12, Square Grimmaurd, 20h,
Cela faisait maintenant une vingtaine de minutes que Lupin s’était absenté. La cuisine était redevenue silencieuse. Seuls les cliquetis de la vaisselle, provoqués par la préparation du repas, rompaient l’apparent calme de la pièce. Molly Weasley s’activait derrière ses fourneaux, tandis qu’Arthur se contentait de lire la Gazette du Sorcier. Les jumeaux s’étaient éclipsés, à la demande de leur mère, pour préparer un lit supplémentaire. Sirius Black faisait les cent pas sous l’œil critique du Professeur de Potions. Jane, elle, commençait fermement à se demander ce qu’elle pouvait bien faire ici. A la vérité, il n’était pas tant question pour elle de faire connaissance avec les membres de l’Ordre que de tester ses talents d’actrice. D’un commun accord, Snape et Dumbledore avaient décidé de ne pas informer les sorciers, dans un premier temps, que la jeune femme se trouvait être en réalité une Moldue. L’enjeu était de voir si leur petit mensonge pouvait, ou non, tenir la route face à des personnes méfiantes et d’expérience. Et si, pour l’instant, l’intervention de Potter permettait à la jeune femme de passer inaperçue, Jane savait que ce Maugrey serait son premier défi. Le Directeur avait été particulièrement clair sur la tendance paranoïaque de l’Auror.
L’écrivain jeta un regard circulaire à la cuisine et se retint de soupirer. Elle s’était préparée pour sa première réunion avec l’Ordre, vaguement pressée d’en apprendre davantage sur la guerre à laquelle elle prenait part. Mais au lieu de cela, elle se trouvait coincée dans une pièce remplie de sorciers anxieux, sans livre, ni ordinateur. Tous ces jours à ingurgiter une myriade d’informations l’avaient laissée avide d’événements. Se retrouver ainsi confrontée à une soudaine passivité lui était pratiquement insupportable. Et, bien qu’elle ait parfaitement conscience du fait qu’elle aurait dû savourer cette quiétude, Jane ne put s’empêcher de tenter de se trouver une activité.
« Vous voulez de l’aide, Molly ? Demanda-t-elle, avec une pointe d’espoir dans la voix.
— Non merci, ma fille. C’est aimable à vous, mais ne vous inquiétez donc pas : j’ai l’habitude de préparer des dîners pour de nombreuses personnes ! A ce propos, Severus, je suppose que vous n’allez pas manger avec nous, une fois encore… ?
— C’est délicat de votre part, Molly, Répondit Snape avec un soupçon de sarcasme dans la voix. Mais je suis très occupé, je ne reste que le temps de la réunion.
— Très bien. Et vous, Jane, voudriez-vous vous joindre à nous ? »
Jane s’empressa de répondre que cela serait un grand plaisir lorsque Snape l’interrompit d’un regard noir. La brune se tortilla sur sa chaise, lançant un regard de défi au Potionniste, et finit par répliquer.
« Cela serait avec grand plaisir, Molly… Seulement, le Professeur Dumbledore insiste pour que je sois escortée par le Professeur Snape, pour le moment.
— Comme c’est dommage ! Nous pourrions demander à Remus ou à Alastor…
— Molly ! Intervint Snape, en pinçant les lèvres.
— Allons, Severus, nous pourrions faire plus ample connaissance, ainsi. Vous n’avez qu’à rester avec nous, après tout. Continua la matriarche sans lever les yeux de ses poêles.
— Oh, oui, Severus ! Renchérit Jane d’une voix suppliante. Comme ça, vous respecterez les volontés du Directeur !
— Il n’en est…
— C’est donc entendu ! Conclut d’une voix forte Madame Weasley. Je mettrai deux couverts de plus. »
Jane sourit d’un air ravi alors que Snape lui jetait un regard venimeux et empli de promesses. Mais la jeune femme n’en tint pas rigueur, elle était soulagée d’échapper pour un temps à son quotidien. Elle adorait Poudlard, certes, mais étouffait littéralement dans l’école. Voir d’autres visages lui ferait sûrement le plus grand bien. Du moins, elle tachait de s’en convaincre à mesure que le doute l’envahissait devant l’air furieux de son collègue. Snape croisa les bras et se renfrogna sur sa chaise, continuant de fixer d’un œil mauvais l’impertinente. Un autre silence inconfortable s’installa durablement, jusqu’à ce que le grincement de la porte d’entrée ne retentisse dans le hall. Molly se précipita à l’extérieur de la cuisine, et tous les adultes se redressèrent, alertes. Au bout de quelques minutes, Madame Weasley revint, accompagnée du reste de l’Ordre du Phoenix. Seul le Professeur Dumbledore semblait absent. Alastor Maugrey, Remus Lupin, Nymphadora Tonks et Kingsley Shaklebolt firent leur entrée.
Si Lupin et Shaklebolt ne retinrent pas l’attention de la Moldue, Tonks, avec ses cheveux rose fuchsias, et Maugrey, eux, l’intriguèrent. L’Auror plus particulièrement. Jane le détailla longuement, sans parvenir à décider s’il la rebutait ou non. En tous les cas, l’homme à l’œil fou, l’impressionna grandement ! Remus reprit sa place, bientôt rejoint par Tonk qui se laissa choir sur une chaise. Kingsley s’installa confortablement aux côtés de Snape, non sans l’avoir salué d’un hochement de tête, et Maugrey demeura debout. Ce fut Sirius qui parla le premier, ne pouvant manifestement plus se retenir :
« Alastor, que s’est-il passé ? Commença-t-il d’une voix anxieuse. Est-ce que Harry va bien ? Sont-ce les Moldus ou une attaque de Mangemorts, qui…
— Du calme, Black. Tonna la voix rocailleuse de Fol-Œil. Assieds-toi, et prenons un verre. Potter est en parfaite santé ! »
L’Animagus obtempéra, et Madame Weasley agita sa baguette qui fit apparaître un plateau d’argent garni de verres et de bouteilles. Chacun se servit, et, lorsque Jane avança la main, sans le savoir, en direction de la bouteille de Whisky Pure-Feu, Severus retint son geste discrètement, avant d’attraper une bouteille d’hydromel et d’en verser dans la coupe de la jeune femme.
« Alastor ? Demanda Monsieur Weasley d’une voix posée. Que s’est-il passé ?
— Attaque de Détraqueurs. Répondit le vétéran en ingurgitant d’une traite le contenu de son verre.
— C’est impossible ! S’écria Molly d’une voix blanche. Comment ces créatures ont-elles pu se retrouver à Little Whinging ?
— Ça, pour l’instant, on l’ignore. Poursuivit Maugrey en se resservant. C’est Arabella qui nous a donné l’alerte.
— Fletcher ne devait-il pas surveiller les lieux ? Questionna Arthur d’un air soupçonneux.
— Oh que si ! S’ébroua Maugrey furieux. Mais cet imbécile est parti avant la fin de son tour de garde ! Je peux vous dire qu’Albus était dans une rare fureur en l’apprenant.
— Et Harry ? Demanda Sirius, passablement inquiet.
— Je te l’ai dit, Black. Il va bien. Il a repoussé les Détraqueurs grâce à son patronus. Seulement…
— Quoi ?
— Potter l’a fait devant son cousin Moldu. Il a reçu une lettre du Ministère.
— Et alors ? Haussa les épaules Sirius. Ce n’est pas comme si…
— Alors Potter a déjà été accusé d’avoir fait usage de sa magie en dehors de l’école. En temps normal, c’est la destruction pure et simple de sa baguette. Poursuivi Maugrey d’un air sombre.
— Mais… Mais ils ne peuvent pas ! C’était de la légitime défense ! Protesta Sirius vivement.
— Du calme, garçon ! Dumbledore a réussi à intercéder. Potter conserve sa baguette, mais devra se rendre au Ministère le 12 août pour une audience disciplinaire.
— Evidemment… Commenta Severus d’une voix méprisante. Le grand Harry Potter a une nouvelle fois un traitement de faveur.
— Tu voudrais peut-être qu’Harry se fasse expulser, Snivellus ? Cracha Black en se relevant vivement. Qui nous dit que ce n’est pas un coup de Voldemort dont tu aurais oublié de nous prévenir ?
— Dumbledore le dit, Répliqua précipitamment Rémus en tentant d’endiguer la future dispute. Non, le problème semble être beaucoup plus grave que cela…
— Que veux-tu dire, Rémus ? Demanda Arthur, surpris.
— Seul le Ministère a autorité sur les affectations des Détraqueurs, et tu le sais. A moins que Voldemort n’ait lancé une attaque sans en parler…
— Non. Contra Snape, catégorique. Il est entièrement dévoué à son plan. »
Jane se tendit imperceptiblement. Personne ne faisait attention à elle, et la jeune femme en profitait pleinement, glanant toutes les informations qu’elle pouvait. Le mot Détraqueur prenait sens dans sa tête. Elle avait lu de nombreuses informations sur Azkaban et ses geôliers. Et, si elle n’avait jamais vu un patronus de sa vie, elle savait pourtant à quoi cela servait. Quant à Voldemort, elle n’en savait guère plus que ce que les livres racontaient à son sujet. Naturellement, Jane lisait la Gazette, mais avait vite compris qu’il ne fallait pas se fier au principal média d’un gouvernement lâche. Elle avait néanmoins réussi à comprendre au travers des nombreuses discussions entendues par hasard, que le mage noir en avait après un jeune garçon, sans pour autant déterminer si c’était vrai ou non. Extrêmement curieuse, la Moldue se garda bien de poser la moindre question. Et, bien qu’elle voulût reprendre de cet excellent hydromel, elle resta immobile afin de disparaître complètement, espérant, ainsi, entendre quelques informations supplémentaires.
« A ce propos, Reprit Maugrey en se tournant vers le Maître des Potions. Où en est-il ?
— Il sait où elle est gardée, il sait que l’Ordre effectue des roulements, mais il n’a pas encore échafaudé un plan solide pour s’en emparer. Répondit l’espion, en croisant ses mains. »
Jane ne s’était pas rendu compte qu’elle avait la bouche ouverte et qu’elle s’était penchée en direction de son collègue. Elle ne capta pas davantage que la pièce était devenue silencieuse et que les regards étaient braqués désormais sur elle. Ce n’est que lorsque Severus tourna son visage vers elle, avec un rictus goguenard, que Jane réalisa qu’on ne l’avait pas oubliée. Elle pesta mentalement, comprenant qu’elle n’en saurait pas davantage.
« Je constate que la petite ne sait rien, pour le moment. Souffla Maugrey en interprétant la déclaration sibylline de Snape.
— C’est exact, Fol-Œil. Répondit l’espion. Le Directeur tient tout d’abord à l’introduire avant de la mettre au parfum.
— J’en déduis que son intégration n’est donc liée qu’à son poste. Conclut Maugrey en portant son verre à ses lèvres tordues.
— Question de sécurité. Le Directeur souhaite que Miss Smith soit au fait des risques qu’elle encourt. Acquiesça Snape, sans même lever les yeux.
— Alors commençons donc l’interrogatoire. Tonna l’Auror. »
Jane ouvrit de grands yeux surpris, quelque peu inquiète par la tournure de phrases de l’étrange sorcier. Certes, elle savait qu’officiellement, elle entrait dans l’Ordre pour assurer sa protection du fait de la matière qu’elle devait enseigner. Du fait de la propagande à faire, serait le terme le plus exact. Mais elle n’imaginait pas un seul instant qu’elle serait obligée de faire ses preuves auprès de ces gens-là. La Moldue comprit vite qu’elle était peut-être trop naïve pour ce monde, et s’obligeât à se redresser sur sa chaise, afin de se soumettre à l’exercice, non sans appréhension.
« Bien, Miss Smith. Entama Maugrey d’une voix bourrue de professionnel. Qu’est-ce que vous faites ici ? »
Tous attendaient une réponse, intelligente et valable, de toutes évidences. Le Professeur de Potions darda sur la jeune femme un regard perçant, comme pour lui signifier qu’elle avait intérêt à être à la hauteur. Jane fut tentée de répondre « Bonne question ». Elle commençait elle-même à douter du bien-fondé de sa décision de suivre Dumbledore et Snape dans cette affaire. Mais elle était coincée ici, et ne pouvait plus reculer. Elle répondit alors de sa voix la plus confiante, tout en se resservant enfin de l’hydromel :
« A l’origine, Monsieur Maugrey, je suis venue à Londres pour des raisons administratives. Ma mère vient de décéder et m’a léguée une propriété dont je dois m’occuper.
— Vous venez de Sydney, c’est ça ? Demanda le sorcier en soulevant un sourcil broussailleux.
— C’est exact, Monsieur. J’avais initialement prévu d’y retourner lorsque j’ai été informée que Poudlard recherchait un nouvel enseignant.
— Vous avez donc délaissé votre travail en Australie, Miss… ? »
Snape se mordit la langue pour s’empêcher de traiter la jeune femme d’idiote. Il fut cependant soulagé lorsqu’elle offrit une belle improvisation.
« A dire vrai… Commença-t-elle en rougissant légèrement de honte, peut-être feinte. Je viens de me séparer de mon compagnon, et… Enfin… Disons que j’avais besoin de changement.
— Comment avez-vous eu connaissance de ce poste vacant, Miss ?
— En fait, c’est le Professeur Dumbledore qui est venu me le proposer directement.
— Voyez-vous ça ! S’exclama suspicieusement Maugrey. Vous êtes en train de dire qu’Albus vous connaissait, alors qu’aucun de nous n’avait entendu parler de Jane Smith ? »
Jane pâlissait à vue d’œil. Severus, lui, n’intervint toujours pas, mais bouillait littéralement sur place. La Moldue cherchait visiblement quelque chose à répondre au sorcier, et c’est avec culot qu’elle se contenta d’un :
« Exactement. Monsieur Maugrey. Le Professeur Dumbledore a de nombreuses connaissances.
— Je vois… Commenta Alastor. Et pourquoi ce poste en particulier, Miss ?
— J’enseignais déjà l’Etude des Moldus à Sydney. Souffla Jane, manifestement soulagée d’avoir passé un cap.
— Et vous avez soudainement à cœur de vous lancer dans une guerre qui ne vous concerne en rien ? Releva Fol-Œil.
— Je ne vous suis pas, Monsieur.
— Albus nous a mis au courant des changements opérés sur ce cours. Je suppose qu’il vous a informé de la délicatesse d’enseigner cela à des enfants de Mangemorts…
— Tous ne sont pas dans ce cas-là, Monsieur. Répliqua habilement Jane. Et j’ai mon métier à cœur. Guerre ou non.
— Comme c’est noble de votre part. Commenta Maugrey dans ce qui pourrait être une imitation parfaite de Snape. »
A ce stade de la conversation, il régnait dans la cuisine une tension incroyable. Tous les sorciers présents regardaient alors Jane d’un œil critique. La jeune femme se trouvait dans une posture inconfortable, se retenant tant bien que mal de jeter un regard implorant à son collègue pour qu’il lui porte secours. Personne n’intervint, et il eut une pause dans le flot incessant de questions. Au bout d’un moment, l’Auror reprit gravement :
« Je ne crois pas un traître mot de ce que vous dites. »
Jane déglutit péniblement, en sentant une sueur froide dégouliner le long de son dos. Elle se risqua à jeter un œil en direction de Snape, qui fixait Maugrey en serrant les mâchoires. L’homme en noir semblait en proie à une colère glaciale, et la Moldue savait avec précision qu’elle était entièrement dirigée vers elle. C’était un échec cuisant. La scribouillarde baissa légèrement la tête, vaincue. Snape renifla avec dédain, et rejoint soudainement la conversation d’une voix tranchante :
« Son nom est bien Jane Smith. Et vous avez entièrement raison Fol-Œil, elle vous mentait. Lamentablement, de surcroît. »
Jane rentra la tête dans les épaules, comme si l’ancien Mangemort avait hurlé cette dernière phrase. Autour de la table, de nombreuses exclamations de surprise et diverses questions fusèrent. Ce fut le vétéran qui interrompit le vacarme d’un geste de la main :
« Bien, Snape. Qu’attendait Albus de ce petit manège ?
— Le Directeur avait le fol espoir que Miss Smith serait en mesure de tenir son rôle. Cracha l’espion.
— Pourquoi tant de mystère, Severus ? Questionna Lupin intrigué.
— Parce que Smith va devoir apprendre à mentir si elle ne veut pas se retrouver en mauvaise posture face à ses étudiants ! Tonna Snape en coulant un regard perçant en direction de la jeune femme.
— Je ne comprends pas… Commença Black en se grattant sa barbe naissante. Depuis quand ces gosses sont une menace ?
— Depuis que le Directeur s’est mis en tête de promouvoir des Moldus au poste d’enseignant. Claqua le Maitre des Potions avec un ton désapprobateur. »
Il eut comme un frisson d’incompréhension totale dans l’assemblée. Chacun regardait alors la concernée comme si elle était un animal insolite qui n’aurait aucune place à leurs côtés. Jane se sentit blessée. Evidemment qu’elle n’avait rien à faire ici, seulement, elle avait espéré… « Quoi ? A quoi t’attendais-tu exactement, à une Bar Mitzvah ? » Se rabroua-t-elle mentalement. Severus laissa le malaise étreindre la Moldue en punition, se délectant de son air déconfit.
« Mais… Tenta Molly, incrédule. Le Directeur ne ferait jamais une chose pareille sans une bonne raison !
— Jamais, en effet. Acquiesça Maugrey, dubitatif. Qu’elle est la véritable raison, Snape ?
— Le nouveau jouet du Directeur descend de Gryffondor et de Serdaigle. Lâcha l’homme en noir avec mépris.
— Et Alors ? Demanda Sirius sans comprendre.
— Alors, Black, le Seigneur des Ténèbres descend de Serpentard. Et à moins que ton esprit limité ne se soit considérablement ramollit à Azkaban, tu dois bien comprendre où le Directeur veut en venir… »
Au vu des mines perplexes des membres de l’Ordre, il semblait évident qu’aucun ne comprenait. Kingsley rompit néanmoins le silence lorsqu’un éclair d’intelligence passa devant ses yeux :
« Droit de propriété. Murmura-t-il, pensivement.
— C’est exact.
— Comment ça, « droit de propriété » ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Interrogea Tonk, ses cheveux virant légèrement au mauve sous l’effet de la réflexion.
— Poudlard a été conçu pour répondre à ses Directeurs. A l’origine, les Fondateurs. Mais, du fait de la Loi, les propriétaires gardent un droit sur les lieux. Expliqua lentement Shaklebolt. Dumbledore craint-il que Vous-savez-qui use de ce droit ?
— Il ne le craint pas seulement. Rétorqua Snape. Il en est persuadé ! L’affaire de la Chambre des Secrets en est d’ailleurs la preuve.
— Alors elle existe ?! S’écria Jane avec avidité.
— Smith ! Tonna l’espion. Je vous conseille de vous faire oublier.
— Severus ! Rabroua Molly d’une toute petite voix, avant de se raviser devant le regard menaçant du sorcier.
— Oui, Professeur Snape. Répondit piteusement la Moldue en baissant la tête. »
Certains hoquetèrent devant la soumission de la demoiselle, choqués de la voir rougir de honte, et se tasser sur sa chaise.
« Snape, que diable lui as-tu fait pour qu’elle… Commença Sirius d’une voix menaçante.
— Couché, Black. Je n’ai rien fait à ta « douce » ! Répliqua l’ancien Mangemort d’une voix dangereusement basse. Miss Smith doit apprendre à rester à sa place !
— Pourquoi ? Parce que c’est une Moldue ? Osa pourtant Sirius en se levant, prêt à en découdre.
— Parce que c’est une Moldue. Parce qu’elle est incapable de tenir son rôle, et parce qu’elle ne sait rien de ce que je vous explique présentement. Maintenant, assieds-toi ! Claqua le Potionniste les narines frémissantes.
— Alors Albus espère que Poudlard défendra l’un de ses héritiers, c’est cela ? Demanda Maugrey en ignorant le problème de Jane.
— C’est exact. Concéda Snape. Et maintenant qu’elle accède au rang de Professeur, Poudlard devra la défendre davantage.
— C’est insensé. Persista Madame Weasley. N’y avait-il pas de sorciers pouvant se charger de cela ? Pardonnez-moi, ma fille, je n’ai rien contre vous mais…
— Mais elle n’a aucune idée de ce dans quoi elle a mis les pieds. Acheva Maugrey en hochant la tête. Et une Moldue qui ne peut se défendre reste un poids mort. »
Le ventre d’Arthur gargouilla. Molly jeta un regard de pitié à la jeune femme avant de reprendre sa cuisine. Lupin et Tonks restèrent silencieux, se contentant d’observer la scène, Black semblait prêt à défendre la place de Jane, mais finit par capituler devant l’évidence. Restaient Snape, Maugrey et Kingsley. Eux fixaient la jeune femme sans la voir, semblant évaluer mentalement ce que sa présence impliquait. Les yeux de la brune picotaient, des larmes vinrent à brouiller sa vue. Elle tenta de les contenir.
« Vous comprenez maintenant Molly pourquoi je ne tiens pas à ce qu’elle ne dise une sottise devant ses futurs étudiants ? Demanda Snape avec suffisance.
— Oui, oui. Bien sûr Severus. La ramener est ce qu’il y a de mieux à faire… »
Les larmes de Jane lui échappèrent, dévalant ses joues, tandis que la Moldue se sentit plus misérable qu’elle ne l’avait jamais été.