco ne pouvait s’empêcher de nourrir une profonde jalousie et une comparaison systématique avec le balafré. Ici, pas de Survivant, pas d’Attrapeur surdoué, pas de chouchou de Dumbledore, le binoclard n’aurait pu que s’incliner devant la magnificence de l’héritier. Hélas, il devrait se contenter des regards envieux des autres convives pour seule revanche.
On frappa à sa porte avec douceur, ce qui eut pour effet de le tirer brusquement de sa rêverie :
« Draco chéri, êtes-vous fin prêt à accueillir nos invités ?
— Oui, Mère, je descends immédiatement vous rejoindre. »
Cela sembla satisfaire la matriarche car il entendit le claquement de ses talons s’éloigner dans le couloir. Après un dernier coup d’œil à son reflet, le garçon prit une grande bouffée d’air pour se donner contenance, et fit valser sa canne pour amorcer sa marche. Il rejoignit ses parents dans le grand hall du manoir éclairé par une profusion de chandeliers, lustres, et autres bougeoirs flamboyant. Aucun elfe de maison ne se montrait. Tous s’activaient avec discrétion sur les derniers ajustements et prenaient bien garde de ne pas trahir leur présence. Lucius Malefoy et son épouse se tenaient droits, à la descente du grand escalier, faisant face à la porte d’entrée. Tous deux vêtus de rouge parfaitement assorti. Si Narcissa portait une robe aux multiples plis et jupons, le père, lui, se drapait dans une redingote semblable à celle de son fils, une cape en satin pendant sur ses épaules. Lorsque le jeune homme descendit, ses parents lui accordèrent un bref regard, son père inclinant la tête en signe acquiescement, et sa mère esquissant un sourire satisfait.
Dix-huit heures tapantes. Le premier invité allait passer le porche. Le protocole voulait que l’ordre d’arrivée se fasse en fonction de l’importance de la personne, et ce, par ordre décroissant. Ainsi, les Malefoy attendaient le Ministre de la Magie, Cornélius Fudge, et son épouse. Suivraient alors les membres du Magenmagot, sans la présence d’un Président-Sorcier en attente de nomination. Puis certains membres éminents du gouvernement, la Presse, quelques héritiers de grandes familles nobles en vue, et enfin, célébrités sportives ou artistiques, et artisans reconnus, dont Ollivander.
Le tintement de la cloche dans le hall fit directement écho à celle reliée au portail du domaine. Instinctivement, les trois sorciers se redressèrent davantage, et Lucius fit claquer sa canne sur le sol marbré. La porte coulissa pour révéler le Ministre de la Magie avec son éternel chapeau-melon, et son épouse, engoncée dans une robe bien trop chargée de nœuds et de fanfreluches pour être de bon goût. Narcissa fronça légèrement les narines lorsque des effluves de parfum sucré lui parvinrent, mais elle ne dit rien, se contentant de la révérence d’usage. Lucius inclina la tête profondément, en accord parfait avec son fils et sa femme, puis salua ses premiers arrivants :
« Madame, Monsieur le Ministre, permettez-moi de vous remercier de votre venue. Vous vous souvenez certainement de mon fils, Draco Malefoy, ainsi que de mon épouse, Narcissa Malefoy ?
— Bien, entendu. Madame et Messieurs Malefoy, nous vous remercions pour votre invitation. Lui répondit le petit homme rondouillard en souriant de plaisir.
— Madame Malefoy, votre toilette est des plus ravissantes. Commenta Annabelle Fudge.
— Vous me flattez, Madame, je ne peux que boire ce délicieux compliment au vue de la vôtre. »
Chaque année, la conversation débutait ainsi, ce qui avait tendance à agacer quelque peu Draco. Chacun se saluait, son père le présentait puis présentait sa mère, l’héritier, toujours avant l’épouse, et l’on avait droit à ces échanges de platitudes sur le chapeau d’unetelle, ou la cape de Monsieur. Cela commençait avec Fudge, et se terminait généralement avec les derniers membres de familles nobles. Il était rare, sauf cas exceptionnel, que les Malefoy accueillent en personne des chanteurs, musiciens, ou autres spécialistes de tel ou tel domaine. La seule invitation à cette réception devait suffire à leur assurer un certain gage de respect. Mais le pied de grue n’était réservé qu’au gratin du gratin, pas question de s’abaisser devant les nouveaux riches, tout de même !
Au bout d’une demi-heure à rester debout, attendant, saluant, complimentant les membres de ce cercle privé, les sorciers passaient enfin dans la première salle de réception. Celle-ci était pour l’occasion entièrement réaménagée pour offrir une belle place aux petits groupes qui ne manqueraient pas de se former. Pas de buffet, l’on se faisait servir par des plateaux d’argent flottants, garnis de petits fours, ou de coupes d’excellents champagnes. Toujours dans l’ombre, les elfes de maison veillaient à ce que les convives ne manquent de rien. Et l’on n’avait pas le temps de voir les derniers invités arriver que les premiers étaient avaient déjà les joues rosies par l’alcool coulant à profusion. C’était généralement à ce moment-là que Lucius entamait sa danse. Il profitait des premiers effets du champagne pour aborder divers sujets d’actualité, tout en se positionnant subtilement au centre de ce jeu, faisant habilement comprendre à tous qu’il était indispensable. Ce soir-là, Lucius Malefoy avait un sujet de discussion très particulier en tête : l’attaque d’Arthur Weasley au Département des Mystères. Son Maître ignorait les raisons qui avaient conduit à l’échec de cette tentative, et en Mangemort dévoué, Lucius comptait bien lui apporter des éléments de réponse pour se faire pardonner. Profitant que son épouse retenait l’attention de Mrs Fudge, le blond proposa une nouvelle coupe de champagne à son invité d’honneur, et ouvrit les hostilités par un compliment :
« Monsieur le Ministre, je tenais vivement à vous remercier pour votre action quant à l’éducation dispensée à Poudlard. Depuis la nomination de Dolorès Ombrage au poste de Grande Inquisitrice, mon fils me rapporte une qualité d’enseignement nettement supérieure !
— Oui, oui, Dolorès est indéniablement un atout pour cette école. Elle a profondément réformé les règles qui régissent le château, et elle a su remettre au centre des préoccupations la dignité du nom de Poudlard.
— Bien sûr. J’ai d’ailleurs cru comprendre que le laisser-aller vestimentaire et comportemental n’était plus toléré. Draco m’a confié que les jeunes filles ont cessé de se déshonorer en batifolant dans les couloirs.
— Nous ne pouvons laisser notre jeunesse continuer ainsi d’aller à vau-l’eau ! De nombreux parents se plaignaient de plus en plus du laxisme de Dumbledore concernant le comportement de ses élèves. Pas plus tard que hier, Mr Travers me faisait part de son agacement quant à l’attitude d’une demoiselle à l’égard de son fils.
— Le jeune Marcus ? Il est en septième année à Poudlard, à Serdaigle, si je ne m’abuse.
— Tout à fait. Étant le rejeton d’une famille tout à fait respectable, et beau garçon de surcroît, il est la cible d’un harcèlement indécent de la part d’une certaine Rose Zeller, de six ans sa cadette !
— Indécent, vous dites ?
— L’enfant, bien que profondément brave, n’hésiterait pas à le suivre partout, en lui proposant régulièrement de partager quelques chocogrenouilles et autres sucreries.
— Pathétique. Cette pauvrette s’imagine donc-t-elle séduire un jeune sorcier majeur en échangeant des cartes magiques ?
— De toute évidence, Lucius. Mais Mr Travers ne s’est pas arrêté là dans ses explications. Lors de la première sortie à Pré-au-Lard, la fillette aurait tenté de contourner le règlement – qui vous le savez interdit aux premières années de s’y rendre – tout ceci dans le but de rejoindre ce pauvre Marcus, et de lui faire boire de nombreuses pintes de Bierraubeurre.
— Tout bonnement scandaleux, Monsieur le Ministre ! Dumbledore ne prend-il donc pas garde à faire respecter la loi dans cette école ?!
— Nous savons tous les deux qu’il n’a aucunement à cœur l’intérêt de ses élèves, il n’espère que tirer profit de sa situation à des fins politiques !
— C’est en effet connu, Monsieur le Ministre. Certaines personnes oublient que leur devoir va avant tout à leur patrie !
— Exactement ! Tonna Fudge d’une voix bourrue, tout en attrapant une nouvelle coupe au passage.
— J’imagine, sans mal, que Miss Ombrage a su recadrer cette impertinente !
— Et comment ! Les parents ont été prévenus, et l’enfant a été contrainte de rédiger et d’envoyer des excuses en bonne et due forme aux Travers. Mais je peux vous dire que l’affront n’est toujours pas lavé à leurs yeux… Moi-même aies-je dû assurer toute ma détermination à en finir avec ces divergences !
— Personne ne peut douter de votre engagement, Monsieur le Ministre, d’autant plus que vous avez su montrer au grand jour la tentative de corruption de notre jeunesse ourdie par Dumbledore. Le renvoi de cette Jane Smith était un symbole fort ! Se délecta Lucius.
— Bien plus qu’un symbole fort, Monsieur Malefoy, cela était une nécessité ! » Clama une voix nasillarde dans le dos du Ministre.
Les deux sorciers se retournèrent pour faire face à un homme d’une trentaine d’années, les cheveux bruns attachés en catogan, un bouc taillé en pointe avec de longues pattes, et de petites lunettes pince-nez qui laissaient apparaître une paire d’yeux luisants d’avidité. Il portait une redingote couleur terre, et tenait dans sa main droite un carnet de cuir, et dans la gauche une plume noire. De toute évidence, il avait entendu l’entièreté de la conversation, voire, avait pris quelques notes. Il salua les deux hommes en inclinant profondément la tête, non sans se départir de son sourire de fouineur.
« Ah ! Connor, je suis ravi de vous savoir ici ! S’exclama Fudge en levant son verre. Lucius, je suppose que si vous l’invitez, c’est que vous le connaissez.
— Pas personnellement, Monsieur le Ministre, en réalité, je tenais à rencontrer celui qui ose dire la vérité. Répondit le blond en fixant le journaliste. J’ai eu vent de votre formidable ascension au sein de la Gazette Mr Oaken, permettez-moi de vous féliciter pour votre poste de Rédacteur.
— Mr Malefoy, c’est un honneur que d’être en si éminente compagnie. Vous me flattez.
— Allons, allons, Connor ! Tonna Cornélius en renversant une partie de son champagne. Ne faites donc pas le modeste. Tout le monde sait combien vos articles transpirent l’intégrité et le mérite. Votre arrivée à la Gazette du Sorcier a été une véritable bouffée d’air. Bien que Miss Skeeter était appréciée du beau sexe, vous apportez une vue beaucoup plus… Eh bien précise et professionnelle, si vous me le permettez.
— Je vous en prie, Monsieur le Ministre. S’inclina Oaken aux anges. Cela n’est pas méprisant que de dire que Rita flattait moins la déontologie que le sensationnalisme de ménagère ! Mais ne lui jetons pas la pierre. Il est tout à fait normal, pour une femme, de s’intéresser aux dessous croustillants des soirées. Ou encore de dénoncer l’utilisation de matières d’origine moldue dans la mode.
— Normal et compréhensible, mais ô combien frivole. Ponctua Lucius en caressant le pommeau de sa canne.
— Les femmes sont frivoles, Mr Malefoy, nous ne pouvons leur en vouloir. Elles sont d’agréable compagnie, et savent toujours agrémenter notre quotidien d’une dose d’élégance, mais en dehors de leur devoir, elles restent malheureusement quelque peu limitées dès lors que l’on parle de sujets importants. Continua le journaliste.
— Je n’ose imaginer ce que la Gazette aurait publié ces derniers mois si cela n’avait été vous au bout de la plume ! Pouffa Fudge.
— Allez savoir, peut-être que l’article sur l’Australienne aurait comporté deux pages supplémentaires pour expliquer combien cette sotte manquait de goût en matière de coiffure ou de chaussures ? » Proposa le rédacteur en souriant méchamment.
Cela eut pour effet de faire s’esclaffer les trois hommes, en pleine connivence masculine. Il semblait à ce moment précis ne plus y avoir de hiérarchie sociale, seulement trois mâles gonflés de leur virilité si écrasante à l’égard du sexe faible. Ils furent néanmoins interrompus par l’arrivée de Narcissa Malefoy et d’Annabelle Fudge :
« Mon ami, nous allons passer à table. » Dit-elle à l’attention du blond.
Elle s’en fut après que son mari eut hoché la tête, tenant par le bras son invitée, et pressant les autres convives de passer dans la salle à manger. Les trois hommes, restés en arrière, échangèrent un nouveau regard complice :
« Nous avons oublié de saluer leur qualité de Maîtresse de maison. Lucius, votre femme est une perle ! Le complimenta Fudge.
— Elle sait tenir son rang, Monsieur le Ministre, rien de plus qu’elle ne doive savoir-faire…
— Il est vrai. Où avez-vous placé notre jeune journaliste en herbe ?
— A côté de vous, Monsieur le Ministre. Je me doutais que vous apprécieriez sa compagnie.
— A la bonne heure ! Connor, ouvrez donc la marche, j’ai grand-hâte de poursuivre cette conversation ! »
Ils arrivèrent dans la salle à manger, immense pièce traversée par une table aux proportions impressionnantes. Le couvert était naturellement déjà dressé, et Narcissa se tenait debout à l’extrémité droite, attendant son mari. L’épouse du Ministre patientait à la droite de son hôtesse, tout en bavardant gaiement. Lucius s’avança directement à l’extrémité gauche, sur sa droite son invité d’honneur, Fudge, et sur sa gauche, son fils. Hommes et femmes ne se mélangeaient pas, ne se côtoyant qu’au centre de la table, endroit où les invités de moindre rang s’asseyaient.
Le blond salua son assemblée, et prit enfin place sur son siège, tout le monde l’imitant. Le rédacteur de la Gazette s’installa à la droite du Ministre de la Magie, signant ainsi un manquement surprenant au protocole. En effet, bien au-dessus de lui en terme de position sociale, se trouvaient les membres du Magenmagot, les héritiers de familles nobles, l’éditeur de la Gazette du Sorcier, voire Ollivander qui brillait par son absence. Mais Lucius Malefoy aimait faire des entorses à l’étiquette lorsque cela lui était profitable. Il était manifeste que le journaliste plaisait grandement au Ministre, et en lui faisant un tel honneur, Lucius exprimait pleinement son soutien à la campagne de propagande du Gouvernement.
Tandis que les entrées apparaissaient de la même manière qu’à Poudlard, Lucius servit le Ministre d’un blanc moelleux qui s’accorderait parfaitement avec leur foie gras aux truffes. Les discussions reprirent de plus belle entre les invités, le tout avec en fond sonore une harpe enchantée.
Draco, qui n’avait jusqu’ici pipé mot, n’osant intervenir dans les manœuvres de son père, profitant de ce début de repas pour se mettre quelque peu en avant :
« Votre dernier papier sur feu Professeur Smith était remarquablement écrit. Complimenta-t-il le journaliste.
— Je n’ai aucun mérite, jeune homme. J’ai simplement relaté les faits, tels qu’ils ont été portés à ma connaissance. A ce propos, merci d’avoir été si coopératif. Vos informations, directement à la source, ont été déterminantes !
— Il est vrai que le jeune Draco a toujours été une main secourable lorsqu’il est question de dire la vérité. Salua Fudge. Lors de sa troisième année déjà, il s’était exprimé avec courage au sujet de la blessure qu’il avait reçue en cours.
— Mon fils a toujours eu à cœur l’intérêt général. Acquiesça Malefoy Senior. Son éducation a comporté de nombreuses leçons de patriotisme et d’amour du plus grand bien.
— J’ai lu que Smith ne vous a jamais accordé d’interview, Reprit Draco, agacé d’être écarté par son père, comment avez-vu su pour son cursus, alors ?
— J’ai simplement enquêté, jeune Malefoy. J’ai envoyé de nombreux hiboux à diverses contacts, recherché le nom de Smith dans les registres, jusqu’à me rendre compte que la branche dont elle descend est en réalité Moldue. Rien à voir, naturellement, avec la très regrettée Hepzibah Smith, la dernière descendante de Poufsouffle ! En réalité, Jane Lise Smith n’a de lien avec le monde sorcier que depuis qu’elle a obtenu sa première baguette ! Sa mère, d’origine anglaise, connaissait une proche de l’ancien Professeur d’Étude des Moldus. Cette parvenue ne doit son poste qu’aux relations éloignées de sa famille.
— Ne disiez-vous pas justement qu’elle avait enseigné cette matière à Bega ? S’étonna Fudge, quelque peu gêné par le parti pris du rédacteur.
— Oh, si, évidemment. Mais Bega n’a pas la réputation de Poudlard en matière de standing. Là-bas, ils étudient l’art moldu, entre autres, évidemment.
— Quelle décadence. Renifla Lucius.
— Rien d’étonnant en effet à ce qu’elle refuse de vous parler. Enchaînant Draco rapidement pour ne pas perdre le fil de la conversation. Vous a-t-elle au moins expliqué les raisons de son refus ?
— Absolument pas ! Pas l’ombre d’un hibou pour se justifier. Elle n’a tout bonnement pas daigné me répondre. A croire qu’elle pressentait justement que rien ne m’arrêterait pour dévoiler cette supercherie… Elle a dû prendre peur, j’imagine, et se jeter sous les jupes de Dumbledore, pour qu’il la protège. Car, vous m’arrêtez Draco si mes informations sont fausses, mais elle n’a pas quitté le château, n’est-ce pas ?
— Vous êtes parfaitement bien informé. Smith a obtenu du Directeur l’autorisation de rester.
— Mais que fait-elle de ses journées, en ce cas ? S’inquiéta le Ministre de la Magie. Elle ne continue tout de même pas à enseigner ?!
— Je l’ignore, des bruits de couloirs disent qu’elle tient conférence de temps à autres, mais je n’ai encore jamais assisté à l’une d’elles. Je peux vérifier cela, et si besoin, endurer sa présence afin de tous nous éclairer, si vous le souhaitez.
— Faites, mon garçon, faites donc. Je compte sur votre discrétion et votre loyauté pour rendre compte à notre ami. Je ne tolère en aucune façon que l’on contourne une décision du Ministère ! »
Cette idée sembla faire grandement plaisir à l’héritier et au journaliste. Tous deux s’observaient alors avec insistance, scellant un contrat muet. L’un comptait sur cette histoire pour tisser des liens étroits avec le Ministère, et l’autre, par pure vilenie. Contrairement aux apparences et à ce qu’avait suggéré Sirius lorsque son nom avait été mis sur la table de l’Ordre, Connor Oaken n’était pas un Serpentard. En effet, conformément à ce qu’avait expliqué Snape, il sortait directement de la maison Gryffondor, après une scolarité correcte, et un passage express dans des rédactions obscures de journaux spécialisés. Lorsque Nymphadora Tonks entrait à Poudlard, Oaken venait tout juste de terminer ses études. C’était un homme de trente ans, qui en paraissait dix de plus, à l’allure voûtée, semblable à celle des charognards. On ne se souvenait que rarement de lui, ce qui lui avait permis une ascension rapide à la Gazette, tissant des liens nouveaux avec d’anciens camarades qui l’avaient oublié. Malgré un sens de la formule toujours poli, on décelait facilement chez cet être un amour pour le malheur des autres. Son placement à Gryffondor restait donc un mystère entier pour ceux qui étaient au courant.
« Ne parlons plus de cette intrigante et de sa tentative ratée. » Relança Lucius alors que les mignons de veau remplaçaient le foie gras. « Je suis davantage intéressé par l’hospitalisation de Weasley. J’ai cru comprendre que quelque chose de grave lui était arrivé, puisqu’il s’est absenté un long moment de son bureau. Que s’est-il passé ?
— Du peu que j’en sais, Monsieur Malefoy, Commença Connor, il aurait été victime d’un malheureux accident de travail, lors d’une patrouille, un objet moldu aurait été ensorcelé par un sortilège noir, et…
— Oui, oui, je l’ai lu dans la Presse. Mais j’ai tout de même peine à croire qu’une simple horloge ait pu le rendre si longtemps inapte ! » Coupa Malefoy.
Si Lucius n’avait pas délibérément demandé la vraie version de l’histoire officielle, et s’il n’avait pas directement accusé la Gazette de mensonge, aucun des quatre hommes ne s’y trompait. Draco observa avec attention le Ministre et le journaliste pour déterminer si la réponse viendrait, et si le rédacteur savait précisément de quoi il en retournait. Pour être tout à fait honnête, il ignorait totalement ce qui s’était passé, n’étant pas dans le secret des projets du Seigneur des Ténèbres. Mais instinctivement, le blond était persuadé que le sujet était de grande importance.
Après s’être fait servir du Bourgogne, Fudge s’essuya le coin des lèvres avec soin, cherchant manifestement ses mots :
« Votre respect envers Arthur Weasley est tout à votre honneur, Lucius. Il est vrai que sa tâche n’a rien de bien dangereux…
— D’autant plus qu’il est toujours interné à Sainte-Mangouste, au Service des blessures par créatures vivantes… Interrompit Lucius en scrutant attentivement le Ministre. J’ignorais que les horloges mordaient…
— Elles ne mordent pas… Ou du moins, rarement. Hésita le Ministre, une goutte de sueur perlant sur la lèvre supérieure. Ce que je vais vous dire ne doit absolument pas quitter cette salle, n’est-ce pas Connor ? En réalité, il s’agit d’un accident survenu… Eh bien… Au Département des Mystères. Non, ne posez aucune question, je suis tenu par le secret. Arthur Weasley y effectuait une tâche particulière lorsqu’il aurait été attaqué par un animal venimeux, semble-t-il.
— Venimeux… ? Et par quel miracle s’en est-il sorti ?
— Un de ses collègues de mission l’a découvert, presque mort. Un miracle, en effet Lucius, qu’il soit encore de ce monde. »
Malefoy comprit alors qu’il n’obtiendrait rien de plus. De toute évidence, le Ministre lui-même ignorait comment Weasley avait pu en réchapper, et comment l’attaque avait été empêchée. Par chance, l’homme au chapeau-melon refusait tant le retour probable de Voldemort, qu’il n’imagina pas un seul instant que la présence d’un serpent dans la salle du futur, où se trouvaient les prophéties, était une preuve en soi. Peut-être ignorait-il jusqu’à l’existence de la prophétie reliant Potter et son Maître ?
De son côté, Draco Malefoy ne pipait mot. Il avait rapidement noté l’intérêt de son père quant à cette histoire. Sachant que le roux était un membre de l’Ordre du Phoenix, il n’en fallu guère plus au garçon pour comprendre que l’animal venimeux en question était probablement Nagini, le serpent du Seigneur des Ténèbres, et qu’il se tramait dans les profondeurs du Ministère, une guerre invisible. Mais dans quel but ? Il l’ignorait. Mais de toute évidence, l’action menée par le Maître de son père s’était soldée par un échec.
La conversation avait pris une tournure qui déplaisait manifestement à Fudge. En fin tacticien, Lucius la fit dévier sur un sujet plus léger, éloignant les pensées du politicien de tout ceci. Le repas se termina dans une ambiance nettement plus détendue, alors que les hommes se retiraient dans la bibliothèque pour fumer la pipe et boire du brandy, tandis que les femmes se retrouvaient dans le petit salon de Narcissa. Pour la première fois, Draco fut convié à ce moment, et eut même la permission de boire un petit verre de Whisky, symbole de son entrée dans le Monde.
La soirée était, comme de coutume, une réussite. Nul doute que l’on en parlerait dans la Gazette le lendemain, peut-être même de la main d’Oaken. Les invités avaient, une fois encore, été ravis du faste et du goût de cette réception. Les mets s’étaient avérés être à la hauteur de leur rang, et les voisins de table de conversation charmante. Tout ce beau monde se félicitait d’appartenir au même cercle, s’enorgueillissant d’être les maîtres de cet univers. En revanche, aux yeux de Lucius Malefoy c’était un fiasco de plus que son Seigneur n’accepterait pas.
***
Little Hangleton, Manoir Jedusor, 5 janvier,
Depuis le naufrage de l’expédition au Département des Mystères, Lord Voldemort était dans un état d’énervement qui avait largement dépassé la simple fureur. Le moindre faux pas était sévèrement puni. Du trébuchement maladroit, en passant par l’erreur en mission, l’homme sévissait avec une extrême violence. Tous ses Mangemorts se plaignaient silencieusement de douleurs résiduelles dues aux nombreux Doloris reçus. Et chacun se présentait devant le sorcier en ayant la peur au ventre d’être le premier mort depuis son retour.
Plus qu’un échec, le Fourchelangue avait essuyé une humiliation incroyable avec cette affaire. Après avoir hurlé dans tout le manoir qu’il était obligé de se charger lui-même de la tâche, s’il voulait espérer la voir remplie, il était revenu épuisé, profondément meurtri dans son orgueil. Plongé au cœur de l’esprit de son Horcruxe, Voldemort s’était éclipsé dès que les premières lueurs de baguette s’étaient approchées d’Arthur Weasley. Ce n’est qu’avec beaucoup de chance, et un talent remarquable pour la magie, qu’il avait réussi à ramener son serpent au domaine. Mais les faits ne jouaient pas en sa faveur : Lord Voldemort avait échoué. Cela signifiait donc aux yeux de ses fidèles que la mission était impossible.
Faisant les cent pas dans la salle où il recevait habituellement ses disciples, le sorcier pesta, dilatant au possible ce qui lui servait de narines. Il ignorait comment, mais il était certain que Dumbledore était responsable du sauvetage du bureaucrate. Ce qui l’inquiétait plus encore, c’était le silence de son espion à ce sujet. Cela faisait maintenant plus de deux semaines que Snape se faisait attendre. Devant se contenter des maigres informations de Lucius Malefoy, le sorcier avait convoqué en urgence son Maître des Potions. Restait à savoir si celui-ci lui opposerait une nouvelle excuse quant à son absence.
La nuit était tombée depuis une bonne heure lorsque le Directeur de Serpentard s’annonça enfin à son Maître. Voldemort le reçut avec une impatience particulièrement palpable :
« Severus, épargne-moi ton discours à propos de tes potions qui te retiennent et livre-moi enfin ce que je désire ! Tonna-t-il d’une voix glaciale. Que s’est-il passé cette nuit-là ?! »
L’homme en noir ferma instantanément son esprit, repoussant les informations à cacher derrière ses barrières d’Occlumancie, et ne présentant que les faits tronqués. Venant moins sur ordre de Voldemort qu’à la demande d’Albus, Snape savait que cette soirée allait être un coup délicat à jouer. Il mit un genou à terre, et répondit d’une voix d’où filtrait le fanatisme :
« Maître, j’ai été convoqué par Dumbledore le soir même de votre attaque, pour aider à calmer Potter…
— Qu’est-ce que ce misérable… ?! Continue. Se calma immédiatement le mage noir.
— Le garçon s’est présenté à son bureau en hurlant qu’Arthur Weasley était en danger de mort. Selon ses dires, il aurait vu la scène en songes.
— Potter aurait-il le don de claire-voyance ? S’étonna Voldemort d’une voix blanche.
— Nullement, Mon Seigneur. Dumbledore pense que vous et lui partagez une certaine intimité. De la même manière qu’il vous a volé votre don de Fourchelangue, Potter serait capable, de façon totalement fortuite, d’entrer dans votre esprit. »
Contrairement à ce à quoi il s’attendait, le sorcier en face de Severus ne perdit pas son calme. Le Seigneur des Ténèbres semblait en réalité être intrigué par la nouvelle. Il donnait l’impression d’être un étudiant face à un nouveau problème particulièrement captivant. Voldemort faisait tournoyer sa baguette entre ses doigts allongés, scrutant le feu avec intensité. Il semblait tant être absorbé par ses réflexions que Snape se demanda un instant s’il n’avait pas oublié sa présence. Mais le sorcier lui demanda :
« Qu’aurait-il vu, exactement ?
— Des bribes de scènes, par flashs. Il a reconnu distinctement Weasley et le serpent. En revanche, il ignore totalement à quel endroit cette attaque s’est déroulée.
— Qu’en pense le vieux fou, au juste ?
— Il croit que cette connexion est une aubaine, Mon Seigneur. Et pense que vous en ignorez l’existence. Snape s’autorisa un ricanement avant de conclure : Il pense que jamais vous ne l’apprendriez, Maître.
— Sa confiance en toi sera sa perte, Severus. Mais cette nouvelle nous est peut-être plus profitable à nous, qu’à lui. Dumbledore semble croire que Potter sera une taupe dans ma tanière, c’est bien cela… ?
— Il semble en caresser l’idée, oui.
— Et qu’en est-il du garçon ? Est-il au courant de cette capacité ?
— Non, Mon Maître, il est possible en revanche qu’il le soupçonne. L’idée lui plairait grandement, je suppose.
— L’idée de pouvoir prévoir mes attaques, hein ? Acquiesça Voldemort avec un sourire narquois. Oui, Potter aime son rôle de héros, à n’en pas douter…
— Mon Seigneur ? Questionna le Mangemort peu sûr du raisonnement du sorcier.
— Donc, Dumbledore ne ferait rien pour empêcher cette connexion, dis-tu ? Il me laisse tout le loisir d’explorer cette nouvelle arme… Marmonna-t-il plus pour lui-même que pour son visiteur. Quel fou, c’est une erreur stratégique qui pourrait bien lui coûter cher. Quant à moi… Severus, quelles sont les chances pour que Potter tente de se prémunir du risque de ce lien ?
— Aucune, Maître. L’enfant est bien trop curieux et orgueilleux pour laisser passer une telle opportunité de se rendre important. Il adorerait être davantage le centre de l’attention en devenant la nouvelle vue de l’Ordre.
— Voilà qui devient particulièrement intéressant. »
Voldemort se leva, et s’approcha d’une des immenses fenêtres aux rideaux tirés. Il écarta un des pans de tissus, scrutant dans la pénombre ce qui jadis, avaient été de magnifiques jardins. Il s’écoula une vingtaine de minutes avant que le Fourchelangue ne rompe le silence par un éclat de rire triomphal. Il se tourna vivement vers son serviteur, ses yeux flamboyant dans leur orbite :
« Il ne sera pas dit que Lord Voldemort échoue à récupérer ce qui lui est dû. Le garçon me l’apportera de lui-même, Severus. Crois-moi, j’y veillerai attentivement. Maintenant, va, et prépare-toi aux jours prochains, mon fidèle Mangemort. Bientôt, nous nous réunirons tous pour mener de front cette guerre ! »